Agences de notation : Barnier au sommet de l’Annapurna du ridicule !

Publié le 16 novembre 2011 par Kamizole

Que Michel Barnier ne fût point doté d’une intelligence supérieure m’était évident de longue date. Je ne fus donc point du tout surprise en entendant cette nuit sur une radio de la bande fm que le Commissaire européen au marché intérieur et aux services avait eu « cette idée folle » - d’inventer non point l’école mais - « la suspension temporaire de la notation souveraine des pays ayant requis une aide internationale ou dont la notation accentue l’instabilité des marchés » !

Notez bien qu’en soi son projet n’a rien d’absurde. Il est en effet tout à fait courant que les autorités boursières suspendissent la cotation d’actions de sociétés en très grande difficulté et même la totalité des transactions comme ce fut le cas après le krach de septembre 2008. De mémoire, sur des places russes et asiatiques. De même, que le temps d’examiner une procédure de cessation de paiement avant de trancher entre règlement ou liquidation judiciaire pendant la période dite "d’observation" (6 mois, renouvelable une fois, ce me semble) le Tribunal de commerce ordonne un moratoire pour les poursuites des créanciers.

Mais ces actions s’inscrivent dans un cadre légal, strictement défini. Or, les agences de notation n’obéissent ni ne veulent obéir à aucune règle et c’est d’ailleurs bien cela qui fait problème. Je fis état dernièrement sur Lait d’beu Sarko t’es foutu ! Ton « Triple A » est à la rue ! d’un article très ancien de Claire Gatinois pour Le Monde Les agences de notation s'inquiètent  (8 sept. 2008)… 13 jours avant le krach ! Elles s’opposaient - déjà ! - véhémentement à un projet de régulation de leurs activités par la Commission européenne.

Etant évident qu’elles sont loin d’avoir changé leur fusil d’épaule, tout au contraire ! Et subodorant qu’elles font en permanence le siège de la Commission européenne - commissaires aussi bien que hauts fonctionnaires - il n’est guère surprenant d’apprendre que le projet de régulation sur les agences de notation a été retoqué à Bruxelles  (Le Monde 16 nov. 2011).

Michel Barnier me semble avoir été pour le moins bien naïf en l’occurrence. Le cimetière des réformes nécessaires est pavé de bonnes intentions et sur le plan strictement légal je ne vois guère comment l’Union européenne serait en mesure d’imposer quoique ce soit à des agences de notation qui ont leur siège social aux Etats-Unis et opèrent à l’échelle mondiale..

Depuis le krach de 2008 les instances internationales - G8, G20, et tout le tremblement des sommets européens - ont suffisamment fait la preuve de leur impuissance à cet égard et lors du récent G20 à Cannes Sarkozy n’a même pas réussi à imposer la taxe sur les transactions financières qu’il considérait pourtant comme sa « mesure phare ».