Samedi soir, dans un discours consacré à l’Europe, Eva Joly a fait plusieurs propositions. La candidate écologiste pour 2012 s’est notamment prononcée pour une mutualisation des dettes, un grand emprunt européen ou encore un texte constituant, ratifié par référendum, qui donnerait «une substance à la citoyenneté européenne».
Une veste rouge, mais des lunettes vertes. Samedi, à l’occasion du 4e congrès du Parti vert européen (PVE) organisé à Paris, Eva Joly a fait dans la nouveauté. Face à la candidate, quelque 700 écologistes venus de 30 pays d’Europe avaient alors chaussé, en réponse, des petites lunettes vertes en carton. Pour afficher, sous forme de clin d’œil, leur soutien à Eva Joly, montée à la tribune pour un discours sur l’Europe, un «projet qui nous tient tous tant à cœur, et à (moi) tout particulièrement».
«J’aime l’Europe lorsqu’elle protège les pêcheurs de Guinée contre les intérêts de multinationales qui encouragent au pillage de la ressource» et «se lève aux côtés des démocraties arabes naissantes», a déclaré la candidate écologiste, avant d’insister sur la notion de «paix». «Parler d’Europe, c’est plus que jamais parler de la paix», a-t-elle clamé, réitérant sa proposition de la veille : remplacer la commémoration de l’armistice de 1918, le 11 novembre, par une «journée européenne pour la paix». «L’Europe a apporté la paix entre les peuples qui participent à sa construction», a poursuivi Eva Joly.
Un «mauvais vent souffle sur l’Europe»
Mais au-delà de cette vision de l’Europe – la sienne – Eva Joly a fait un constat, estimant que la «réalité n’est pas aussi rose», car un «mauvais vent souffle sur l’Europe». «Trop d’hommes et de femmes politiques cèdent à la tentation de croire en un salut seulement national», synonyme «d’impuissance politique», a affirmé l’ancienne magistrate. Elle a également condamné «les signes d’un glissement vers la droite radicale», à l’image de la France où elle s’installe dans la vie politique et influence le débat public.
Alors pour prendre «conscience de la force que représente une Union de 27 pays» et pour être «à la hauteur des enjeux», Eva Joly a tenu à faire plusieurs propositions : la mutualisation des dettes et la création d’un Trésor européen, un plan européen «crédible» pour mettre fin au secret bancaire, aux paradis fiscaux et à l’évasion fiscale, une révision «juste» du plan d’austérité imposé à la Grèce et la mise en place d’un grand emprunt européen, pour mettre «l’Europe sur la voie de la transition écologique» face à la crise. Des mesures qui ne pourraient se prendre sans que l’on «rouvre le chapitre des traités», a reconnu la candidate d’EELV.
Un texte européen ratifié par référendum
Outre ces quatre propositions, à la tribune, Eva Joly s’est prononcée en faveur d’un texte constituant, qui donnerait «une substance à la citoyenneté européenne» et devrait être adopté par chaque pays membre de l’Union à travers un référendum «à double majorité des Etats et des citoyens». «Les peuples qui auraient choisi de le refuser pourraient alors enfin poser en toute clarté la question de leur participation ou non à l’UE et quitter une communauté qu’ils rejettent», a détaillé l’écologiste, qui souhaite également que «les objectifs du Pacte de stabilité soient remplacés par un Pacte de solidarité écologique et sociale». Car la «justice sociale ne doit pas être la variable d’ajustement de l’Europe», mais «la condition et l’objectif.»
Pour conclure, Eva Joly a lancé un appel à tous ses partenaires européens. «L’heure n’est plus aux discours théoriques et aux postures. Aujourd’hui c’est chaque citoyen et chaque citoyenne d’Europe qui a besoin d’une Europe fédérale et solide», a-t-elle indiqué. Avant de conclure, sur ce sujet qui sera l’un des thèmes majeurs de sa campagne : «Nous sommes là parce que nous devons réussir ensemble. L’Europe, nous allons la faire avec vous, pour vous, avec nous, avec moi.»
LIRE AUSSI :
Nucléaire : EELV n’en démord pas
Eva Joly propose un texte européen constituant – leJDD.fr.