Nos chefs d’État et nos médias officiels nous ont habitué à pointer du doigt les principaux ennemis des politiques impériales qui dominent nos sociétés. Ce seront, en général, ces chefs d’État qui leur tiennent tête et qui se font les promoteurs d’une souveraineté sans dépendance et d’une politique, sans compromis, de contrôle et d’exploitation de leurs propres richesses. Ces derniers seront d’abord désignés comme des dictateurs, même s’ils ont été élus par leur peuple. Viendra par la suite l’accusation à l’effet qu’ils soutiennent la contrebande de la drogue et qu’ils font partie de la mafia qui en assure la production et la distribution. S’ils sont dans un environnement où il y a des groupes armés révolutionnaires, ils seront accusés de les soutenir de diverses façons. Ils seront enfin associés aux assassinats et aux règlements de compte. De là à dire qu’ils sont devenus des tyrans sanguinaires et sans conscience, il n’y a qu’un pas à franchir.
Lors d’une émission, toute récente, de Radio-Canada à « tout le monde en parle » des invités parlèrent de Fidel Castro comme d’un dictateur aux mains souillées de sang. Je savais que l’image, projetée par nos médias officiels, faisait de cet homme un dictateur sanguinaire. Je m’attendais, toutefois, que quelqu’un pose la question de savoir ce que voulait bien dire cette expression. Ne vivons-nous pas dans un monde où les guerres cruelles et sanguinaires font partie de notre quotidien. Le million de morts en Irak, les centaines de milliers en Afghanistan et les 70 000 en Libye font-ils de Bush, Blair, Sarkozy, Cameron, Harper et les autres des chefs d’État aux mains souillées de sang? Il est évidemment facile de répéter ce à quoi on nous a habitué. Mais de la part de personnes bien informées et professionnelles, je m’attendais à autre chose.
Je suis allé sur Google et j’ai tapé « accusations contre Fidel Castro ». J’y ai effectivement trouvé plusieurs plaintes présentées à des Cours internationales, mais aucune n’a été retenue par manque de preuves.
Pour en savoir plus sur tous les crimes qu’on lui impute, je me suis rendu à ce lien, sur Wikipedia, et j’y ai lu, entre autres, ce qui suit :
« Le gouvernement révolutionnaire avait décidé de punir de façon exemplaire les responsables des meurtres et des crimes commis sous la dictature (Ndr de Batista). Dans l’histoire cubaine, les tortures et les meurtres de patriotes et de combattants révolutionnaires avaient toujours été impunis, et le peuple espérait maintenant un changement : le pays entier exigeait la mort pour les assassins. Des tribunaux révolutionnaires furent établis et des jugements publics furent tenus, avec toutes les garanties pour les coupables. Les sentences appropriées furent rendues, y compris la peine capitale.
Dans les premiers mois qui suivent la Révolution, les opposants au régime prétendent que plusieurs centaines d’opposants sont exécutés en 1959, plusieurs milliers dans les années 1960. Plus de 600 partisans de Batista – ou considérés comme tels – auraient été exécutés dans les premiers temps de la Révolution cubaine et du régime castriste. D’autres opposants sont emprisonnés et la presse est censurée.
En fait, les accusés sont pour la plupart des officiels du régime de Batista: policiers, hommes politiques ou personnes influentes accusées d’avoir contribué à la répression à laquelle le régime s’était livré notamment en 1958 juste avant sa chute, des membres du « bureau de la répression des activités communistes » qui avaient recours à l’enlèvement, la torture et l’assassinat, ou des militaires accusés de crime de guerre, mais aussi des dissidents politiques[réf. nécessaire]. Seuls les militaires et policiers sont condamnés à mort, les civils étant conduits devant un autre tribunal. »
De ce texte je tire trois conclusions. La première est qu’après la victoire, des « tribunaux révolutionnaires furent établis et des jugements publics furent tenus, avec toutes les garanties pour les coupables. Sur ce point, Fidel, lors de sa visite au Chili, en 1971, avait reconnu, dans une de ses interventions, qu’il y avait eu des erreurs de commises et que des abus de pouvoir de la part de certains de ces tribunaux révolutionnaires avaient été rapportés. Il y aurait eu des règlements de compte. Dès qu’il en fut avisé, il avait aussitôt procédé à des changements pour que de telles pratiques ne se répètent pas. Rien à voir avec le comportement du tyran sanguinaire que nous présente notre presse officielle.
Le deuxième point repose essentiellement sur des prétentions et des «on dit» d’opposants au régime «. Il n’y a pas de faits fondés, de documentations qui reposent sur des analyses. Ainsi, le lecteur ou la lectrice peut dire «peut-être que oui et peut-être que non«. Ce n’est pas pour rien que la Cour internationale des droits de la personne n’ait retenu aucune plainte. Ils parlent également d’une centaine d’opposants exécutés dès 1959 et de plusieurs milliers durant les années 1960 à 1970. Dans ce dernier cas, une visite au lien suggéré ne m’a pas permis de voir un nombre précis de morts, pas plus que de connaître les circonstances dans lesquelles ils auraient été exécutés. S’agit-il de 1000, 2000, 3000 ou plus, nous ne le savons pas. Il en va de même pour les 600 participants de Batista qui « auraient été exécutées ». Dans tous ces cas nous marchons sur des rumeurs que les ennemis aiment transformer en faits.
Ceci dit, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une révolution armée contre un des dictateurs des plus sanguinaires qu’a connu Cuba. Il y a eu des combats, des morts, des arrestations et des condamnations. À la victoire de nombreux opposants se regroupèrent et poursuivirent leur lutte avec l’appui de Washington. On se souviendra de l’invasion de la Baie de Cochon par les anti-cubains venus de Miami avec des avions et des bateaux de combats pour envahir l’Ile et renverser la Révolution.Que dire des 630 et plus tentatives d’assassinat de Fidel Castro et de toutes les actions de sabotage dans les usines, les aéroports et les hôtels, l’agriculture. Depuis plus de 50 ans existe un blocus économique dont le seul objectif est de discréditer le régime et démontrer au monde que c’est un énorme fiasco. Tout cela ne peut se réaliser sans qu’il y ait quelque part des mesures prises par le gouvernement pour que les coupables soient arrêtés, jugés et condamnés conformément aux lois du pays.Il y a sans doute une «paille» dans l’oeil de ce petit pays, mais il ne faudrait pas ignorer la «poutre» que nous avons dans le nôtre.
Ma troisième remarque est que nous savons, aujourd’hui, plus que jamais, toute la facilité avec laquelle l’information peut se transformer en désinformation. Ce qui vient de se passer en Libye est un cas unique de désinformation à grande échelle. Ce n’est pas d’aujourd’hui que cela existe, mais aujourd’hui nous en voyons davantage les dessous. Par exemple, pour certains, l’intervention de l’OTAN en Libye fut une véritable intervention humanitaire alors que pour plusieurs autres, il s’agit d’un véritable désastre humanitaire. Dans un cas comme dans l’autre, le fait est qu’ il y a eu plus de 70 mille morts sur une période de 8 mois. Le sang de ces morts coule quelque part dans les mains de ceuxs qui ont ordonné ces crimes.
Ce que nous savons, toutefois, avec certitude au sujet de Fidel et de Cuba c’est que les valeurs de base que sont la subsistance, la santé, l’éducation et le sens de la solidarité ont atteint un niveau qui fait l’envie de nombreux pays. Nous savons également qu’il ne s’est pas enrichi à même son peuple, pas plus qu’avec la corruption internationale. Il n’a aucune fortune personnelle ni de châteaux ni de voitures de grand luxe. Il est resté lui-même, près des conditions de vie de son peuple. Ses enfants, qu’il n’a pas voulu différents des autres ,mènent une vie sans luxe et sans privilège. Nous sommes bien loin des Moubarak en Égypte, ou Ben Ali en Tunisie, deux grands alliés de Washington.
Aujourd’hui, Fidel Castro, à 85 ans, poursuit ses réflexions sur les grands problèmes du monde. Il parle, entre autres, de l’importance de protéger l’environnement, de la nécessité de la solidarité devenue indispensable à la survivance des peuples. Il rappelle avec encore plus d’actualité les dangers que représentent toujours le capitalisme et l’impérialisme pour la justice et la paix dans le monde.
Ceux et celles qui s’en approchent découvrent le sage, l’humaniste, le révolutionnaire dont le regard porte toujours sur la liberté des peuples et le bien-être de tous et de toutes. Ce n’est pas pour rien que de nombreux chefs d’État du monde, soucieux du bien-être de leur peuple, vont à sa rencontre pour s’en inspirer. Celui que les adversaires prennent plaisir à présenter comme un tyran aux mains souillées de sang, se révèle être le révolutionnaire ayant toujours à cœur la libération des peuples pour qu’ils s’assument dans la solidarité et le respect mutuel. Sa vie est en continuité avec ses principes et ses idéaux. Qui de nos chefs d’État peut en dire autant?
Oscar Fortin
Québec, le 13 novembre 2011
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Union Révolution Citoyenne