Reprise de l’enquête à l’arrière des combats !
Difficile d’estimer la durée d’une guerre, surtout lorsque les combats reprennent de plus belle. Alors que ce tome devait conclure cette saga qui invite à découvrir les méandres de la Première Guerre mondiale à travers une enquête policière, les auteurs décident de prolonger «La Der des Ders» d’un tome.
Ce troisième volet démarre plus de deux ans après l’offensive meurtrière qui coûta la vie aux jeunes soldats de la section Peyrac et replonge immédiatement le lecteur au cœur des hostilités. Le lecteur continue de suivre les pas du lieutenant Vialatte, dorénavant engagé comme volontaire dans une unité spéciale de char à l’avant des combats. Cette Troisième Complainte l’enfonce encore un peu plus dans l’horreur de cette guerre des tranchées, où l’apparition d’armes nouvelles (chars, gaz, …) plonge la guerre dans une ère nouvelle, mais toujours aussi violente. Des scènes de combats aussi brutales qu’aberrantes aux corps criblés de balles, en passant pas des corps brûlés, les auteurs ne lésinent pas sur les moyens pour faire ressortir toute la barbarie du conflit. L’utilisation d’un héros narrateur, lettré et cultivé, permet également de coller les mots justes sur des événements qui ne le sont que rarement. Des textes dont la poésie tranche fortement avec la barbarie qui anime cet enfer, mais dont la précision dépasse largement celle des tirs adverses.
Alors que l’enquête semblait être sur une voie de garage avec l’extermination des principaux suspects par les Allemands, celle-ci repart de zéro en compagnie du Lieutenant Vialatte et du Maréchal des Logis, Desloches. Tout comme lors des deux tomes précédents, cette recherche de la vérité n’est finalement qu’un prétexte pour faire découvrir toute l’horreur de la guerre. Les investigations reprennent donc de plus belle, mais bien loin des tranchées car c’est à l’arrière des combats, tout d’abord dans la capitale et ensuite du côté d’Arras en compagnie des « rosbifs », que les deux hommes partent à la recherche de l’identité du meurtrier de ces femmes. Cette balade permet à Kris de décrire l’ambiance qui régnait à l’arrière des combats et de montrer cette guerre à travers le regard particulièrement humain de personnages attachants croisés au fil des pages.
Les dessins de Maël combinent légèreté, sensibilité et élégance à une retranscription extrêmement réaliste de l’ambiance ravagée et froide de la guerre 14-18. Usant d’aquarelles en couleurs directes et jouant sur les nuances de quelques tons savamment choisis, l’artiste propose des planches de toute beauté qui dépeignent avec beaucoup de brio cette fresque violente.
Une « Troisième Complainte » qui confirme toute la qualité de cette saga dédiée à la Grande Guerre et en fait une référence en la matière.
Retrouvez cet album dans mon Top de l’année !
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