Le gouvernement français a donc fait son choix : prendre la défense (sic) des riches et des spéculateurs, contre la population, les plus démunis, les pauvres et les précaires. On en a encore eu un exemple hier avec cette série de mesures méprisables contre les salariés, qui désignent les malades, les fonctionnaires et les étrangers à la vindicte et à la suspicion générale, alors qu’ils ne sont coupables en rien de cette crise, générée par d’autres, bien à l’abri et jamais jugés ni victimes de sanctions quant à eux…
S’attaquer aux plus faibles d’entre nous est manifestement plus facile (ainsi, ces ignobles arrêtés anti-mendicité..) que de s’en prendre plus activement aux fraudeurs et autres spéculateurs de haut vol, qui ne se contentent pas, eux, de centaines d’euros, mais de millions, par pure cupidité, et font bien plus de dégâts que de simples particuliers sur notre société. Comme l’écrit Juan, « La non-déclaration d’heures supplémentaires et le travail clandestin coûtent bien plus cher aux caisses de l’Etat que la triche aux allocations et aux arrêts maladie. »
Question de cohérence et d’honnêteté intellectuelle, on ne peut pas d’un côté dénoncer les pratiques antidémocratiques et attentatoires aux libertés publiques d’un gouvernement qui vire de plus en plus à l’extrême droite et de l’autre ne pas soutenir par tous les moyens ces indignés qui aujourd’hui portent nos convictions et notre opposition à un système à visée totalitaire et tyrannique que nous sommes une majorité à récuser.
C’est pourquoi je m’étonne de ce silence médiatique, politique et syndical (pourquoi les syndicats n’enjoignent-ils pas leur adhérents à les rejoindre ? De quoi ont-ils peur ?) qui entoure le campement de la défense, que nous sommes bien peu à relayer, quand certains ne préfèrent pas s’en moquer et les railler (quel courage…), alors qu’ils viennent de subir la deuxième charge policière en 10 jours cette nuit.
Des «indignés» ont tenté de reconstituer leur campement avec des palettes et ont qualifié de «violente» l’intervention policière à l’issue de laquelle aucun blessé n’a été signalé. Dans la nuit de mardi à mercredi, le campement a de nouveau été saccagé avec violence par les forces de l’ordre, qui sont allées jusqu’à piétiner la nourriture et les médicaments, ont indiqué les «indignés» dans un communiqué.
Selon eux, »ce harcèlement policier ne fait que renforcer la légitimité de cette occupation par ces citoyens déterminés à prendre leurs responsabilités et à résister de manière non violente face à un Etat qui emploie des méthodes fascistes indignes d’une démocratie». (source)
Ainsi, l’un des occupants de la défense témoigne :
« aujourd’hui, en France, nous voyons des occupations stratégiques totalement précarisées, que les interventions policières cherchent à montrer désorganisées et gérées par des squatteurs. La réalité est bien différente : depuis le premier jour de Occupons la Défense, à chaque fois que l’occupation se structure, qu’une tente est montée, qu’une bâche est tendue pour se protéger de la pluie… les brigades chargent et chargent encore ! Tous les jours nous subissons des intimidations policières, nous constatons des vols de biens privés par les forces de l’ordre, nous encaissons des coups de matraque et des gaz lacrymo… »
Et après cela, on va s’étonner qu’ils soient si peu nombreux, et en tirer des leçons d’inefficacité, comme le font si volontiers certains blogueurs paresseux ? Pourtant, aujourd’hui,la résistance n’est-elle pas aussi celle-là, quand nous nous demandons, pour beaucoup, comment lutter contre cette chienlit financière qui nous envahit et nous submerge jusqu’au dégoût ?
S’ils ne sont pas plus nombreux, c’est de notre faute, à tout un chacun. Je me sens moi-même bien coupable (prêchant la bonne parole mais ne montrant guère l’exemple…), de me trouver si loin d’eux (5 heures de bagnole, pas les moyens de me payer le TGV..) et d’être si chargé d’occupations professionnelles, syndicales, politiques et personnelles qui m’empêchent d’aller leur rendre visite comme je le voudrais tant…
Mais ensemble, collectivement, agissons, chacun selon nos moyens, même modestes, allons leur rendre visite, passons leur apporter une thermos de café, des couvertures, du réconfort, de simples mots de soutien. Ils méritent bien davantage d’attention que ces politiciens qui ne font que faire perdurer et entretenir la misère…