Deuxième album pour BNJMN, mais surtout deuxième album dans la même année pour ce jeune anglais, Ben Thomas, qui n’aura pas eu besoin de plus de dix mois pour passer du statut de pur inconnu à celui de fer de lance de l’avant-garde électronique. Une raison simple : un univers aussi accueillant qu’intriguant, qui provoque un confort d’écoute immédiat tout en faisant preuve d’une originalité formelle assez éclatante.
Black Square, sorti ces jours-ci, répond à Plastic World, paru fin février – comme l’annonce ce morceau d’ouverture, « enterlude », à la fois introduction et transition bien sentie entre deux courts albums qui se complètement à merveille. BNJMN continue dans la même veine en offrant une déclinaison infime ; Black Square est plus limpide, plus abordable et mélodique qu’un Plastic World qui se voulait plus conceptuel et obscur. Maintenant nous comprenons bien où BNJMN veut aller : à la rencontre la plus fluide possible entre d’une part la beauté des premières sorties IDM, flirtant aussi avec le krautrock et le disco le plus planant, et d’autre part un appareil rythmique et formel très contemporain et urbain. Ce qui se traduit plus concrètement par des mélodies chaleureuses et organiques combiné au caractère ascétique de la techno expérimentale et à la prosodie déviante des UK Bass Music.
Avec Black Square, BNJMN avance un peu plus clairement dans sa quête, renonçant à un cocktail parfois déroutant entre morceaux style DFA records et bizarreries vraiment hermétiques, pour se recentrer sur une série de tracks plus homogène, où la mélodie prend toujours les devants. En résulte un disque magnifiquement limpide, où s’alternent tout en douceur petites comptines oniriques et cadences house, dans une sorte d’indécision très audacieuse, puisque dans cette belle continuité atmosphérique on retrouve aussi bien la mélancolie futuriste de Kuedo que les explorations hallucinantes d’Andy Stott ou le groove irresistible de Tensnake. Par petites touches impressionnistes, donc, BNJMN accompagne les plus belles aventures électroniques d’aujourd’hui, et c’est d’autant plus estimable que cela se déroule sans souscrire au moindre modus operandi, sans se rattacher au moindre mouvement, mais en s’enfonçant au contraire dans une voie absolument singulière et irréductible.