La « stratégie » des hommes politiques canadiens pour résorber le déficit des caisses de retraite des fonctionnaires met l’existence même de ces caisses en danger.
Un article de David Descôteaux.
En lisant les propos de la ministre Michelle Courchesne dans nos pages hier, je me suis demandé : sur quelle planète vivent nos politiciens?Rappelons les faits : il manque environ 40 milliards $ (en comptant la valeur au marché du fonds d’amortissement) pour payer les retraites promises aux fonctionnaires. Milliards que des contribuables — la plupart sans régime de retraite — devront payer de leurs poches.
Mais selon Mme Courchesne, il faut éviter de tirer des conclusions alarmistes.
En vertu de la nouvelle convention collective, le taux de cotisations des employés va passer de 8,19 % à 9,69 % en 2013, dit-elle. Ceci permettra de « mieux capitaliser les régimes ».
Bravo. Mais ça n’empêchera pas le trou de se creuser. Le nombre de prestataires grimpe d’au moins 5 % par année. L’État versait 4,8 milliards $ en prestations aux retraités en 2006, et cette somme va doubler à 10 milliards d’ici 2020.
Bah. La ministre dit que les rendements boursiers pourraient croître dans les prochaines années. L’argent placé à la Caisse de dépôt pourrait alors fructifier.
Nous sommes au beau milieu de ce qui pourrait être la plus grande — et longue — crise économique des 50 dernières années. Le marché boursier est un champ de mines. C’est ça la stratégie? 2008, ça ne vous dit rien? Quand la Caisse de dépôt a perdu 40 milliards?
Ne soyons pas alarmistes, répète la ministre. Après 2020, on pourrait assister à un « redressement de la courbe démographique ».
Pour chaque retraité, nous avons aujourd’hui près de 4 travailleurs. En 2031, ce ratio sera de deux pour un, selon les économistes. Oui, la tendance va changer — elle va empirer!
Mais pas question d’abandonner le principe de régime à prestations déterminées (qui garantit les sommes versées), dit-elle. On va se contenter de « réfléchir » à la question.
Réfléchir? Il faut agir, et tout de suite. Plus on attend, plus on empire le problème. D’ailleurs, les fonctionnaires eux-mêmes devraient s’inquiéter. C’est la survie même de leur régime de retraite qui est en péril.
Et attention : je ne les blâme pas pour ce bordel. Ce sont les politiciens successifs qui sont responsables de ce gâchis. Ce sont eux qui ont fait des promesses irresponsables. Et qui ne cotisent pas leur part dans la caisse de retraite, préférant dépenser l’argent à droite et à gauche.
« Notre régime est sécuritaire », insiste Mme Courchesne.
Pas mon avis. Il n’est même pas sécuritaire pour ses propres bénéficiaires, et mortel pour le contribuable.
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