Les Collines de l'est de Jean Frieustié

Par Eparsa


Neuf nouvelles, neuf cas d’humanité sur lesquels se penche Jean Freustié, avec le sourire noir, l’amertume un peu sèche et la tristesse du médecin qu’il fut et qui «fait» une salle ou une cage d’escalier, lit après lit, patient après patient, souffrances après souffrances. Défilent sous nos yeux, ouverts et comme gisant là: les souvenirs faussement sardoniques d’un toubib militaire durant la déroute de 40, l’exhibition d’une solitaire dénichée hors de sa tanière ordurière, l’envoi d’un cliché qui décadre l’ordre d’une vie, les nuits blanches et sanglantes d’un urgentiste, les derniers instants d’un suicidé, ceux d’une vie d'aïeule. Entre «Désenchantement» et «L’Attrait du malheur», les stations détaillées d’une Passion sans Dieu ni rédemption. Rien que vies à bout de course, autour desquelles tournoie «l’aigle aveugle» de la mort, dont on guette l’attaque en piqué.
C’est peut-être dans ce recueil de neuf nouvelles paru chez Grasset en 1967 que s’exprime le mieux le talent presque insaisissable de Jean Freustié. Nostalgie, tendresse, humour, émotion, gravité, moquerie, tout se mêle chez cet écrivain secret, un des rares romanciers qui sache être sincère sans tapage ni provocation.


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