Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade.
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Je commence ma petite salve de billets « reprenons-nous en main, on nous regarde » par ce film sorti en salles tout récemment et dont on a beaucoup parlé depuis le dernier festival de Cannes. Attention, spoilers possible même hors de la balise à la fin !
Comme beaucoup de monde, je n’aime pas trop Maïwenn, et jusqu’ici je n’avais jamais réussi à surmonter mon a priori pour voir ses premiers films (Pardonnez-moi et Le bal des actrices). Sans le Prix du Jury à Cannes et les bons échos critiques, je ne serais sûrement jamais allée voir celui-ci…
Le film s’ouvre sur la chanson du générique de « L’île aux enfants », chanson rabâchée s’il en est, et pas forcément dans les meilleures conditions. Seulement, enchaînant des plans rapides, très photographiques, liés à l’enfance, ce générique fonctionne très bien. (On y aperçoit, je crois, le fils de Jérémie Elkaïm et de Valérie Donzelli, héros de La Guerre est déclarée.) Une façon assez réussie d’entrer dans le sujet et d’imposer un vrai style.
Ensuite, c’est parti pour filmer le quotidien de cette brigade bien particulière. Ce que vous avez pu lire sur Maïwenn est vrai : oui, le fait qu’elle soit présente à l’écran est gênant, malgré l’écriture du rôle qui essaie, parfois avec succès, parfois non, à justifier cette présence. Il faut avouer que ses scènes et ses interventions ne sont pas les meilleurs moments du film.
Mais il y a d’autres problèmes dans Polisse. En premier lieu, c’est une fiction qui se donne des apparences de documentaire, et ça, on aura beau faire, ça me gêne toujours un petit peu, quelque soit sa qualité. Il s’agit ici d’une version largement édulcorée de ce que pourrait être la réalité : c’est normal pour une fiction, mais le film joue beaucoup avec le code du reportage. C’est embêtant et cela berne le spectateur. Ensuite, il y a quelques parti-pris d’écriture qui sont vraiment embarrassants. Je passe sur les scènes de Maïwenn et tout ce qui se rapporte à la vie personnelle du personnage, sortis tout droit d’un roman de gare. Je crois qu’au-delà de ça, la scène qui m’a le plus choquée, c’est celle dans le bus, où des enfants roumains dansent et oublient leur peine d’avoir été arrachés de leurs familles quelques minutes auparavant. Vive la police, tout est joli, c’est pour leur bien. On ne se contente pas d’évoquer une réaction, bien que peut-être « réelle » et crédible ; non, on en fait toute une scène, et en faire une scène, c’est lui donner un sens. Ce sens. Il y a quelques autres scènes démagogiques et mal écrites dans le film, comme celle qui oppose une policière et un accusé, tous deux musulmans, ou la scène dans le centre commercial, cousue de clichés, ou encore celle où s’enchaînent les faux-fous rires autour d’une adolescente à la moralité fluctuante et à son rapport avec son téléphone. On a parfois quand même l’impression d’être devant TF1 à 20h50.
Malgré tout ça, il y a aussi de très belles choses. Certaines scènes, par exemple celle où une mère vient expliquer qu’elle cherche un foyer pour son fils (dommage que la séquence se poursuive trop longtemps et devienne le « Starr show », car elle n’atteindra jamais l’émotion de cette première scène).
Et puis, effectivement, les acteurs. Joey Starr, dont tout le monde parle, est effectivement assez impressionnant et assez joliment filmé par celle qui fut sa compagne. J’excepte de ces louanges les scènes qu’il a avec elle justement, mal amenées, niaises, sans intérêt. Karin Viard est très bien dans son emploi favori de « collègue médiocre », elle joue à merveille les failles de son personnage, tout autant que son énergie verbale. Marina Foïs écope d’un rôle difficile dont elle se sort vraiment bien. Je tire enfin mon chapeau à deux actrices dans deux petits rôles, qui parviennent à bouleverser en quelques instants de présence : Sandrine Kiberlain dans le rôle d’une mère brisée par la vérité, et Alice de Lencquesaing dans le rôle de la jeune fille qui accouche.
J’aime assez la fin du film. En lisant des avis ici et là, je me suis aperçue que je l’avais interprétée avec un éclairage différent de pas mal de spectateurs. J’ignore si cet éclairage est juste mais il est ce qui, à mes yeux, fait sens : Cliquez si vous ne craignez pas les spoilers
assez vite je me suis imaginé que le personnage de Marina Foïs a été victime, directe ou indirecte, de pédophilie. Cela à cause de quelques indices : son mépris et sa haine du sexe masculin, le fait qu’elle appelle « Iris », comme elle, le bébé mort-né enfant d’un viol, ou encore son anorexie et sa stérilité. Je me dis qu’elle ne l’a jamais révélé, et ne se l’est peut-être même pas avoué à elle-même. Son travail est un moyen pour elle d’exorciser ce qu’elle a vécu, mais cela ne peut pas fonctionner puisqu’elle ne l’affronte jamais vraiment. Malgré tout, il la maintient dans un état de survie. A la fin, lorsqu’elle apprend sa promotion, qui va l’obliger à changer de service et donc à quitter celui auquel elle tient tant, son geste est une évidence. Le montage parallèle avec l’enfant « sauvé » est une sorte de pendant à celle qui ne s’en sort pas – à moins que lui non plus, quelques décennies plus tard, qui sait.J’aime, à vrai dire, beaucoup cette fin. Dommage que le film soit gâché par quelques taches de mauvais goût.
Note : 4 out of 6 stars