Il est désormais courant d’entendre que l’économie mondiale est en crise, et que dans ce contexte de conjoncture difficile, mieux vaut patienter pour s’affairer, que des jours meilleurs fassent briller nos portes-feuilles. Les bourses clôturant en baisse, scrutant les monnaies en dévaluation, la finance en effervescence entraîne avec sa chute le délabrement de l’État.
Cette crise serait donc une sorte de trou noir absorbant tout, surtout les capitaux, contre lequel il est impossible de lutter car personne ne l’aurait générée, tant il est inconcevable autant qu’impossible de lutter contre le libre et naturel cours du marché. La crise mondiale, la plus grave depuis les années qui ont précédé les fascismes en Europe, serait une résultante de la mondialisation : puisque le marché est vertueux, cyclique et libre de tout contrôle étatique, il se régulera de lui-même après l’orage bancaire. Quelle naïveté ! Comprendre plutôt qu’il est naturel voire biologiquement intrinsèque à l’Humanité que 99% de la population subissent le dernier pour-cent boursouflé de kilos dollars, qui impose sa loi, affame, tyrannise et tétanise la planète…
La concupiscence pour l’accumulation des biens matériels est telle dans le comportement des acteurs sociaux, quels qu’ils soient, qu’elle est un leitmotiv, une norme de conduite où l’antisocial devient social : Le pauvre adule son maître bourgeois, il surconsomme, il aspire à vivre comme lui et se ruine pour cela. La classe moyenne précaire, elle, dénigre les pauvres et fait flamber son compte bancaire. La classe moyenne supérieure est celle qui épargne sur les marchés financiers, elle cire les pompes de la classe possédante juste au dessus d’elle. Le pire d’hier devient la normalité d’aujourd’hui, la mémoire se raccourcit et l’espoir s’amenuise. Et oui, le capitalisme marchand a toujours existé, et se maintient dès lors que s’opère une tractation entre deux individus. Il y a toujours une valeur à toute chose, et un prix à l’échange.
Depuis 2008, la croissance économique des pays occidentaux est molle voire
Résultat, si l’on pousse l’idéologie à l’extrême, encore cinq-six ans de régression
L’idéologie des néolibéraux est à son paroxysme : instaurer un anarchisme libéral affranchi des États-Nations, l’oligarchie pure. Et la crise qui dure depuis 2008 est une aubaine pour les maîtres du monde. L’instabilité économique leur est dangereuse à une époque où l’indignation populaire monte en intensité. Mais pourtant, l’assujettissement des gouvernements à leur doxa, permet de réaliser un putsch monumental en toute impunité. Ce que nous nous apprêtons à vivre en France, en Europe occidentale, ce que vivent déjà les européens du sud, n’est pas une crise financière. C’est un coup d’État de la finance sur l’État. Ou plutôt, une Offre Publique d’Achat (OPA) d’un Empire sur un État. La situation alarmante de la Grèce en 2011 éclaire sur cette vision.
En 2011, 737 personnes morales détiennent 80% des valeurs des entreprises mondiales (2). Cette stratégie est actuellement installée en Europe du Sud, où la troïka (FMI, Banque Centrale, Commission Européenne) a déclaré la guerre à la population.
En Grèce, le salaire minimum a été réduit à 600 euros mensuels (3), et les tarif
s ont augmenté de 100% sur la consommation du pétrole et du fuel. Le prix de l’électricité, du gaz et des transports publics ont accusé une hausse de 50%. On ne nous fera plus croire que la concurrence pure et parfaite existe, et qu’elle permet de faire baisser les tarifs. Un tiers des entreprises commerciales auraient fermé leurs portes, et ne seraient plus en mesure de payer les salaires. Les ménages en couple atteignant 2000 euros chacun n’ont désormais que 400 euros d’allocations chômage qui sont versées avec des retards d’un mois à deux. Nombre de fonctionnaires, quand ils sont encore en poste, ne sont plus rémunérés. Pourtant, 97% des fonds alloués par l’Union Européenne et le FMI ont bénéficié aux banques qui encaissent des intérêts colossaux pendant que le service de la dette repose sur des contribuables déjà paupérisés. S’ajoute à cela une part de 40% des jeunes diplômés étant condamnés au chômage structurel, et ceux qui ont la chance de pouvoir travailler voient leurs rétributions s’amenuiser, ou perçoivent au noir les fruits de leur labeur. Éradiqués les acquis sociaux, pulvérisées ont été les recettes fiscales, jeté aux rois de la jungle a été l’État grec.
Pendant ce temps, les médias dominants crient à la malhonnêteté des travailleurs grecs qui font du black, plongent l’économie dans le trou noir informel et qui augmenterait la dette publique. Il est vrai que les médias bourgeois seront plus enclins à expliquer le chaos par la fainéantise d’un peuple plutôt que d’évoquer l’avidité des représentants de la troïka. Les milliards qui ont été donnés en échange de ces plans d’ajustement structurels à répétition, sous couvert d’aide massive, ont servi à engraisser les poches des actionnaires et des banquiers, et l’on veut expliquer à l’auditeur européen que le grec, l’espagnol, l’italien, le portugais ou le français ont un comportement vicieux. Petit exemple d’avidité des places boursières : lorsque les banques frôlaient la faillite en 2008, l’Union Européenne s’est attelée lors du G20 à rembourser les mauvaises créances en consentant aux établissements de crédit des prêts à 2% d’intérêt. Quelques années plus tard, ces banques prêtaient à 12% (2009), puis 18% (2011) aux États lorsqu’ils approchaient le défaut de paiement. Expliquer la crise de la dette par la malhonnêteté d’un peuple, est un peu comme expliquer la famine en Afrique par le soleil : empêcher de réfléchir et se tromper d’ennemi. La guerre est déclarée à l’Europe. Et le terrorisme économique colonialiste que vit l’Europe aujourd’hui est le même que celui dont l’Afrique a souffert tout au long du 20ème siècle et dont les stigmates courent encore aujourd’hui d’une manière trop criante : une tiers-mondisation des pays riches au bénéfice de quelques uns.
Le constat est simple : la Grèce subit un coup d’État de la finance qui fait son OPA sur les institutions, et ce pays, première victime européenne de tiers-mondisation, est en train de subir ce qui nous attend plus au nord si les dernières vraies élections à venir ne concrétisent pas le souhait de millions d’indignés silencieux en effervescence : changer ce rouage systémique. Résister aux « chocs » économiques. Nous ne sommes plus des veines prêtes à recevoir des injections en seringue d’austérité comme on prescrit des antibiotiques à un simple rhume. Ce ne sont pas aux peuples de payer la bêtise des capitalistes, encore moins d’en payer les dettes, et s’il y a une cure à infliger, elle est à administrer aux classes possédantes, une cure de bien public et commun qui voudrait que tout le monde puisse jouir d’une existence décente. La solution alternative est pourtant simple à appliquer, tant l’action publique pourrait adjoindre la participation de tous à l’altermondialisation de la planète, dans le démantèlement de l’économie néolibérale (réformer le FMI, l’OMC, la Banque Mondiale et l’Euro, empêcher les délocalisations et la mainmise de la bourse sur les institutions publiques), redonner à l’État une justice sociale, une souveraineté économique, sociale, et politique, répartir les richesses de manière équitable. En France, rédiger une sixième constitution qui soit citoyenne, participative et socialiste. Bref, agir et éviter que le pire d’aujourd’hui ne se transforme en calvaire quotidien, en soumission atroce à la dictature totalitaire des marchés financiers et entreprises multinationales.
A la suite d’une crise d’ampleur suffisamment conséquente pour qu’elle fasse
J’attends ce moment où un enfant se rend compte qu’on se moque de lui, que le Père Noël n’existe pas, sans que les parents perchés dans leur tour d’ivoire, n’aient pu anticiper le déclic cognitif…Déclic qui se fera par les urnes ou avec violence. L’idéologie néolibérale vit ses derniers mois, c’est pour cela que ses tenants accélèrent le processus de libéralisation. La suite n’est plus qu’une question de temps. Nous sommes dans un bolide traçant dans le brouillard sans aucune visibilité. Les élections de 2012, pour ce qui est de la France, promettent peut-être de se montrer les plus intéressantes qui soient depuis 1958. Car chose qui ne s’est jamais produite, c’est la première fois que la gauche (« extrême ») socialiste semble unie et constructive sur un même front, autour d’un projet de société alternatif de taille. Agissons.Samuel Moleaud.
Source : actualutte.info
Union Révolution Citoyenne