L’accord électoral entre le Parti Socialiste et Europe Ecologie-Les Verts inquiète fortement dans les rangs d’Areva qui a mis en garde contre « les conséquences graves » qu’entraînerait l’arrêt du retraitement et de la filière du combustible MOX prévus initialement puis retirés de l’accord entre les deux partis.
Le PS n’a pas cédé sur l’EPR de Flamanville mais l’accord scellé avec EE-LV devrait entraîner de nombreuses conséquences pour EDF et Areva en cas de victoire de François Hollande à l’élection présidentielle de 2012.
Tout d’abord, et c’était déjà prévu par la promesse de François Hollande de réduire la part du nucléaire dans la production électrique française à 50% d’ici 2025, l’accord acte la fermeture de vingt-quatre réacteurs d’une capacité de 900 mégawatts chacun, les plus vieux du parc actuel. Un réacteur de 900 mégawatts générant environ 80 millions d’euros de résultat opérationnel par an, la facture s’élèverait donc à 1,9 milliard d’euros par an pour 24 réacteurs, sans compter la nécessité pour EDF d’acheter sur le marché environ 130 térawattheures auprès de concurrents, soit un budget de 7 milliards d’euros par an aux cours actuels de l’électricité. Au total, une étude de l’Union française de l’électricité (UFE) a évalué à 60 milliards d’euros le coût que le pays devrait assumer s’il voyait la part du nucléaire passer à 50 % d’ici 2025.
Les autres centrales d’EDF, à savoir 10 autres tranches de 900 MW également, plus de 20 réacteurs affichant une puissance installée de 1300 MW, quatre réacteurs de 1450 MW, ainsi que l’EPR de 1650 MW actuellement en cours de construction à Flamanville, ne seraient pas menacé.
Cependant, c’est du côté de l’autre principal acteur français de la filière nucléaire, Areva, que les regards sont à présent tournés. En effet, un passage concernant l’abandon du retraitement nucléaire qui a lieu dans l’usine Areva de la Hague, dans la Manche ainsi que l’abandon du MOX a été gommé du texte validé mardi soir par le bureau national du PS alors qu’il était présent dans l’accord signé entre Martine Aubry (PS) et Cécile Duflot (EELV). Ce retrait est « provisoire » selon le porte-parole du PS, Benoît Hamon.
Selon Areva, le site de la Hague emploie 5.000 personnes, dont 3.000 salariés internes et 2.000 prestataires. Quant à l’usine Melox, qui fabrique le MOX à Marcoule, dans le Gard, elle compte 1.300 salariés.
Utilisé en France depuis 1987, le MOX est un mélange d’oxydes de plutonium et d’uranium pouvant être obtenu à la suite du retraitement des déchets nucléaires et utilisé comme combustible nucléaire dans vingt et une centrales françaises, ainsi que dans les tranches 3 et 4 de la centrale du Blayais qui restent à équiper. De nombreuses centrales plus modernes permettent d’éviter le recours au MOX -et donc au retraitement- au profit de l’uranium pour un coût réduit comme, par exemple, l’EPR actuellement en construction en Finlande. La plupart des centrales peuvent migrer également vers l’uranium selon de nombreux experts.
La production mondiale de MOX est dominée à 95% par Areva et représente 1,7 milliard d’euros, pour un chiffre d’affaires global de plus de 9 milliards d’euros. On comprend ainsi davantage les risques d’une telle décision pour le groupe de Luc Oursel.