Michel Langlois
Éditions Hurtubise
268 pages
Résumé:
Étienne Jutras et ses parents emménagent à Saint-Georges-de-Beauce. Dès son arrivée, le garçon devient l’ami de Samuel, un jeune Noir, et fait la connaissance des gens de son entourage: monsieur et madame Maheu, la famille de Samuel, monsieur Léo et sa soeur qui tiennent le magasin général, madame Bluteau et sa truie Alisa, monsieur Quirion, le commerçant de meubles. Et surtout, le bonhomme Calvase, un vieil homme mystérieux qui lui fera connaître le monde des oiseaux, les pierres semi-précieuses, la pêche, les cerfs-volants et la nature. Ensemble, Étienne et Sam vivent les fêtes, dégustent la galette des Rois, vont à la cabane à sucre et se passionnent pour mille et une choses. Tout va bien, jusqu’au jour où survient l’inattendu...
Mon commentaire:
Ce charmant roman nous raconte le Québec des années 1950 vu par les yeux d'Étienne, un jeune garçon qui doit tout laisser tomber pour suivre ses parents à St-Georges-de-Beauce. Là-bas, il ne connaît personne. Il a envie de mourir. Pour lui, sa vie se termine ici. Jusqu'à ce qu'il fasse la rencontre de Sam, qui lui fera découvrir le village et avec qui il partagera une belle amitié pendant quelques années.
Étienne nous raconte son histoire, dans ses mots à lui. À l'école, avec les Frères, il apprend d'ailleurs à bien écrire. Il se corrige, apprécie les beaux mots et n'hésite pas à utiliser ceux qu'il apprend. Il joue avec la langue et nous plonge dans un Québec pas si lointain, qui devrait rappeler des souvenirs à certains lecteurs. On déguste ce roman comme du bonbon. Étienne est un p'tit gars très attachant, drôle et réfléchit. Il pose un regard neuf et curieux sur son entourage. Il m'a souvent fait bien rire avec sa façon de raconter les choses et de percevoir ce qui se passe autour de lui. Il constate, se questionne, découvre.
Les plus âgés trouveront pleins de souvenirs dans ce roman. Étienne nous parle des 5-10-15 où il réussit à avoir des caramels gratuitement, des mouches de moutarde et des autres remèdes de grand-mère, des bonbons qu'il partage avec Sam, du quotidien d'une famille moyenne de l'époque, où la religion prend toute la place, de la messe qu'Étienne doit servir même s'il n'aime pas vraiment ça. À travers le temps qui passe et toutes ses découvertes, Étienne nous raconte la façon dont ils célèbrent Noël, il nous parle de la fête des rois, du temps des sucres, de la drave, du mi-carème, de la débâcle et du retour des bûcherons. Il se découvre une passion pour les oiseaux, apprend à aimer la nature et passe tout son temps dehors. C'est l'époque où il accumule pleins de petits boulots pour se procurer l'argent qui lui manque pour s'acheter ce qu'il convoite le plus, des jumelles.
À travers tous ces événements, Étienne fait l'apprentissage de la vie. Il découvre l'amitié, est confronté à la mort, perçoit le monde avec ses yeux d'enfant. Peu à peu, il grandit, devient de plus en plus un jeune homme, de moins en moins un enfant. Il perd certaines de ses illusions, mais il continue à chérir la vie. Son amitié avec Monsieur Cliche est terriblement touchante. Un p'tit gars d'autrefois c'est l'été, l'enfance, les petits plaisir, l'insouciance et le changement qui survient inévitablement lorsqu'on grandit. C'est ce qui nous fait avancer.
Le livre de Michel Langlois est un condensé de bonheur. C'est une histoire rafraîchissante, qu'on lit le sourire aux lèvres. Même si, dans ce roman comme dans la vie, les imprévus et les malheurs peuvent survenir et qu'on ne comprend pas toujours ce que le destin a prévu pour nous, les petites joies et le quotidien sont des sources sûres de réconfort et de bons souvenirs.
Une très belle lecture! Étienne est un petit personnage plein de vie, amusant et très attachant. Une suite est prévue pour 2012: Un p'tit gars d'autrefois: Le pensionnat. Il s'attardera sur l'adolescence d'Étienne. Nul besoin de préciser que j'ai très hâte à ce nouveau roman!
Quelques extraits:
"Pour le moment, c'est le carême. Si vous ne savez pas c'est quoi, le carême, je vais vous le dire: c'est plate. Il ne faut pas manger de bonbons pendant quarante jours juste parce qu'il paraît que Jésus a passé quarante jours dans le désert sans rien manger. Moi, je ne crois pas qu'il a rien mangé. S'il avait eu des bonbons, il en aurait mangé comme tout le monde. C'est juste parce qu'il n'y en avait pas qu'il n'en a pas mangé. Et voilà que nous autres, nous sommes obligés de faire comme lui. Ma mère dit souvent qu'il ne faut pas singer les autres. Pour singer Jésus, par exemple, elle est toujours d'accord." p.82
"Je tonds le gazon de madame Lefrançois, je me fais un premier dollar. "C'est déjà un commencement", comme elle dit. Elle, c'est une vieille madame très fine, avec des cheveux blancs. Elle est veuve. Ça veut dire que son mari est mort et qu'elle n'en a pas trouvé d'autre. Pour moi, elle n'a pas assez bien cherché parce que des maris, me semble qu'il en traîne partout." p.149