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Sarkozy préfère parler fraude sociale que licenciements économiques

Publié le 16 novembre 2011 par Juan
Sarkozy préfère parler fraude sociale que licenciements économiques Mardi, il voulait parler travail et fraude aux allocations. Depuis qu'il a renoncé à faire gagner plus à ceux qui travaillent plus ou travaillent encore, Nicolas Sarkozy cherche comment se réapproprier la « valeur travail » pour sa future campagne. Il aime donc parler du travail, surtout du sien, car il bosse dur, tout le monde le sait.
Les travailleurs oubliés
Nicolas Sarkozy aurait pu rendre visite à des ouvriers de Peugeot. Le constructeur automobile avait annoncé 6.000 suppressions de postes, y compris en France. Quelques centaines d'employés sont venus manifester leur angoisse et leur colère devant le siège social du groupe à Paris. Il n'y a pas si longtemps, ces ouvriers étaient le symbole de Sarkofrance, « cette France qui se lève tôt, travaille dur et ne demande rien ». Le Monarque lui vantait son « Travailler plus pour gagner plus ».
De temps à autre, Sarkozy aime encore rencontrer des ouvriers « casqués », mais il préfère des PME de province, re-financées par son Fond Stratégique d'Investissement (dont il célébrera les 3 ans ce jeudi) ou son Grand Emprunt. Quand une grande entreprise comme Peugeot annonce d'inéluctables licenciements, le coup est dur pour le Monarque. Cette décision le prive d'un de ses rares arguments de vente, la prime à la casse. Jusqu'alors, il aimait répéter combien « il » avait sauvé l'automobile française.
Mardi, le candidat Sarkozy aurait pu parler de la surpopulation carcérale. Après tout, il a découvert sur le tard qu'il lui fallait davantage de places de prisons; il en a promis 30.000 supplémentaires, il y a à peine deux mois. Or la situation ne cesse d'empirer. Avec une capacité d'accueil 57.268 places, les prisons françaises rassemblaient 64.771 personnes au 1er novembre. Sur 12 mois, la progression est de 5%. Or les aménagements de peines se sont profondément développé: +46,3 % en deux ans. 10.237 personnes en bénéficient.
Le constat est grave: malgré cette accélération, les prisons sont encombrées, la justice est engorgée, mais... la délinquance violente augmente. Quelle efficacité !
Mardi, le candidat Sarkozy a préféré visiter Bordeaux pour visiter la Caisse d'Allocations Familiales de la Gironde puis discourir sur la fraude sociale. C'était le thème du déplacement. Il y parla effectivement de triche aux allocations et aux arrêts maladie, mais annonça aussi une obligation de travail pour les bénéficiaires du RSA et l'extension du délai de carence d'indemnités maladie, et prépara les esprits à une future TVA sociale. Quel amalgame !
De la fraude à ... à la TVA sociale ?
Comble du ridicule, il s'était même drapé derrière l'image tutélaire du général de Gaulle. La démarche était pitoyable. Qui est pour la fraude sociale ? Qui en charge des affaires du pays depuis 2007 ? Avant l'été, des parlementaires avaient publié un très instructif rapport sur la fraude sociale, estimée entre 10 et 20 milliards d'euros de manque à gagner par an. On pouvait y lire que la fraude sociale vient d'abord et massivement d'une triche aux cotisations sociales et non des allocataires. La non-déclaration d'heures supplémentaires et le travail clandestin coûtent bien plus cher aux caisses de l'Etat que la triche aux allocations et aux arrêts maladie. Les uns comme les autres sont des délits qui méritent chasse et sanction. Quelle évidence !
Ce mardi, à Bordeaux, Nicolas Sarkozy tonnait de sa grosse voix contre les méchants fraudeurs. Un discours adéquat pour masquer la misère de son propre bilan et ses dernières mesures d'austérité sociale. Il fut grandiloquent:
« voler la Sécurité sociale, c'est trahir la confiance de tous les Français. (...) La fraude, c'est la plus terrible et la plus insidieuse des trahisons de l'esprit de 1945. C'est la fraude qui mine les fondements même de (la) République sociale. Frauder, que dis-je, voler, voler la Sécurité sociale, (...), c'est porter un coup terrible à la belle idée nécessaire de solidarité nationale. » « Celui qui bénéficie d’un arrêt de travail frauduleux, comme celui qui le prescrit, vole les Français. » « Nous devons être sans indulgence contre les tricheurs et les fraudeurs » .
Le Monarque fut cependant avare en annonce: aucun renfort de moyens des Caisses d'allocations familiales ou de l'assurance maladie, la période est à la diète.
L'amalgame ne fut pas subtil. De la traque aux fraudeurs, Sarkozy glissa sur la chasse aux déficits: « Ceux qui ont trahi l’héritage du Conseil National de la Résistance, ce sont ceux qui, pendant des décennies, ont bien soigneusement dissimulé aux Français qu’ils finançaient leur système de protection sociale à coup de déficit. Pendant des décennies, on a donc protégés les Français à crédit sans le leur dire. » Tout juste proposa-t-il la création d'un Haut Conseil du financement de la protection sociale, « qui associera naturellement les partenaires sociaux ». « Je lui demanderai de faire des propositions qui soient à la hauteur de l'ambition que je porte pour notre modèle social »
Car le Monarque a des questions: « Le coût élevé du travail dans notre pays pénalise notre économie. Et pénaliser la France dans la compétition internationale, c’est accroître le risque des délocalisations. Le coût du travail a augmenté plus rapidement en France qu’en Allemagne sur les 15 dernières années. Avant tout parce que nous avons dû absorber le choc des 35 heures. » Ce nouveau Haut Conseil prétendument « a-politique » sera donc chargé de faire des « propositions ».
Nous sommes prévenus. Comme toujours, Nicolas Sarkozy a peur d'oser prononcer son idée. Soit il a la trouille, soit il se la garde pour la campagne officielle. Au choix.
Travail obligatoire
Autre annonce, l'expérimentation du travail obligatoire pour les bénéficiaires du RSA. « Le général de Gaulle aurait-il applaudi au discours de Nicolas Sarkozy, ce mardi matin à Bordeaux ?  » s'interrogeait l'envoyé spécial du quotidien Sud Ouest quelques heures plus tard. C'est l'un des derniers thèmes de campagne de réélection.
En mai dernier, le jeune Laurent Wauquiez avait lancé la charge contre ces « fainéants de pauvres » qui cumulent des minima sociaux sans bosser. Le ministre proposait de plafonner les minimas sociaux par foyer, imposer 5 heures de travail forcé social hebdomadaire aux bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active et réserver le bénéfice de l'assurance sociale aux étrangers justifiant d'au moins 5 années de travail en France.  On se souvient aussi de cet édifiant article du Figaro intitulé « La France des assistés ».
Ce mardi à Bordeaux, Nicolas Sarkozy endossa donc la fumeuse idée de son jeune ministre, la portant même à 7 heures de travail forcé hebdomadaire. 
Indemniser moins
On appelle cela la double peine: malade ET non indemnisé... Plutôt que de renforcer les contrôles aux abus, Nicolas Sarkozy a confirmé l'extension du régime de carence imposé aux salariés du privé, un quatrième jour sans prise en charge d'un arrêt de travail. Le gain estimé serait de 280 millions d'euros par an.
Sans accord d'entreprise ni assurance privée, le salarié malade sera donc sans rémunération pour ses 4 premiers jours d'arrêt maladie. Pour les fonctionnaires, qui, par définition, n'ont pas d'autre accord d'entreprise que ce que la loi leur offre en la matière, une journée de carence sera imposée dès l'an prochain.
Hasard ou coïncidence, les députés venaient de refuser, il y a quelques jours, de baisser leur propre indemnité.


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