Le très sarkozyste Michel Barnier, aujourd’hui commissaire européen aux services financiers depuis qu’il y a été propulsé par le président français, s’agite dans les médias pour annoncer que la Commission Européenne pourrait prendre des mesures à l’encontre des agences de notation.
De quoi s’agit-il ? Dorénavant, la notation de certains états pourrait être suspendue dans certaines circonstances “exceptionnelles”.
On pourrait se tordre de rire devant le ridicule de cette proposition si encore une fois il ne s’agissait pas de notre quotidien à vous et à moi.
Prenons quelques minutes pour réfléchir au fonctionnement des marchés :
Le taux d’intérêt accordé aux états pour financer leur dette dépend de l’idée que se font les financeurs du risque qu’ils prennent en prétant à un état donné. Leur opinion se forge selon un processus de “convergence cognitive”, à partir des informations qu’ils ont sur ce pays ainsi que sur des “croyances” aussi bien individuelles que propres au secteur.
La note accordée par telle ou telle agence de notation n’est qu’un élément parmi d’autre parmi ceux sur lesquels s’appuient les banquiers pour fixer leur taux d’intérêt. Il suffit pour s’en convaincre, de voir le différentiel de taux d’intérêt des prêts accordés à l’Allemagne et ceux accordés à la France en ce moment, alors que ces deux pays sont formellement notés “AAA”.
Imaginons un instant l’impact dévastateur que pourrait avoir sur l’opinion de prêteurs si d’aventure un pays venait à être suspendu de notation. Ce serait à peu près comme essayer d’assurer une maison en annonçant que celle-ci est en train d’être dévorée par les flammes ! Il y a fort à parier que la prime d’assurance serait à peu près égale à trois fois le prix de la maison en question.
Qui peut penser un seul instant que les marchés penseront que l’on suspend la notation d’un pays pour cacher sa bonne santé financière ? Personne, pas même Michel Barnier, ni même Sarkozy bien sûr.
Le résultat d’une telle suspension serait immédiatement une augmentation des taux d’intérêts, augmentation d’autant plus significative que rien de tel pour créer de la suspicion que de donner l’impression de cacher des choses ….
Encore une fois, il s’agit de pure propagande électorale, le candidat Sarkozy à l’assaut des marchés pour sauver l’Europe.
Sous la propagande, la réalité : c’est vous et moi qui payons chaque jour des intérêts iniques à des financiers privés.
La seule question qui vaille ? Pourquoi le traité de Lisbonne interdit-il à la banque centrale européenne de prêter aux Etats, et de le faire à un taux acceptable ? Mais cette question là, les amis de Sarkozy ne souhaitent pas vraiment qu’elle soit discutée par vous et moi.