Extrait du canard enchainé de cette semaine :
Agriculture biologique : l’État montre l’exemple. C’est le titre du communiqué de presse triomphant que le ministère de l’écologie et du développement durable a pondu le 19 décembre dernier. L’état servira dans ses cantines 20% de produits bio d’ici 2012 : génial non ? Bravo à Jean-Louis Borloo, qui, moins de deux mois après le Grenelle de l’environnement, a dégainé avec son camarade de l’agriculture Michel Barnier cette circulaire biologique. Sauf que François Fillon n’ayant jamais posé sa griffe dessus, elle dort toujours dans ses tiroirs…
Pourtant, il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard : les 20% de bio ne concernent que les cantines des fonctionnaires. Pas tous : uniquement les personnels des ministères et des préfectures. A la trappes, les élèves et les 900000 profs qui mangent à la cantine scolaire mais aussi les pensionnaires des maisons de retraites, les malades hospitalisés ou encore les détenus dans les prisons. Au final, lorsque cette circulaire sera signée, cela fera combien d’assiettes ? Personne n’est capable de répondre. Ni chez Borloo, ni chez Barnier, ni chez Fillon. La Fédération nationale pour l’agriculture biologique, qui a naïvement posé la question, attend toujours une réponse. La seule chose dont on est sûr, c’est que la filière “AB”, avec seulement 2% de la surface agricole, a déjà du mal à remplir les chariots. Bref, plutôt que donner un vrai coup de pouce aux 7500 paysans qui font de l’agriculture biologique, on nous sort du chapeau une mesure qui va faire acheter encore plus de bio à l’étranger. Ce qui n’est pas très écologique… C’est sans doute ce que l’on appelle le bio bling-bling.
Une fois de plus, on constate que derrière le grand tapage du Grenelle de l’environnement, les belles promesses ne seront pas suivies d’applications concrètes. Mais en fait, on s’en doutait déjà, il ne s’agit que d’une confirmation supplémentaire.