Deux plans d’austérité en 3 mois ! Portant sur la même période : 12 milliards d’euros de mesures d’économies ou de recettes fiscales supplémentaires adoptées fin août 2011 et un nouveau plan ajoutant 8 milliards d’euros dévoilé par François Fillon le 7 novembre. Ce qui à l’évidence sera encore insuffisant si la France devait perdre "officiellement" son fameux « triple A » ce qui est déjà effectif dans la réalité - n’en déplaise à Valérie Pécresse et François Baroin - puisque la France doit emprunter sur les marchés financiers à des taux astronomiques en comparaison de ceux consentis à l’Allemagne.
Nous ne sommes nullement au bout de nos peines ni de surprises encore plus désagréables puisqu’à côté d’un article du Monde que j’explorai, je vis ce titre Bruxelles veut de nouvelles mesures pour réduire le déficit de la France en 2013 (10 nov. 2011). Vous dire si je grinçais des dents relève du pur euphémisme.
En effet, d’après Olli Rehn - commissaire européen (finlandais) aux affaires économiques qui s’exprimait lors d’une conférence de presse « La France doit prendre des mesures supplémentaires pour corriger son déficit public » car selon les toutes dernières prévisions de la Commission européenne, le déficit public de la France atteindrait encore 5 % du PIB en 2013 « soit bien au-dessus de la cible officielle de 3 % du PIB conforme au pacte de stabilité européen »…
Or donc, tout en saluant « le fait que le gouvernement français ait annoncé récemment des mesures de consolidation"budgétaire » il estime toutes ces mesures encore insuffisantes pour ramener la France dans le strict respect des critères de Maastricht et invite donc en conséquence le gouvernement français « à annoncer le plus vite possible ses intentions » pour aller dans ce sens…
Je rappellerais que c’est Nicolas Sarkozy qui en 2009 s’est arrogé de sa propre autorité le droit de dépasser le plafond de l’endettement public. Faisant même au passage un sacré pied de nez à Angela Merkel en prétendant au cours d’une conférence de presse qu’il tint - avant même la fin de la séance - qu’il avait obtenu l’accord des Européens. Ce qui bien entendu était archi-faux. Il arguait aider ainsi l’économie à retrouver la croissance et diminuer le nombre de chômeurs… Liliane Bettencourt et tous les milliardaires du COUAC-40 devaient très certainement pointer au Pôle emploi !
MERDALOR ! Ils veulent carrément notre peau. Comme chez Molière, à force d’être saigné, purgé et de subir le clystère pardessus le marché, le malade victime de ces Diaffoirus mourra sans nul doute mais… guéri !
Ne me demandez pas pourquoi je n’ai nullement la fibre européenne.. Le sentiment d’appartenance ne se décrète pas. C’est un plébiscite renouvelé chaque jour disait Renan de la Nation. Comment voudriez-vous que j’adhère à cette « Europe des marchands » sévissant jour après jour contre les peuples pour satisfaire le seul intérêt des marchés et les multinationales ? Où ni les dirigeants des Etats-membres ni même les peuples n’ont la plupart du temps réellement envie d’adopter une « lex communis » dans des domaines pourtant essentiels : fiscalité et règles sociales. Au lieu de quoi, nous avons la guerre de tous contre tous, chacun des Etats souhaitant être plus compétitif au sein même de l’Union européenne.
Ajoutez à cela que je demeure souverainiste. On peut l’être tout en étant de gauche et je considère depuis fort longtemps que l’Etat-Nation comme le seul périmètre pertinent pour préserver l’Etat-providence. Au lieu de quoi l’on nous inflige l’Etat-pénitence ! De surcroît, je persiste à penser particulièrement pernicieuse la perte de nombreux symboles du pouvoir régalien des Etats : le droit de battre monnaie et les relations internationales, entre autres.
Enfin, la Commission européenne et les eurocrates qui y travaillent ne respectent nullement le « principe de subsidiarité » à savoir que les directives ne devraient fixer que les grandes lignes des orientations préconisées, à charge ensuite pour chacun des Etats-membres d’adopter dans le détail les mesures qui leur conviennent le mieux pour autant qu’elles ne dérogeassent point aux principes énoncés par les directives.
Au lieu de cela nous avons une Commission et des fonctionnaires européens qui fixent les règles dans les moindres détails en pinaillant à l’extrême - cela s’apparente à l’enc… de puce - quand cela arrange les lobbies qui font en permanence le siège de la Commission mais restant totalement évasifs si cela convient aux mêmes lobbies. Ce qui a le don de particulièrement me hérisser le poil quand ils s’attaquent à nos traditions en matière de bonne bouffe et de bons vins - par forcément les grands crus hors de prix mais ceux que je qualifierais d’honnêtes produits d’un terroir élaborés par des vignerons attentifs à respecter les règles de leur art et fiers de la qualité de leurs vins.
Je ne peux donc que vous inviter à lire sur le sujet un article fort intéressant de Périco Légasse au titre particulièrement iconoclaste Faut-il quitter l’Europe pour sauver le goût de la France ? (son blog de Marianne2, 17 fév. 2011). Je ne vous cacherais pas qu’en ce qui me concerne la réponse est « OUI » sans ambages !
Il s’y insurge contre la disparition du brie fermier de la Ferme des Glandons : « Que faut-il faire pour arrêter le dépeçage de l’agriculture française ? Le trio FNSEA - Bruno Le Maire - José Barroso s’empresse de finir le boulot. Ça suffit ! ».
Ce talentueux chroniqueur gastronomique de Marianne se battit dès mars 1999 contre les tentatives de la Commission européenne - aux ordres des Lactalis, Président, etc. - d’interdire les fromages au lait cru sous des prétextes sanitaires absolument ineptes. Je lui dois d’avoir appris que les fromages au lait cru produisaient au contraire un antidote naturel tuant les germes et me fis grand plaisir de photocopier l’article pour donner l’original au fromager du Franprix de Montmorency - qui se désolait de la possible disparition des fromages au lait cru - et l‘afficha sur son stand…
Pour l’instant, les producteurs indépendants de camemberts au lait cru ont gagné toutes les batailles. Les producteurs de fromages « thermisés » - qui ne valent guère mieux que les pasteurisés ! - ont dû jeter l’éponge et ne peuvent plus apposer d’étiquettes indiquant « lait cru »… Ne risquent-ils pas de revenir à la charge ? Mais je peux vous assurer que j’ai bien rigolé en voyant il y a déjà quelques temps l’étiquette d’un nouveau produit de Président : « camembert de campagne » ! J’en rigole encore tellement c’est stupide… Je n’ai jamais encore vu - sauf à la périphérie de certaines grandes villes, dont près de chez-moi quand j’habitais à Saint-Jean de la Ruelle, banlieue toute proche d’Orléans - de fermes en pleine ville ni de vaches broutant paisiblement l’herbe des jardins publics.
Toujours est-il que s’agissant de Bruxelles, ce qu’il rapporte des propos tenus par les eurocrates est aberrant et de nature à faire dresser les cheveux sur la tête : Le discours de la Commission est simple : « Il vous faudra un jour abandonner le concept d’origine. Seule compte la qualité du produit. Peu importe d’où il vient s’il est conforme aux normes commerciales en vigueur. Votre obsession à identifier un aliment à partir de critères territoriaux dépassés n’a aucun sens. Si votre saucisson est bon, on se moque bien de savoir son origine. Son image de marque suffit à le qualifier. Laissez nous tranquilles avec vos terroirs et tenez vous en au respect des règles sanitaires ».
Tels sont, verbatim, les propos qu’un fonctionnaire « bruxellois », certain d’avoir le dernier mot, a tenu à un professionnel français de la charcuterie. Une autre fois, la discussion portait sur la définition de la rosette de Lyon, pour laquelle une demande d’IGP (Indication géographique protégée, nos anciens « labels rouges » transposés à l’Europe) a été déposée. Les délégués français expliquaient aux technocrates de Bruxelles que la viande de porc, servant à l’élaboration de la célèbre salaison, devait provenir de cochons élevés sur une aire géographique déterminée pour justifier du label « Rosette de Lyon », telle que l’établissent depuis la nuit des temps les normes de productions garantes de l’origine d’une denrée.
Pur discours de margoulin : « s’il est conforme aux normes commerciales en vigueur » ! Il est bien évident que la question du terroir est essentielle pour grand nombre de produits agricoles, dont bien entendu le vin et intervient spécifiquement dans le goût des produits fabriqués dans une aire géographique donnée. Je ne rentrerais pas ici dans les détails, trop nombreux, qui influent sur la qualité gustative et donc le plaisir (chacun appréciant ou non tel ou tel goût).
Pour le cas où vous ne le sauriez pas, le jambon vendu sous la marque « Aoste » n’a rien à voir avec cet excellent produit élaboré selon des méthodes artisanales dans le Val d’Aoste en Italie du Nord, à proximité des plus hauts sommets de France (Mont-blanc), d’Italie (Grand Paradis) ou de Suisse (Mont Rose) pour ne citer que les plus connus. Il se trouve que j’y ai traîné mes guêtres de petite - dans toutes les acceptions du terme ! - alpiniste notamment en août 1967 lors d'un stage à l’UCPA des Contamines-Montjoie lorsque nous allâmes dans le Parc naturel du Grand Paradis, hébergés au refuge Vittorio Emmanuel.
J’étais donc loin d’imaginer qu’un jambon labellisé - si l’on peut dire ! - « Aoste » ne put provenir de cette vallée. Une copine lyonnaise me mit la puce à l’oreille, me disant qu’il était fabriqué dans sa région. Faisant de plus amples recherches je m’aperçus que le groupe américain Sara Lee - qui possédait à l’époque la marque « Aoste » - le fit fabriquer à Aoste… mais dans l’Isère, profitant de l’homonymie. Je ne comprendrais jamais comment la Commission européenne a pu laisser passer une telle arnaque ! Entre parenthèses, je sais de source personnelle très sûre, que Sara Lee liquide en ce moment toutes ses activités en France, jetant sur le pavé ses salariés sans même proposer la queue d’un plan social : démerdez vous !
C’est à peu près comme si le délicieux jambon de Bayonne était fabriqué en Bretagne avec des porcs issus de l’élevage intensif. Remarquez que l’on y fabrique bien un emmenthal qui a autant de goût et de consistance qu’un morceau de savonnette. Je m’y suis laissé prendre une fois, pas deux. J’ai mangé suffisamment de jambons de montagne sans nul label mais tout à fait authentiques et délicieux, du Massif central ou des Alpes - j’en ramenai une fois d’un séjour à la Grave et il fit les délices de ma mère - pour me laisser avoir.
Je m’étais suffisamment indignée à l’époque que le complexe agro-chimique essayât de faire interdire par Bruxelles « le purin d’ortie », substance antiseptique naturelle - dont on m'a dit qu’elle puerait un max - que chacun peut produire pour l'épandre dans ses champs ou jardin ou l'acquérir pour un faible coût, par exemple auprès de Kokopelli.
Laquelle association - à but non lucratif - est elle-même la cible des margoulins semenciers, lesquels ne supportent pas qu’elle puisse proposer aux jardiniers amateurs voire professionnels des semences de variétés anciennes. Mais quels cons ! Je ne saurais dire depuis combien d’années je me préoccupe de la sauvegarde des anciennes souches - des végétaux aussi bien du cheptel, des volailles, etc. Préservation de la biodiversité et des saveurs contre l’uniformisation (le plus souvent sans aucun goût) des fruits et légumes décrétée par l’agro-business. Pouah !
Dernier épisode en date, entendu dernièrement sur France Info : les semenciers auraient perdu leur procès contre les agriculteurs qui osent conserver une partie de leur récolte pour la semer la saison suivante… Les semenciers voulant qu’on leur infligeât une taxe destinée à compenser leur manque à gagner puisqu’ils ne leur vendraient pas de nouvelles semences !
C'est tout à fait dans le même esprit qu'EDF voulant faire payer une société commercialisant un dispositif permettant de réduire la consommation d'électricité ! L'ultralibéralisme globalitaire a ajouté un 11e commandement : « Tu consommeras toujours plus et paieras ; si tu consommes moins, payer davantage tu devras »
C’est indignant et ridicule en même temps qu’attentatoire à la liberté… Prouvant à l’envie que le libéralisme (économique) qui se réclame de la liberté d’entreprendre n’a que foutre en réalité de la liberté des producteurs s’ils ne passent pas sous les fourches caudines du « libre renard dans le libre poulailler ». Ces agriculteurs ne font que répéter ce qu’on fait leurs ancêtres depuis des générations. Souvent en améliorant les souches par une sélection naturelle qui n’a rien à voir avec les recherches déjantées actuelles.
Cela fait une bonne trentaine d’années que je m’intéresse à cette question. Ce n’est pas un hasard si les semenciers privilégiaient les hybrides qu’ils fabriquaient plutôt que les semences normales : les hybrides ne pouvant être réutilisés tels quels, leurs qualités ne se transmettant pas aux générations suivantes. Avec les semences OGM, le problème étant encore plus insoluble. Autant dire que ces semenciers ne veulent les agriculteurs que captifs.
Une petite anecdote pour en terminer sur ce chapitre. J’entendis il y a quelque temps sur France Info narrer qu’un producteur américain du Vermont produisait un « valençay » (pyramide de fromage de chèvre qui bénéficie d’une AOC) alors qu’était vendu au Japon des bouteilles de faux Valençay… Il se trouve que je connais très bien l’un et l’autre de ces produits, Valençay étant à une portée de fusil lorsque l’on se rend de Selles-sur-Cher (où l’on produit aussi un très bon fromage de chèvre) à Châteauroux en passant par la Vernelle, ce qui m’arriva souventes fois. Je ralentissais d’ailleurs toujours en arrivant à l’entrée deValençay, tellement la vue que l’on a du château est superbe.
Je ne supporte pas l’ultralibéralisme de la Commission européenne. Ce sont les commissaires européens - nommés par le gouvernement des Etats-membres - qui décident de tout en parfaits autocrates sans être réellement contrôlés par le Parlement européen - seule instance réellement élue par les citoyens de chaque pays de l’UE - qui n’a que fort peu de pouvoirs pour sanctionner les activités et décisions de la Commission.
Cette Europe de m.. . et sa « grosse Commission »; la zone euro et tout le tremblement peuvent bien crever de cette « mort naturelle » qui atteint les organismes biologiques qui se sont laissés parasiter par de mortels virus sans broncher : leur disparition ne m’arrachera pas la moindre larme.