Le documentaire « Tous au Larzac » du réalisateur Christian Rouaud montré à Cannes au printemps dans la sélection officielle est à l’affiche du 22e Festival International du Film d’Histoire de Pessac qui se déroule cette semaine au cinéma Jean Eustache.
Projeté aujourd’hui et samedi en présence du réalisateur (à qui on doit déjà un documentaire sur la mobilisation des ouvriers de Lip), «Tous au Larzac» fait partie des dix films en compétition pour le prix du documentaire du festival de Pessac. Le film, qui sortira en salles mercredi prochain, célèbre la résistance collective des paysans du Larzac qui décidèrent, en 1971, de préserver leurs terres en s’opposant à Michel Debré, ministre de la Défense de Valéry Giscard d’Estaing, dont le projet était d’agrandir de 3 000 à 17 000 hectares le camp militaire situé sur la commune de La Cavalerie. Les 118 minutes de ce film mélangent documents d’archives, de très beaux plans panoramiques donnant à voir les grands espaces sauvages du plateau du Larzac et des entretiens nourris menés auprès de neuf protagonistes pour tricoter une histoire revigorante de l’engagement en France des années 1970 à aujourd’hui. Cette lutte durera dix longues années. Un mois après son élection en mai 1981, François Mitterrand mettra un terme aux ordonnances d’expulsions des paysans du Larzac.
Désobéissance civile
Huit semaines de tournage en extérieur ont été nécessaires à Christian Rouaud pour restituer son point de vue sur cette lutte au grand air. Les récits des paysans et les images d’archives exhument la naissance et l’essor de ce combat non violent qui dépassera largement les frontières du causse du Larzac. Des comités de soutien fleuriront un peu partout en France de tendances très diverses : plutôt mao à Toulouse, anarchiste à Bordeaux. Le film montre de manière sensible comment cette lutte a entrainé des paysans catholiques pratiquants votant traditionnellement à droite, à s’aventurer du côté de la désobéissance civile. La construction illégale d’une bergerie entre 73 et 75 à laquelle participera le jeune militant… José Bové en est l’exemple le plus fort. On comprend au fil des images et de la densité de la parole des protagonistes comment ce conflit social a progressivement éveillé ces paysans à l’action militante collective, à la solidarité et à l’engagement. Cette aventure a été pour eux une école. La lutte continue aujourd’hui. Elle s’est déportée pour s’inscrire dans des considérations altermondialistes. En 2010 le Larzac se mobilisait à nouveau, cette fois contre un projet d’extraction de gaz de schiste qui menace l’environnement et la santé publique.• Cyril Vergès
«Tous au Larzac», sortie officielle le 23 novembre. Projections en présence de Christian Rouaud aujourd’hui à 14h30 et samedi à 18h30 au Cinéma Jean Eustache. Festival du film d’histoire jusqu’au 21 novembre. www.cinema-histoire-pessac.com