Les questions posées à l’équipage du bateau ont été nombreuses… Nous les avons transmises, et vous trouverez ci-dessous leurs réponses, réactions et commentaires.Merci à tous de votre participation, nos marins ont été heureux d’avoir ce contact avec la terre et ont hâte de pouvoir à nouveau échanger avec vous !
Photo (c) Greenpeace / Pierre Gleizes
Cette pêche qui dévaste les eaux profondes se fait-elle dans un cadre légal ou illégal ?
Le cadre de cette pêche profonde est légal puisque ces bateaux ont des permis de pêche et des quotas. Mais ce qui est légal n’est pas forcément légitime… En France, le forage en eaux profondes pour le pétrole et la pêche au thon rouge sont autorisés, par exemple. Mais ils devraient être interdits. Un des principaux rôles de Greenpeace, c’est justement de pointer ces aberrations, d’enquêter et de prouver les impacts de ces crimes environnementaux et de les faire connaître au plus grand nombre pour que cela cesse, et pour que les lois évoluent.
Quelle est la position de l’Union européenne sur le chalutage profond ?
Pendant longtemps, l’Union européenne a subventionné ces bateaux… Ce qui leur a permis d’aller pêcher plus loin, plus profond, et plus longtemps. L’UE a cessé de donner des subventions à la construction en 2003, lorsqu’elle a pris conscience qu’elle avait engendré une situation dangereuse. Au cours des années qui ont suivi, elle a rendu ses lois plus contraignantes et diminué les quotas. Mais les effets sont restés très limités.
De façon générale, l’Union européenne réagit souvent trop tard. Prenons le cas de l’Empereur : l’UE a attendu que le stock soit décimé pour en interdire la pêche. Et c’est ce qui se passe aujourd’hui aussi pour plusieurs espèces de requins des profondeurs, menacées depuis longtemps, mais dont l’UE n’a interdit la pêche que très récemment.
D’après les scientifiques du Conseil international d’exploration de la mer, 100% des espèces pêchées dans l’Atlantique Nord-Est sont surexploitées. Mais comme à son habitude, l’Union européenne attend qu’il y ait une crise pour réagir…
D’après votre enquête, Intermarché joue un rôle important dans le chalutage profond. Est-ce que vous pourriez nous donner plus d’informations sur son implication, voire retracer le circuit des poissons, des chalutiers jusqu’au rayon “poissonnerie” des Intermarché ?
Intermarché dispose de sa propre flotte de chalutiers profonds, la Scapêche. Celle-ci compte 7 bateaux qui pêchent au large de l’Écosse et de l’Irlande. Ils restent dans cette zone 95% du temps et reviennent une ou deux fois par an dans leur port d’attache, Lorient. Les rotations d’équipages sont effectuées par avion, puis par car. Quant aux poissons, ils sont maintenus au frais, puis débarqués dans les ports écossais et irlandais lorsque les cales sont pleines. Ils sont ensuite chargés à bord de camions frigorifiques qui font le chemin entre l’Écosse (ou l’Irlande) et Lorient, avant d’être envoyés dans des usines de filetage. Puis ils sont expédiés vers les plateformes de distribution et parviennent, au terme d’un long périple, sur les étals des Intermarché.
Plutôt que de pratiquer le chalutage profond, Intermarché devrait montrer l’exemple et uniquement proposer à ses clients du poisson pêché grâce à des techniques ayant moins d’impacts dangereux sur le milieu marin et la ressource halieutique (à la ligne par exemple).
Comment faites-vous pour garantir une information la plus objective possible ?
En général, les sources d’informations que nous utilisons ne sont pas liées à Greenpeace. Elles sont parfaitement indépendantes (experts scientifiques et politiques, parfois même quelques “indics”, etc.).
Nous menons aussi nos propres enquêtes sur le terrain. Par exemple, sur cette campagne, nous avons effectué des repérages sur les zones de pêche au début de l’année, pour observer comment opéraient ces pêcheurs et quelles étaient les espèces prises. Dans la conduite de ces enquête notre principale préoccupation est de vérifier à plusieurs reprises l’information, la faire valider par des sources extérieures…
Pensez-vous que vos actions vont solutionner le problème ou simplement attirer l’œil des médias ?
Greenpeace est un “lanceur d’alerte”. Notre rôle est de témoigner des crimes environnementaux, et de les exposer au public, le plus largement possible, pour que ceux-ci ne restent pas ignorés des citoyens. Mais c’est aux États de prendre leurs responsabilités et de légiférer pour régler ces problèmes. Pas à Greenpeace.
Certains d’entre vous ont également demandé comment embarquer à bord d’un bateau de Greenpeace… Nous sommes toujours à la recherche de volontaires enthousiastes, prêts à s’embarquer avec nous. Si vous avez une expérience de la mer, et que vous disposez d’une licence STCW95 valide, vous pouvez postuler sur ce formulaire en ligne (en anglais).