L’UMP vient de formuler 30 propositions pour réformer l’enseignement. Si les propositions du parti de la majorité présidentielle changent agréablement de la « rengaine des moyens », toujours insuffisants, que les syndicats d’enseignants et le Parti Socialiste rabâchent à longueur de temps, ce programme évite tous les sujets qui fâchent.
Par Alain Mathieu, président de l’association Contribuables Associés.
Ce projet propose de développer l’autonomie et l’évaluation des établissements, ce qui devrait améliorer les résultats très médiocres de nos dépenses d’enseignement: les résultats actuels, mesurés par les tests PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves, ensemble d’études menées par l’OCDE, ndlr), sont nettement inférieurs par exemple aux allemands, pour un coût de l’enseignement qui est de 41 % plus élevé ( 6,2 % du PIB contre 4,4 %).
Développer l’autonomie des établissements, c’est permettre au principal du collège ou au proviseur du lycée de choisir ses collaborateurs, enseignants ou autres. Cette autonomie n’ira pas jusqu’au droit de choisir ses élèves, ni les programmes et diplômes, dont l’Etat doit assurer la « maîtrise complète ». Actuellement 300 établissements sur 65 000 bénéficient de cette autonomie relative. La marge de progression est donc importante.
Prudentes généralités
L’évaluation des établissements et surtout celle des enseignants reste dans de prudentes généralités.
Un nouveau statut est prévu pour les candidats au CAPES, qui devront remplir des « missions d’accompagnement » (orientation, tutorat) en plus des seules obligations d’heures de cours (actuellement, dans le secondaire, 15 heures par semaine pour les agrégés et 18 heures pour les autres). On suppose, mais cela n’est pas dit, que, comme dans la plupart des autres pays, ces nouveaux enseignants devront travailler à plein temps dans leur établissement.
Peut-être même devront-ils faire de la surveillance ou du remplacement de professeurs absents. Cela n’est pas dit. Ce nouveau statut sera également ouvert aux enseignants actuels volontaires, ce qui demandera, pour susciter des vocations, que les salaires y soient supérieurs et que les enseignants actuels voient leur salaire évoluer faiblement. Bien entendu, cela non plus n’est pas dit.
Les dotations de crédits aux universités devraient dépendre des « taux d’insertion professionnelle » de leurs diplômés. L’application de cette intéressante proposition risque de ne pas être immédiate.
Les parents devraient se voir contraints d’envoyer leurs enfants à l’école, sous peine d’une suspension, et non d’une suppression, des allocations familiales. Les syndicats étant contre cette mesure, seulement 51 suspensions ont été effectuées jusqu’à présent. Une mise en application générale sera sans doute laborieuse.
Pas un mot sur l’enseignement privé
Ce programme de Luc Chatel (l’actuel ministre de l’Education, ndlr) a évité tous les sujets qui fâchent :
- Pas un mot sur l’enseignement privé et son développement bloqué par le stupide numérus clausus (pas plus de 20 % des élèves) ;
– Pas un mot sur le statut extravagant et unique au monde de nos chercheurs, embauchés dès l’âge de 30 ans comme fonctionnaires chercheurs à vie, sans qu’on connaisse leurs capacités de recherche, et évalués par des commissions où les syndicats sont prépondérants ;
- Rien sur l’abus des heures supplémentaires qui augmentent sans impôts les rémunérations actuelles des enseignants ;
- Très peu de propositions sur l’utilisation des techniques numériques (rien par exemple sur les cours sur tableaux électroniques).
Mais on ne peut jeter la pierre au prudent ministre : il évolue dans un milieu qui lui est majoritairement hostile. Il sème donc avec précaution les graines d’une évolution nécessaire de notre ruineux mammouth national.
Alain Mathieu, président de Contribuables Associés.
Les 30 propositions de l’UMP sur l’enseignement.
A lire : Les Dossiers du Contribuable n°3 « Enseignement public : ruineux et inefficace », septembre 2011.
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