Environnement : peut-on vivre un an sans consommer d'huile de palme ?

Publié le 15 novembre 2011 par Bioaddict @bioaddict

 


Telle est la question que s'est posée un étudiant alsacien, désireux d'agir contre le fléau de l'huile de palme. Devenue un défi personnel, puis une opération de sensibilisation, cette expérience a donné naissance à un blog, véritable mine d'informations pour le consommateur...

Andrien Gontier, doctorant de 25 ans à l'Université de Strasbourg, est bien conscient que le problème de l'huile de palme ne se résume pas au simple boycott de l'huile de palme. Consomm'acteur de longue date, l'étudiant en géochimie souhaitait franchir un pas supplémentaire pour susciter une réelle prise de conscience, au-delà de son cercle d'amis. En s'inspirant de la démarche de la journaliste américaine, Sara Bongiorni, qui a tenté de vivre un an sans acheter de produits made in china, il décide en juillet dernier de lancer son blog "Vivre un an sans huile de palme ". Pour " alerter l'opinion en partageant mes découvertes et me lancer dans une aventure humaine ".

Dans sa quête d'une consommation dépourvue d'huile de palme, il décide d'inclure tous les dérivés de cette huile riche en acides gras saturés. " J'ai recensé 80 dérivés d'huile de palme, désignés par tout un tas d'appellations difficiles à identifier pour le consommateur ". Parmi elles : le E 471, l'acide palmitique ou encore le laurysulfate de sodium... (Rendez-vous sur son blog pour les découvrir)

Les faux labels durables...

Passionné d'écologie, le jeune étudiant au discours rodé (mais pas formaté) sait qu'en choisissant l'huile de palme et ses dérivés, il a plus de chance de toucher le grand public. "Avec l'huile de palme, c'est la première fois que j'ai autant de retours positifs. C'est déjà une victoire de voir que les gens ne sont pas hermétiques " se félicite Adrien Gontier. Et pour cause, depuis quelques années, les rapports de scientifiques, d'ONG et d'institutions internationales dénonçant les impacts sanitaires et environnementaux de la palme, se multiplient. Principal chef d'accusation : les entreprises agroalimentaires s'accaparent les terres pour les convertir à cette monoculture en expulsant les populations autochtones.

Pour lui, le problème de l'huile de palme ne se résume donc pas à ses effets néfastes pour la santé : "l'huile de palme c'est surtout un désastre environnemental : la déforestation et la perte de biodiversité ; le problème des populations qui vivent autour des plantations (...). 350 millions de personnes dans le monde dépendent des ressources forestières !", rappelle-t-il.

Et l'huile de palme bio dans tout ça ? " Attention, le consommateur se méprend souvent. Dans l'attribution du label AB, il n'y pas de mention d'interdiction à la déforestation". Résultat : les produits bio contiennent souvent de l'huile de palme (non bio !) car les labels durables sont rares et pas toujours fiables. Comme pour les autres produits alimentaires, les labels dits "durables" mis en place par les industriels eux-même, restent vagues. Souvent, ces derniers s'intéressant aux conditions de travail des employés de la plantation et à la dépollution des eaux usées. Les quotas de déforestation définis demeurent quant à eux insuffisants.

Une huile omniprésente dans les supermarchés

Du coup, un an sans huile de palme, est-ce un remake de " mission impossible " ? Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), l'huile de palme est présente dans 50% des produits transformés, emballés et vendus en France. La tâche semble difficile mais " pas impossible ", affirme l'étudiant. " Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas l'alimentaire le plus difficile mais les produits d'hygiène et d'entretien ! Gels douches, parfums, déodorants, liquides vaiselles (...) : ils contiennent très souvent du laurylsulfate de sodium ( ndlr : ou aureth sulfate sodium)". Dès lors, il devient compliqué de garder une bonne hygiène sans faire appel aux dérivés d'huile de palme ! Et pour ceux qui n'aimeraient pas cuisiner, la tâche s'annonce également très difficile : " il faut acheter des produits frais. Certains produits comme les pâtes à tartes sont quasiment introuvables sans huile de palme. Ce qui oblige forcément à cuisiner ! " raconte Adrien Gontier.

Une telle démarche mérite d'être soulignée pour la difficulté de l'objectif fixé et son aspect pédagogique. En effet, sur son blog, l'étudiant passe aux cribles divers produits de consommation courante et guide le consommateur parmi les appellations scientifiques complexes qui figurent au dos des emballages. Certes, aujourd'hui, le vrai enjeu est de réduire globalement notre consommation d'huile végétale, et nos besoins en carburants. Mais à travers l'exemple de l'huile de palme, c'est notre mode de consommation et les mensonges des industriels qui sont dénoncés.

Alicia Muñoz