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Bojan Z Trio - "Transpacifik" 2003 Label Bleu

Publié le 17 novembre 2011 par Audiocity

Pour un pianiste, hormis le jeu en solo qui reste sûrement la manière la plus libre d'exprimer ses idées ou ses envies, puisque par nature totalement ouvert sur l'artiste, la formule du trio "basse-batterie-piano", lorsqu'elle est rondement menée et que la cohésion entre les membres opère, est certainement la plus "efficace", ou pour le moins la plus "parlante", puisqu'en partage constant au sein d'une même dynamique et d'un même état d'esprit. Vous me direz, encore faut-il que les 3 musiciens s'entendent, ce qui n'est certes pas toujours le cas. Mais lorsque les affinités interagissent et que transparaît ce souci de partage et de plaisir entre ses membres, l'auditeur ne peut pas douter de la qualité de ce qu'il entend. Cette évidence saute aux yeux dès les premères notes de "Transpacifik" du franco-serbe Bojan Zulfikarpasic. Pas la peine de tergiverser plus longtemps, l'album est magnifique et hyper consistant. Composé de dix morceaux aux thèmes variés et aux accents mélodiques plus ou moins prononcés, entre blues, jazz, groove et classicisme, le lien et le plaisir que prennent les 3 musiciens fait plaisir à entendre. Homogène de bout en bout, on retrouve bien sûr la couleur de ses origines balkaniques dans beaucoup de ses interprétations, tout comme cette capacité qu'ont les vrais virtuoses à passer d'une relative simplicité à une grande complexité de jeu, sans pour autant ressasser leurs techniques. On ne s'ennui donc jamais. Les très expérimentés bassiste Scott Colley et batteur Nasheet Waits, jeune garde et sidemen très demandés du jazz outre Atlantique, valorisent encore un peu plus les compositions de Bojan Zulfikarpasic, sans "déborder", sans excès de phrases; de la vraie bonne musique de coeur entre professionnels passionnés. Facile d'accès, coloré et moderne, "Transpacifik" est Le disque d'approche idéal pour tous ceux qui ne connaitraient pas encore la musique de Bojan Z.    Ce matin, en arrivant au boulot dans ma camionnette blanche, un collègue s'étonnait que je puisse écouter de la musique "sans parole" (autrement dit du jazz). Pour lui, la base, c'est le chant, aussi divers ou intéressant soit-il, et peut importe le reste. A l'entendre, il lui semblait presque absurde de ne pas pouvoir s'y raccrocher. Sans doute est-ce là une conception qui a grandi par facilité dans un système donné, mais aussi par inexpérience ou par négligence (une volonté de l'inconscience qui vous fait suivre la route toute tracée). Le choix de la différence n'est pas une distinction pédante que je travaillerai, mais plutôt quelque chose d'acquis avec le temps que je valorise un peu plus chaque jour (c'est mon avis). J'ai forgé mes oreilles, leur ai appris à se défendre et à s'ouvrir, contre le conformisme. Etre un suiveur ne mène jamais loin. Je lui ai donc répondu que, pour moi, "Transpacifik" valait tous les discours du monde.... A se procurer les yeux fermés.


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