Elisabeth, 87 ans, est écossaise et fière de l'être. Un torchon imprimé avec la carte de l'Ecosse est punaisé à l'entrée de sa chambre à la maison de retraite.
Elle a du mal à parler mais a gardé malgré ses difficultés un petit accent très distingué.
Elle a de plus en plus de mal à manger toute seule, à se lever, à marcher à cause d'un Parkinson qui l'handicape beaucoup.
Il y a quelques années, avant que je m'occupe d'elle, un Pace Macker lui a été installé suite à des syncopes.
J'ai été appelé l'autre soir car elle était tombée par maladresse.
Je l'ai envoyé à l'hôpital et appris un peu plus tard que s'agissait bien d'une fracture du fémur.
Trois ou quatre jours passent et l'interne au téléphone me raconte l'incroyable histoire.
Elisabeth a fait un mais deux arrêts cardiaque pendant l'intervention au moment de l'injection du ciment pour sceller la prothèse (choc au ciment) ....son coeur est reparti et ne s'est pas à nouveau arrêté ni les quelques heures ni les quelques jours qui ont suivi. Le Pace Macker a sûrement filé un petit coup de main.
Elle est ensuite rentrée à la maison de retraite peut être un peu trop vite et très fatiguée.
Son état s'est au niveau dégradé : Perfusion, morphine. Les choses semblaient écrites pour les heures à venir.
Et puis le cap fut à nouveau passé. Les douleurs disparues, la morphine arrêtée.
Elle remange maintenant. Je l'ai retrouvé hier tranquillement au fauteuil en train de regarder les programmes du début d'après midi.
"Du sang d'écossaise, docteur ! Des gens tétus qui n'abandonnent jamais" m'a dit sa fille qui n'en revient toujours pas.
Je retourne la voir la semaine prochaine.
Proverbe Ecossais : "A man is a lion in his ain cause"
"Chacun est un lion pour sa propre cause"