Steven Wilson
Grace for Drowning
Kscope Music Records
États-Unis
Note : 9/10
par Julien Lamoureux
Steven Wilson est un homme occupé. En plus de son groupe Porcupine Tree, il est des projets No Man, Blackfield et Bass Communion (entre autres…). Avec toute cette musique à laquelle on l’associe, difficile d’imaginer qu’il puisse trouver le temps de composer et d’exécuter des chansons en solo. Eh bien, il faut croire que l’hyperactif Anglais a trouvé un remède contre la fatigue et qu’il n’a plus besoin de dormir.
Grace for Drowning, son deuxième album solo, marque un virage par rapport au précédent Insurgentes en ajoutant au rock progressif beaucoup d’éléments jazzés, défi intéressant considérant les différences marquées entre ces deux styles musicaux. C’est à travers un album double totalisant 83 minutes (!) que Wilson s’aventure encore plus loin dans la musique originale qui le distingue depuis plus de 20 ans.
Qu’on le veuille ou pas, les attentes envers toute nouvelle parution de ce mastodonte sont toujours élevées. Les succès récents de The Incident et de Fear of a Blank Planet (avec Porcupine Tree) et d’Insurgentes ont clairement augmenté la barre des attentes envers Wilson. Ce dernier a mis toutes les chances de son côté en engageant plusieurs musiciens invités aussi variés que talentueux et en mettant beaucoup d’accent sur une réalisation merveilleuse. Les (nombreux) instruments utilisés ainsi que les voix (le chant de Wilson ainsi que plusieurs passages choraux) se fondent parfaitement entre eux et rendent l’écoute intéressante par la découverte, à chaque écoute, de quelque chose qu’on avait manqué auparavant.
Le premier CD, nommé Deform to Form a Star, en fait voir de toutes les couleurs. L’ambiance mise de l’avant par le duo piano-voix du bref morceau initial reviendra souvent, quoique plus sombre et inquiétante par moments. La suivante, Sectarian, dure plus de sept minutes, tout comme Deform to Form a Star et Remainder the Black Dog, qui clôt la première partie et est le meilleur moment de toute la galette. Ces trois chansons donnent au premier opus tout son charme, réussissant à inclure le jazz à des moments instrumentaux typiques du progressif ou à des parties plus heavy que Wilson tire de sa passion pour le métal. Il ne s’agit pas ici d’alterner progressif/jazz dans une ronde infinie. Les pièces de plus courte durée supportent bien le reste, restant plus sobres et moins éclatées dans le style. Il faut quand même se reposer les oreilles et la tête quelque peu, puisqu’il reste encore une moitié à écouter!
Like Dust I Have Cleared from My Eye, la seconde partie, est la suite logique, si ce n’est qu’on y sent un peu plus une ressemblance avec Porcupine Tree (surtout l’excellente Index). Dépassant les 23 minutes, Raider II réussit à garder l’auditeur accroché malgré quelques inévitables longueurs.