M. Sarkozy est parti en campagne. Et encore une fois, en désignant les malades comme des fraudeurs en puissance, M. Sarkozy s'attaque de manière insupportable aux plus fragiles.
Le rallongement du délai de carence dans le privé et son instauration dans le public est symptomatique de ce discours. Au lieu d’améliorer l’efficacité du système, M. Sarkozy se contente de diminuer les prestations. Ce sont des économies sans réelle portée (seulement 200 millions d’euros) qui se traduiront par le nivellement par le bas. Cette proposition est idéologique et méprise les médecins, les fonctionnaires et les salariés.
Quand on sait que moins de 3% des indemnités maladie sont versés pour des arrêts de moins de 8 jours, alors que 60% des versements concernent des malades de plus de 3 mois, on mesure l'indécence qu'il y a à faire des patients les cibles d'un discours électoraliste !
La prétendue lutte contre la fraude n’est pas plus crédible de la part de ce gouvernement. La fraude est inacceptable. Mais la fraude aux prestations sociales porte sur environ 400 millions d’euros. C’est peu au regard de l’ensemble des fraudes : la fraude fiscale est évaluée à plus de 25 milliards d'euros ; la fraude due au travail dissimulé estimée entre 10 et 15 milliards ; la fraude aux cotisations sociales s'élèverait à plus de 2 milliards.
En ciblant les malades, le gouvernement n'est pas crédible lorsqu'il dit faire de la lutte contre la fraude sa priorité. Depuis 2007, les plans anti-fraude se sont multipliés sans aucun résultat. Les ministres se succèdent aujourd'hui pour évoquer des dizaines de milliards en jeu ! Quel aveu d'échec ! Contre la fraude, comme dans la plupart des domaines, le gouvernement s'agite mais n'agit pas.
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Marisol Touraine
Secrétaire nationale à la santé et la sécurité sociale