Pas encore assez souffert…

Publié le 23 septembre 2011 par Chapitre5.com

La pression du monde  financier sur le milieu politique s’accentue depuis Avril dernier. Elle prend maintenant une forme extrême. Celle d’un krach financier général, bourses et banques, qui doit affoler les opinions publiques. Et obliger les « dirigeants politiques » à prendre les mesures de rétablissement des finances publiques qui s’imposent. Pas besoin de théorie du complot. C’est seulement la constatation que l’endettement public est devenu insupportable. Plus personne ne veut prêter aux Etats du monde atlantique. L’Etat providence ne peut plus distribuer à crédit; il lui faut faire des choix parce qu’il doit payer au comptant. Et donc mécontenter certains lobbies.

Pour renforcer le message, la solidité des banques est mise en cause. Là, il n’ y a pas que les détenteurs d’actions qui sont concernés (une minorité); c’est tout le monde. Les média y sont utiles. Ph. Béchade raconte sur son site (Agora.fr) que Mr. Hoaxlies, canadien installé dans la Creuse a trouvé vide le distributeur de billets de la BNP dans son village; ainsi que celui du village d’à côté. Il annonce donc à un journaliste de son pays que la BNP manque de liquidités, ce qui le lendemain, se traduit par un article dans le Wall Street Journal et un effondrement du titre ! Génial, non? Ce matin, c’est Mr. Prot qui est parti chercher des pétrodollars dans le Golfe, Axa qui vend en hâte sa division private equity.  Et ça ne coûte pas cher à manipuler.

Nous l’avions anticipé en Avril dernier, quand la Fed a décidé de ne plus injecter de monnaie dans l’économie. Pas de nouveau QE. Cf notre post du 18/10: les grandes banques et familles US se sont refait une santé et exigent que les finances publiques en fassent autant.  L’ économie est donc laissée à elle-même, et la dépression/crise commencée en 2007 va suivre son cours normal. Elle aura donc une fin, quand l’excès d’endettement sera résorbé, comme toujours. Et c’est bien parti: les encours de cartes de crédit à la consommation  diminuent fortement partout, en France(-6,6% sur 1 an) et aux USA (-12). Cela explique la baisse de la consommation. Fin du processus vers 2015 par un retour à un taux d’épargne/endettement historique et raisonnable.

Le coût social de cette politique sera moindre que celui de la fuite en avant à l’aide de la planche à billets. Les assignats se terminent toujours mal. Bien sur celle-ci est préférée par les politiques qui ont peur de se faire battre aux élections: la distribution de billets de banque est populaire et ce fut la politique de notre 4ème république recommencée en 1981. Mais l’illusion monétaire mène à la ruine des caisses de retraite et fonds de pension.  Donc des vieux et des humbles qui ne savent pas s’en protéger. Et au repli de l’ épargne nationale sur les valeurs refuge, Suisse, or, placements en valeurs de pays « sérieux ». A propos: l’ Asie est devenue sérieuse…

Sauf à poser des micros dans les bureaux des dirigeants, nous ne pouvons pas savoir quand ils vont craquer. Bien sur ils finiront par craquer devant l’affolement du public; et feront le travail devant lequel ils reculent depuis 10 ans. Ils diront du mal du capitalisme et voilà tout.  C’est une des limites de la démocratie: les De Gaulle, Reagan ou Churchill ne peuvent se révéler que dans les périodes grâvissimes telles une guerre; ou un risque d’ hyper-inflation comme en 1980 aux USA. Les temps ordinaires produisent plutôt des… Edouard Herriot pour ne citer que des morts.

Donc il faut leur mettre la pression. C’est en cours.

Acheter sur les cours actuels est tentant. Il y a de vraies sous-valorisations, qu’une baisse des bénéfices avec la récession ne suffit pas à justifier. On est déjà sur les PER historiques  de sortie de crise, entre 6 et 10. Donc, si on peut saisir une bonne occasion quand les marchés s’effondrent, il est encore trop tôt pour sortir de notre prudence des derniers 9 mois. Les 2600 annoncés ici sont proches.

Quand même: ce n’ est pas la 1ère fois qu’il y a des attaques sur les banques. Quand la panique est finie, leurs cours se multiplient, par 30 la dernière fois pour BOFA, ou par 10 pour City. Et les grandes banques classées « systémiques » à Bâle depuis le printemps, sont désormais garanties…