Derrière les effets de manche, le drapé des ciselures stylistique de discours écrits par d’autres, la grandeur d’une vision qui se cogne pourtant à la réalité la plus immédiate, Notre Président se vautre depuis toujours dans le minuscule. Qu’on n’attende pourtant pas ici un clin d’œil à ces médisants surnoms que le pauvre homme traîne comme un boulet, surnoms d’autant plus injustes qu’ils portent atteinte à de véritables géants de la peinture : Les frères Le Nain. Ici, c'est propre, Monsieur!
Non, ce président est passé maître dans l’art du minimal tout en osant se parer de l'illusion de grandeur ce qui est pour le moins baroque. Et ceci avec cette aisance du marchand de sable qui nous endort en jetant sa poussière étoilée pour nous éblouir. Ainsi son Union pour la Méditerranée dont il se voulut Empereur échoua-t- elle sur l’oubli et l’exil d’un quelconque bureau à… Barcelone !
Ainsi…
Mais faut-il poursuivre cette litanie de minusculités quand, seul celui qui serait affecté d’une sévère myopie sur un présent amnésique, pourrait encore percevoir là de la grandeur en lieu de boursouflure.
Ainsi, quotidiennement, Notre Président ne gère-t-il pas la crise, ne laboure-t-il pas l’avenir avec de grandes réformes fiscales par exemple, mais se contente-t-il , au mieux, au gré de ses étapes provinciales, de décider ici de combattre la fraude sociale - laquelle n’est pourtant rien comparée à toutes les fraudes sur les subventions. Ou celles de certains pharmaciens et de gros propriétaires terriens d’autant plus importantes qu’elles sont d’ordre économique. Ou bien cette fraude qui consiste, jour après jour, pour Notre Président de mener une campagne électorale sur les fonds publics...
Ou bien ailleurs, le lendemain, s’en prend-il aux "faux malades"… Toujours la même obsession des profiteurs - lesquels sont pauvres par définition, tandis que les riches, c’est connu, ne profitent de rien et que l’argent leur est tombé du ciel. Car c’est connu aussi, les pauvres sont pauvres parce qu’ils ne travaillent pas assez et le riche est riche pour travailler même quand il dort. La preuve c’est que ce faignant d’ouvrier chinois est plus pauvre que l’industrieux Prince de Monaco.
Qui dira encore qu’il n’est pas proche des gens ? A se demander si Pernaud lui-même ne serait pas encore un meilleur Président !Mais "les gens" sont-ils assez stupides pour ne pas comprendre que l'image qu'il nous renvoie de nous-même est pour le moins humiliante? La morgue des puissants.
J'aime ces phrases de Christian Bobin dans "L'inespérée": "Le mot de peuple est un des plus beaux mots de la langue française. Il dit le manque et l'entêtement, la noblesse des gueux sous l'incurie des nobles. Il dit le contraire exact de ce que dit la télévision."
Loin des hauteurs, loin du peuple, Notre Président, fait du rase mottes. Sans doute heurtera-t-il les flancs d’un Olympe qu’il n’aura jamais connu.