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Malheur au vaincu

Publié le 15 novembre 2011 par Copeau @Contrepoints

L’extension à l’Italie de la crise de l’euro doit permettre de faire émerger un électrochoc libéral en France de toute urgence, où le chemin sera le même que celui de l’Italie.

Un article de Jacques Garello, publié en collaboration avec l’Aleps.

Malheur au vaincu
Malheur au vaincu.

Depuis Cannes, on savait que le sort de Silvio Berlusconi était scellé. Les grands de ce monde avaient lié l’importance de la dette italienne à la présence du Cavaliere à la tête du gouvernement italien, comme s’il y avait entre les deux un rapport de cause à effet. En fait, sans vouloir prendre la défense d’un homme détestable à plus d’un point de vue, je trouve injuste de lui faire payer l’incurie de l’Etat italien. L’Italie souffre depuis des années d’un dualisme géographique : le Nord travaille pour le Sud. Bien que les régions aient un pouvoir très supérieur à celui de leurs homologues françaises, le budget national ne cesse de redistribuer, notamment à travers l’entretien d’une armée pléthorique de fonctionnaires. C’est ce mal structurel qu’il est difficile d’éliminer, sauf à admettre comme Umberto Bossi et la Ligue du Nord qu’il faut passer à un  véritable fédéralisme fiscal.

Les grands de ce monde auraient tort d’accabler le vaincu. Ils se croient à la tribune, s’érigeant en juges et moralisateurs, mais ils sont, comme lui, dans l’arène, et menacés par les lions de la dette publique.

On l’a très vite compris : maintenant ce n’est plus l’Italie qui est en premier ligne, mais bien la France. Le fusible Berlusconi a pu sauter, les risques l’électrocution financière sont bien là. Peut-être le Président et le gouvernement français en ont-ils pris conscience en allant dans la direction de la « rigueur ». Mais ils se hâtent lentement, et les lions courent très vite.

En France, le mal structurel est aussi profond qu’il l’est en Italie, même s’il ne prend pas une dimension géographique. Il y a depuis des lustres des millions de Français qui se voient priver de ce qu’ils ont gagné pour entretenir les princesses de la République. Il ne s’agit pas seulement des fonctionnaires, mais de tous ceux qui bénéficient de la redistribution dont les finances publiques sont l’instrument. Loin de moi l’envie de dresser les Français les uns contre les autres, il y a déjà assez de haine dans notre pays. Ce ne sont pas les personnes qui sont en cause, mais les institutions, qui permettent d’accorder d’un côté privilèges, subventions et promotions tandis que de l’autre on accumulera réglementations, prélèvements et condamnations. Certes les institutions ne sont pas là par hasard et au départ il y a eu le poids des corporatismes ou de la démagogie électorale, formes éminentes de la corruption de la démocratie. Mais les hommes intelligents que sont les Français savent tirer parti des faiblesses d’un système devenu imbécile.

Alors, comment éviter l’ultime étape du déclin français ?

Les Allemands la redoutent, mais ils ne veulent pas payer pour les efforts que nous refusons de faire. Ils sont prêts à abandonner l’euro et toute idée de solidarité européenne à sens unique.

L’ultime étape n’est donc pas lointaine, elle n’attendra peut-être pas le printemps prochain, contrairement aux espoirs que nourrissait Nicolas Sarkozy naguère. L’euro, monnaie politique, n’a tenu à ce jour que par un fil politique : la bonne volonté de la chancelière. Peut-être encore la sympathie du bon Président Obama, qui lui aussi est dans l’arène, comme les autres.

C’est dire qu’à mon sens c’est maintenant ou jamais.

C’est maintenant qu’il faut provoquer un électrochoc libéral. C’est ce qu’ont plaidé Hervé Novelli et Alain Madelin au cours du rassemblement de la « galaxie libérale » mercredi dernier à Paris. Sur le fond, ils ont raison. Mais quelles sont les chances qu’ils soient écoutés ?

Quel geste pourrait marquer la rupture avec cet Etat Providence qui est seul responsable de A à Z de tous les maux qu’endure le monde entier ?

Je ne peux me défaire d’un certain pessimisme car d’une part je crains que l’UMP ne cesse de prôner l’union, c’est-à-dire le fourre-tout électoral, d’autre part j’ai compris que certains libéraux sont prêts à vendre leurs convictions pour un plat de lentilles.

Fidèle à la ligne de conduite qu’ont adoptée l’ALEPS et d’autres organisations de la mouvance libérale, je m’interdirai toute approche partisane, et je continuerai à assurer la seule mission claire et nette qui m’incombe aujourd’hui : démasquer l’Etat Providence, mais plus encore expliquer aux Français (qui l’ignorent) qu’il y a une espérance libérale, c’est-à-dire des solutions concrètes à base de privatisations, de déréglementations, de défiscalisations, qui peuvent nous valoir une reprise économique, seule sortie de crise pensable, et nous éviter le cataclysme financier.

De toutes façons ce travail de pédagogie libérale ne sera jamais perdu, quelle que soit l’évolution de la vie politique française dans les prochains mois. Mais il ne peut être efficace que si la mobilisation n’est pas seulement celle de quelques intellectuels libéraux attardés, mais aussi celle de la société civile enfin sortie de son silence et de ses peurs. C’est pourquoi j’exhorte une fois de plus les hommes et les femmes de bonne volonté à se rassembler, à soutenir les associations et instituts qui travaillent à la pédagogie libérale et, faut-il le préciser, l’ALEPS leur offre de ce point de vue toutes garanties d’indépendance et de rigueur.

Il n’y a aucune raison d’être résignés. Tôt ou tard, l’électrochoc libéral devra se produire. Faisons ensuite que ce soit le plus tôt possible. Mais que le temps est court !

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