Me voilà pris ces derniers temps d'un étrange vertige. Il y a plus d'événements dans le fil de mes jours que ce qui est fixé dans ce blog. Le langage ne m'est que d'un menu secours. Les histoires glissent entre mes mains. Insensible et perplexe, je regarde la mer qui s'éloigne, je regarde les rues qui m'échappent, je regarde les fleurs qui s'étiolent. Je regarde plein de choses, sans que mon esprit ne bronche. Comme si je n'étais plus branché. Comme si j'avais scié la branche sur laquelle j'étais assis.
Je ne bouge pas de là. Vous pouvez être tranquille. Je lis, j'écris, je dépense mes dernières cartouches. Je puise au fond de mon âme les vestiges de mes soupirs d'antan. Je suis dans le noir et je ne vois aucune lueur. Tout est vanité, disait l'homme sage. Les joies, les pleurs, le succès, la beauté, l'intelligence. Tout n'est que brume évanescente. Je regarde les mots, je relis les phrases, et cela ne veut rien dire. Je ne veux pas de sens, je ne veux pas de cohérence, je ne veux pas de clémence.