Rien pourtant ne nous aura été épargné. Ni la longue liste d’adjectifs exaltés ni la pléthore de phrases auto-satisfaites. Ni le sourire ravi ni le côté présenté messianique de l’objet vendu. Oui, mais bon, il faut les bazarder ces aspirateurs jeux vidéo. Après tout, il y a des gens derrière ; des gens qui ont faim, comme nous, des gens qui ont besoin d’amour (et par Crom ! ça coûte cher l’amour), des gens qui ont besoin de liquidités pour leurs sorties bimensuelles au casino de Trouville ou à la biennale des philatélistes d’Autry-le-Famenne. On l’oublie trop souvent, même s’il existe quelques nantis, des nababs de la profession, du gabarit de John Romero, Sid Meier ou Miyamoto – dont vous retrouverez aisément la trace sur Wikipedia -, on nage hélas tous dans cette même forfanterie qui nous pousse à la lutte, aujourd’hui, demain (et toujours ?).
Alors évidemment, m’objecteront quelques proches, la compétition c’est le terreau de notre prospérité. Et on grimpe, on grimpe. De Wolfenstein 3D à Rage (notez, dans le cas improbable où vous ne le sauriez pas, que id software est/était aux commandes sur les deux projets), de Kick off le vénérable de 1989 à PES 2012 le blockbuster photo-réaliste, des lignes de commande DOS aux écrans tactiles sous iOS. Et continue malgré tout le manège, dont nous ne sommes plus dupes, du grand maquillage pour un 1er soir, celui de la rencontre, sorte de speed dating en cinq minutes grand maximum de lecture, celui où on va se chercher, se découvrir, en apprendre plus et voire si l’on acceptera de se jeter dans l’aventure. Une nuit si c’est peu onéreux ou, et ici guère d’élus, pour la vie. C’est le distinguo qui nous apparaît entre une petite jouissance sans lendemain à la Angry Birds et le bonheur éternel que nous lègue Civilization IV, accompagné de sa cohorte de fans enragés et de sa liste sans fin de mods.
Il reste néanmoins assez évident qu’on veut nous charmer, nous tromper et nous pousser au vice, à faire un papier, le plus élogieux et le plus long possible, sur les jeux mis en scène dans ces communiqués. Heureusement, la décision nous appartient de dire du bien, du mal ou carrément rien de ces différentes productions. Et à la vérité, mais ça relève de l’utopie stakhanoviste, on aimerait beaucoup vous faire part de tout ce qui sort ; sur Terre ou ailleurs, pour votre plaisir et pour le nôtre. C’est juste impossible.