Dans mon dernier blog je vous ai présenté la réaction du Mouvement « Sortir du nucléaire » . Vous pourrez ainsi juger vous-même que sur la persistance du nucléaire les évaluations de Mme LEWINER de CAP GEMINI , pour aussi rationnelles qu’elles le prétendent, ne trouvent pas la moindre grâce à leurs yeux et qu’ils ne répondent immédiatement que par la question carrément insultante : » C’est EDF qui vous paye pour écrire cela ?! ».Laissons cela !
Il est donc nécessaire de chercher si des analystes moins simplistes sont disponibles sur le marché de la critique et de s’efforcer de sortir de la querelle politique sous-jacente.
Ecartons pourtant d’entrée de jeu KPMG (entreprise tournée vers l’audit, l’expertise comptable et le conseil économique, managérial et financier) qui est citée par le Mouvement comme prophétisant une BEREZINA POUR L EPR!
Je choisis le parti de successivement vous présenter succinctement les avis des pro nucléaires puis des antinucléaires
1 °/ EDF : la position de son président (HENRI PROGLIO) n’est pas surprenante : c’est celle-ci :
"Il ne faut pas sortir du nucléaire en France ; "cela augmenterait probablement de 50% les émissions de gaz à effet de serre à cause de l’utilisation du charbon, du gaz et du pétrole pour remplacer le nucléaire", .
… « Le passage aux énergies alternatives s'accompagnerait d'un investissement de 400 milliards d'euros. Or, ce surcoût serait irrémédiablement répercuté sur la facture du consommateur final qui pourrait alors être multipliée par deux.
…"400.000 emplois directes et indirects dans la filiale nucléaire, 500.000 emplois dans les entreprises actuellement localisées en France". A ces chiffres, il faut ajouter "100.000 emplois futurs provenant du développement du nucléaire mondial à partir de la France soit près d'un million d'emploi".
Enfin, alors que la question de l'approvisionnement électrique de la France pour cet hiver est posée, le patron d'EDF rappelle que les énergies non renouvelables ne suffiront pas "à remplacer la base nucléaire installée".
Bien entendu et pour anticiper ce qui sera développé dans la suite ces chiffres sont très vigoureusement contestés par EELV et ses leaders qui avancent : « Pour 40 000 emplois dans l'industrie nucléaire, l Allemagne, elle en a créé 370 000 dans les énergies renouvelables» ; mais les structures énergétiques des deux pays étant d’ores et déjà bien différentes ne sont plus tellement comparables , on le confirmera plus loin .
Plus techniquement intéressante est l’évaluation technico – économique de son parc nucléaire par EDF .Son âge moyen est de 26,2 ans en juin 2011 et le nombre de tranches d’âge supérieur à 30 ans est de 16… L e plus jeune réacteur ,CIVAUX ,a 10 ans .Les deux tranches de FESSENHEIM , les plus anciennes ont passé avec succès leur visite trentenaire mais EDF juge inévitable de suivre les instructions AIEA + BRUXELLES+ASN à venir et devra apporter diverses modifications dans le domaine de la sureté ( renforcement de l’étanchéité des confinements , prise en compte de la globalité des risques réévalués , fiabilité des moyens de secours etc.etc. ).Ceci pourrait entrainer automatiquement un prix de revient plus élevé du kilowatt- heure et par voie de conséquences des investissements de l’ordre de plusieurs milliards d’euros . Tout cela dépendra de ce qui sera retenu comme prioritaire dans le débriefing de fin d’année à EDF et au Ministère de l’INDUSTRIE et des financements possibles par les budgets EDF …
Concernant le futur proche , EDF a , plusieurs fois , laissé transparaitre des objections voilées sur l’ EPR et son développement . Une partie des équipes a toujours été hostile au réacteur EPR, développé par Areva et Siemens ( parce qu’elles n’ont pas été trop écoutées à la conception) et proposé une porte de sortie .... Hervé Machenaud, membre du comité exécutif d'EDF, en charge de la production et de l'ingénierie, a résumé sa position dans ces termes : « Un réacteur, quel qu'il soit, n'est jamais la fin d'une histoire technologique. L'EPR est le modèle dont on dispose en ce moment, que nous construisons ici et en Chine, bientôt j'espère en Grande-Bretagne, mais aussi en Pologne et en République tchèque. Mais cela ne veut pas dire qu'il faille s'arrêter dans la réflexion sur le modèle suivant. »
QUOIQU IL EN SOIT les premiers kWh produits par l'EPR/FLAMENVILLE seront commercialisés par EDF en 2016.
2 °/AREVA
Vous n’aurez surement pas oublié qu’une fois partie Mme LAUVERGEON , un pacte de non- agression a été conclu entre le nouveau patron LUC OURSEL et HENRI PROGLIO . Il n’en reste pas moins que la phase de conception sera dans le futur bien plus partagée entre les deux organismes et pour la phase de maitrise d’ouvrage davantage encore ,bien entendu !….
Mais AREVA NE LACHE PAS PRISE et ne se laisse pas diaboliser par ses ennuis et dépassements divers. Le chantier finlandais dont la mise en service était prévue pour 2012 le sera en 2013. Le chantier d’Olkiluoto 3 (OL3) a franchi cet automne une étape majeure avec l’installation de la quatrième et dernière pompe du circuit primaire, son raccordement aux tuyauteries auxiliaires et au réseau électrique interne. Le succès de ces opérations marque la fin de la mise en place de la chaudière du réacteur qui véhicule, sous pression et en circuit fermé, l'eau chauffée par le combustible nucléaire
Le circuit primaire du réacteur EPR d’OL3 se compose de 4 boucles identiques reliées à la cuve comprenant chacune un générateur de vapeur, une pompe et les tuyauteries associées. L’ensemble du circuit est connecté à un pressuriseur unique qui maintient l’eau en pression. Je vous en glisse une photo car je ne vous ai pas parlé du process depuis longtemps et fourni dans mon blog une photo médiocre !
OL3 est désormais achevé à plus de 80 % !
Mais là où AREVA plastronne ,c’est dans la pose du dôme sur le bâtiment réacteur de la tranche 1 de l’EPR de Taishan en Chine qui a été réalisée le 24 octobre 2011avec succès et intervient un peu plus de 2 ans après le coulage du béton du radier du bâtiment réacteur. Cette réussite constitue une étape majeure pour la construction du réacteur en Chine. C’est l’aboutissement d’un travail qui a duré plus de deux ans et a mobilisé plus de 2 000 personnes pour la réalisation du génie civil du bâtiment réacteur. L’opération, particulièrement impressionnante, a duré une demi-journée et a nécessité la mobilisation d’une des plus puissantes grues au monde. D’abord soulevées à près de 70 mètres de hauteur puis déposées sur la structure qui culmine à 44 mètres de hauteur, les 240 tonnes d’acier du dôme recouvrent désormais la partie interne du bâtiment réacteur. Pour en assurer l’étanchéité, le dôme sera entièrement soudé puis recouvert de 7 000 tonnes de béton.
Je ne résiste pas à vous en montrer une photo pour vous donner une idée du gigantisme de ce type dl’ouvrage et de sa monstrueuse complexité… mais vous verrez plus loin quelle sournoise arrière-pensée me conduit !
A suivre