Un rapport de Google montre que l’Hexagone est en tête des demandes d’informations sur ses internautes.
La France est le pays au monde qui demande le plus d’informations sur ses internautes, selon l’enquête de Google qui ne prend pas en compte la Chine. © Sebastian Widmann / Dpa / Maxppp
Google prend bien garde de ne pas l’écrire en toutes lettres, mais l’analyse de son dernier « Transparency Report » (rapport de transparence) est sans appel. La France est le pays au monde qui demande le plus d’informations sur ses citoyens à Google, par rapport à son nombre d’internautes. Sur les six premiers mois de 2011, les autorités françaises ont formulé 1 300 requêtes, soit une pour 34 500 internautes*. Attention, toutefois, car les statistiques de Google n’incluent pas certains pays, comme la Chine qui arriverait probablement en tête.
Placés devant la France en nombre total de requêtes, les États-Unis (5 950 demandes) et l’Inde (1 739 demandes) restent largement derrière l’Hexagone si l’on rapporte ces chiffres à leur population internaute : une requête pour 41 000 internautes aux États-Unis et une pour 57 500 en Inde. Les requêtes d’informations sont des demandes, formulées auprès de Google par les autorités des États, afin d’identifier un internaute ou de surveiller son activité sur le réseau. Le rapport concerne les requêtes des États avec Google uniquement, et non l’ensemble de leurs demandes concernant Internet.
Hausse de 27 % pour la France
La comparaison avec les voisins européens est douloureuse pour la France. L’Allemagne a formulé 1 060 demandes, soit une pour 61 500 internautes, et l’Espagne 460 demandes, soit une pour 63 000 internautes. Même la Grande-Bretagne, célèbre pour sa conception restrictive de la vie privée, n’a formulé « que » 1 273 demandes, soit une pour 40 500 internautes.
Si le nombre de requêtes est rapporté au nombre total d’habitants (pas seulement les internautes), la France reste championne du monde avec une requête pour 50 000 habitants, à égalité avec la Grande-Bretagne. Il n’est pas possible de rapporter le nombre de requêtes au nombre d’utilisateurs de Google dans chaque pays, car ces chiffres ne sont pas publics. Mais l’Inde et le Brésil, où le réseau social Orkut (Google) est très présent, sont sans aucun doute pénalisés dans ce classement.
Paris ne commente pas
Le nombre de demandes françaises est en hausse de 27 % par rapport au premier semestre 2010. Un bond qui inquiète fortement les défenseurs de la vie privée et des libertés fondamentales. Ceux-ci sont toutefois rassurés, car le moteur de recherche n’a donné suite qu’à 48 % des demandes, après analyse de la recevabilité des requêtes sur le plan juridique. Un pourcentage qui laisse supposer que la France formule des requêtes non pertinentes, ou à la limite de la légalité.
Contacté par nos soins, Google Europe rappelle qu’il ne fait jamais de commentaires sur ses Transparency Reports et qu’il laisse chacun « tirer les conséquences » des données publiées. Du côté de la police nationale, le service de communication a eu beau se démener auprès de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), dont dépend l’OCLCTIC (les « cyberpoliciers »), personne ne s’est considéré comme « qualifié pour répondre » à nos questions. Le cabinet du ministre de l’Intérieur Claude Guéant n’a pas encore donné suite à notre demande.
* les chiffres utilisés pour la population des internautes sont ceux d’Internet World Stats. Les données brutes de Google sont disponibles via son outil Transparency Report.
La France, championne du monde de la surveillance du Net – Le Point.