La politique de rigueur très limitée choisie par le gouvernement Fillon ne changera probablement rien, l’état d’esprit restant le même : l’Etat contrôle tout, ne réduit pas ses dépenses et augmente les impôts.
Un article de Michel de Poncins.
Le nouveau plan de rigueur de Sarkozy-Fillon est clairement un plan de ruine, car il poursuit la route vers la servitude envers l’État jugé abusivement comme le maître du jeu alors qu’il est la cause de la catastrophe. Le plan tire à vue sur tous les créatifs du pays. Le prétexte est de garder le précieux AAA des agences de notation présenté comme une sorte d’objectif national ; l’explication officielle est que le pouvoir, en cas de dégradation, paierait plus cher les emprunts : c’est donc l’aveu que l’objectif fondamental de ce pouvoir est de continuer à emprunter pour dépenser sans compter. François Baroin a dit sans rire : « L’équilibre en 2016, c’est notre détermination ». Comment espérer calmer les spéculateurs avec une telle énormité ? La détermination devrait être, au contraire, de créer dès maintenant un surplus public, ce qui fut le cas en France et comme d’autres pays le font.
Au même moment, le talisman du AAA vacille avec, en plus, une erreur de manœuvre plus qu’étrange. Les richissimes eurocrates en Europe s’en mêlent à leur tour en sermonnant la France par la contestation de son pauvre 1%. Ils feraient mieux de balayer devant leur porte, alors qu’ils parlent ouvertement d’une croissance de 0,5 % dans la zone euro en 2012, calamité dont ils sont largement responsables.
En même temps, le chômage s’accroît cruellement de nouveau : ce n’est pas un hasard mais le fruit de l’action gouvernementale, son plan de ruine va inévitablement l’aggraver. Le Secours catholique fait savoir que ses soupes populaires ont de plus en plus de clients et reçoivent même des salariés ne pouvant plus s’alimenter chez eux : les plans successifs, en ruinant les grandes et petites entreprises, ne peuvent que leur apporter des clients nouveaux !
De nouveau des impôts
Pour rétablir très insuffisamment les comptes publics, le plan prévoit de taxer partout et tout le monde. Montent les clameurs de toutes les professions : restaurateurs, artisans, promoteurs, hôteliers, travailleurs du bâtiment. La bougeotte fiscale est à son comble, cette bougeotte semant elle-même le chômage. Les représentants de chaque profession se réjouissent bruyamment s’ils obtiennent un succès, comme l’ont fait les hôteliers récemment. Ces gens ne savent pas, ou feignent de ne pas savoir que tout impôt détruit la richesse de tous et que le plan lui-même, quel que soit leur succès provisoire, conduit leurs affiliés à la ruine.
Une faille fondamentale du plan, comme des précédents et de ceux qui suivront inévitablement, est l’absence de réduction massive des dépenses publiques.
Une autre caractéristique du plan est d’épargner les camarades. Le terme affreux de « tour de vis » s’applique aux « gens d’en bas ». Nous avons eu droit à une gaminerie d’un goût plutôt douteux ; les quarante ministres ou quasi ministres ont annoncé, tout sourire que, pour prendre leur part du fardeau, ils gèleraient leurs salaires pendant deux ans (sic). Un député a eu l’audace incroyable de proposer de baisser très modérément les salaires des élus : il s’est fait rabrouer vertement.Libérer les entreprises
La route opposée, la seule pour sortir de la situation terrifiante du pays est celle de la liberté. Nous avons montré antérieurement que la marge de manœuvre à cet égard est immense compte tenu de la socialisation du pays.
La route de la liberté est le chemin contraire de celle de la servitude : recul massif et sans délai de l’État et libération des entreprises, seules aptes à faire décoller la croissance en créant de la richesse et des emplois. Indépendamment des mesures pratiques décrites ci-dessous, la simple proclamation du retournement serait en elle-même un bol d’oxygène puissant pour tous les créatifs et un encouragement majeur pour les marchés.
Cela revient à renoncer à la cascade sans fin des impôts nouveaux qui, d’ailleurs, en annoncent toujours d’autres. Pour encourager les entreprises, il est même nécessaire de supprimer un ou deux impôts parmi les plus meurtriers pour elles.
Il faudrait aussi se préoccuper du code du travail qui compte plus de 2 600 pages, pèse 1 kilo et demi et est réparti en plusieurs tomes, en croissance perpétuelle. Une foule d’organismes et de personnages parasitent à son abri et sont embusqués avec pour seul effet de détruire les entreprises. Or la vraie garantie des salariés est l’existence de nombreuses et prospères entreprises. Faire disparaître deux ou trois des dispositifs qui empêchent les entreprises d’embaucher redonnerait confiance aux marchés et déclencherait un cercle vertueux.
Financer par les économies
Le financement de ces mesures est simple à tracer dans ses grandes lignes. A cette fin, la suppression de pans entiers de l’action étatique est une nécessité urgente. Le pouvoir lui-même ayant proclamé l’état pratique de faillite et les agences de notation se manifestant bruyamment, il ne devrait pas se produire d’oppositions majeures.
Il y a au moins quinze ministères inutiles. En supprimer trois dont tout le monde peut se passer n’est pas un problème. Les deux grenelles de l’environnement assassinent l’économie française, dans un mélange de fausse idéologie et d’intérêts électoraux. Il faut arrêter le programme incroyable d’éoliennes qui vont détruire le paysage à force de subventions pour fabriquer de l’électricité hors de prix.
Les subventions dans tous les domaines à supprimer sans retour absorbent des sommes inimaginables. Le nombre d’administrations inutiles est conséquent et leur suppression totale donnera beaucoup d’argent. La vraie folie des investissements, baptisés mensongèrement « d’avenir » et accrochés au mythique grand emprunt, doit être stoppée. Interrompre la pompe aspirante de l’immigration paraît urgente pour donner confiance aux marchés. L’économie peut aller de 30 à 70 milliards par an.
Il existe un point clé : l’appropriation privée par les grands élus d’une part majeure que certains évaluent à 5% du PIB. Le prélèvement abusif se passe en argent comptant et pour une plus grande proportion en avantages informels. Il n’est pas possible d’ouvrir un journal sans voir les multiples manifestations de cette véritable rapine. Ce sont de vraies écuries d’Augias malodorantes à souhait ; il faudra les nettoyer mais cela prendra du temps et les marchés sont pressés.
Une mesure permettrait, dans cette optique, de gagner de l’argent sans délai. Il existe des échelles de traitement dans la fonction publique. Les salaires des ministres et élus sont dépendants des échelles des hauts fonctionnaires. Le rabotage dégressif de ces échelles en commençant par les plus élevées serait possible : 30% de moins au sommet, puis 25 %, 20%, etc. Cela permettra de ne pas toucher aux moyens et bas salaires. Les ressources seraient immédiates. Dans la situation de faillite menaçante on ne voit pas qui pourrait s’opposer à une telle mesure.
Le patrimoine public
Mettre en vente une grande partie des biens de l’État s’impose. Nous savons que le résultat en trésorerie ne sera pas immédiat à cause des délais et précautions nécessaires. Sur un plan psychologique le signal sera important. Quel que soit l’endettement monstrueux créé par la légèreté et la cupidité des gouvernements de tous partis il est urgent que les marchés sachent que la France peut tout rembourser. Nous l’avons montré dans un flash précédent. La vente de grandes quantités de biens patrimoniaux doit compléter le retour nécessaire au surplus budgétaire.
La conclusion est que la route de la liberté est grande ouverte avec la richesse pour tous. Si elle n’est pas adoptée franchement à temps utile, elle risque de s’imposer dans la confusion générale et sans que les véritables fruits profitent à la population.