C’est d’ailleurs avant l’un de ses concerts que nous lui avons posé quelques questions.
Comment est né Piano Chat ? Question très générale qui va prendre 30 minutes ?
Piano Chat : Non, non, parce que maintenant je sais y répondre assez vite.
Je faisais de la musique dans un groupe qui s’appelait Lady Bird Lala Band, c’était un groupe de lycée post-rock. Comme tous les groupes de lycée, on a tous fait plein d’autres trucs après. Il y en a qui sont partis dans la marine, d’autres qui ont refait de la musique. Comme je composais pour ce groupe, je faisais de la guitare, du chant, et j’avais à cette époque là, un boucleur (un looper) comme j’utilise aujourd’hui. Je faisais ma guitare, puis ma ligne de basse, après je faisais le chant, les chœurs, au final je faisais des morceaux entiers. Mais je composais pour mon groupe.
Puis comme on a arrêté sans trop s’en rendre compte, j’ai continué tout seul. A un moment je me suis retrouvé appelé, parce que j’ai pas mal trainé du coté de Nantes, pour un concert où ils me disaient : « Viens, à ce qu’il paraît tu bosses tout seul en ce moment, viens ouvrir la soirée, l’apéro. » J’ai fait mon premier concert comme ça. C’était très mauvais, extrêmement mauvais ! Je me suis donc retrouvé par hasard à faire ce truc là, à faire Piano Chat, à me retrouver tout seul.
Au début c’était une petite souffrance, lors de ce premier concert je ne comprenais pas bien pourquoi je faisais ça. Puis j’ai un peu bossé, je me suis mis à jouer au milieu des gens, à les regarder, tout simplement à les regarder, du coup c’était devenu extrêmement plaisant. Ca fait deux ans que je fais ça et un an que c’est mon taf, depuis le mois de décembre (ndlr 2010).
Ce n’est donc pas venu d’un concept de live un peu différent ?
Non, je composais mes trucs, mais le principe de s’enregistrer et de monter les morceaux à partir de ça, je ne l’imagine que pour le live, tout le temps.
Ca a bien été le souci quand j’ai sorti un disque et que j’ai du retranscrire les chansons sur disque. Au départ je voulais faire exactement la même chose que sur scène, mais je me suis rendu compte que ça a ses limites, et pas d’intérêt sur un disque. Ce qui compte ce sont les chansons, et pas que le mec attende quinze mesures pour faire sa nouvelle boucle, sinon c’est chiant.
Tu as trouvé la forme (batterie, guitare, …) de ton show comme ça ?
Je suis tout le temps en train de chercher. Si j’ai trois bouts de batterie, c’est parce que j’avais trois bouts de batterie chez moi. Bon maintenant que c’est mon taf, je vais pouvoir me racheter du matos. J’ai pris ce que j’avais sous la main quand j’ai commencé à faire ce projet.
Comment tu travailles pour composer tes morceaux ?
En fait il y a plusieurs façons que j’envisage vraiment différemment. Il y a des chansons que je compose dans ma chambre (guitare + voix), où je raconte ma tristesse, ma joie, qu’il faut ensuite que j’essaie d’adapter pour pouvoir la jouer sur scène. Et il y a l’inverse. Je suis en répet, et je fais tourner une boucle, puis une deuxième, et je construis le morceau comme ça, avec ma contrainte technique. Parce que c’est une véritable contrainte technique ce looper.
Il y a vraiment deux aspects, mes petites chansons que je bosse comme des chansons à part entière, et puis celles que je bosse à partir de mon looper.
Tu dis que ce looper est une contrainte, ça ne te donne pas envie de reformer un groupe ?
Si, si, à fond !
En fait c’est une contrainte, oui et non. Parce que ça a des aspects supers d’être tout seul. Quand je veux répéter, je vais répéter. Pour tourner c’est nettement plus simple. Souvent on n’est que deux. J’ai toujours un régisseur qui m’accompagne. En plus j’ai fait un groupe solo, mais je n’ai pas le permis de conduire. J’ai fait 97 dates, sans permis de conduire cette année, je suis plutôt assez fier. Ca c’est donc super. En plus comme je fais mes chansons, il y a un petit défi tout le temps à faire la batterie alors que je ne suis pas batteur. Ca, ça me plait, j’aime bien ce challenge, tout le temps, de me battre avec moi même pour faire mes trucs. C’est peut-être ma vision des choses, mais si je le faisais en groupe, peut-être que ça me plairait moins.
Après j’ai des envies de groupes qui sont certaines. D’ailleurs, je joue dans d’autres projets. J’habite à Tours, on est plein de musiciens, on est tous vraiment dans les mêmes locaux. On a comme un grand appart, c’est un ancien garage qu’on a aménagé. Il y en a qui vivent dedans. On fait de la musique tout le temps, tout le temps ensemble. Du coup depuis un an, quand je ne suis pas sur les routes, je suis avec les autres musiciens. Donc j’ai pas mal d’autres projets qui sont en route dont des projets de groupes, parce que j’ai vraiment cette envie.
D’ailleurs, je pense à ça maintenant, mais je joue dans un groupe ! Je suis musicien pour Boogers. C’est un autre one man band. Pour les grosses scènes, les Vieilles Charrues, Montreux Jazz, il voulait un groupe. Je me suis alors retrouvé dans une autre posture. Je ne fais pas partie du groupe, je suis musicien pour lui. On joue ses chansons, je ne suis que bassiste. On est une super bande de copains.
J’ai vu des dates avec Yann Tiersen ?
Là, je vais faire sa première partie. Ca va être un autre challenge.
J’ai dit oui parce que déjà j’aime bien ce qu’il fait, je connaissais assez peu avant de le rencontrer il n’y a pas si longtemps. En fait il fait du post-rock, il a un peu arrêté Amélie Poulain et compagnie. C’est un chouette gars en plus.
Ca va être un autre challenge, car là je vais être tout seul aussi. Le truc c’est que je ne joue jamais sur des scènes, et là je vais m’y retrouver. Pour la première date à la Vienne Arena, je crois qu’il y a 2000 personnes, c’est va être un truc totalement dingue. Les seules expériences de scène que j’ai faites, j’en suis pas très content. Parce que le rapport au public est complètement différent. C’est une volonté de jouer près des gens. Là ça va être un autre truc.
On verra, le challenge me plaisait. Et puis c’est cool, je vais en République Tchèque, Autriche, Pologne, Allemagne. Je connais un peu ses musiciens, je suis ravi de faire ça. Ca m’éclate complètement. C’est un peu surréaliste mais en même temps c’est cool. Ca va être super.
C’est sûr qu’avant de monter sur scène, je ne vais pas faire mon malin.
Le truc c’est toujours la même chose, c’est toujours un peu par hasard. Le mec qui l’a enregistré, c’est le mec qui est juste là-bas en train d’installer les amplis. C’est un de mes collocs, un super pote, qui joue dans un groupe qui s’appelle Pneu (guitare, batterie), un truc assez incroyable à voir. J’avais mon projet, j’avais mes chansons, et il m’a dit : « viens dans le local où on répète, on enregistre des maquettes ». On a enregistré des trucs, on ne s’avait pas comment faire, mes chansons n’étaient pas toujours finies. On s’est trouvé tranquillement parce qu’on n’avait pas de date, ni quoi que ce soit, à essayer de l’enregistrer, en plus comme on a les clés de ce studio…
On l’a enregistré en faisant plein d’essais, plein de trucs qui ne marchaient pas, et d’autres qui marchaient. J’ai fait un petit disque qu’on a enregistré nous même. Ce sont mes potes qui sont venus enregistrer une batterie dessus, Boogers qui a fait les guitares. Ca se passe comme ça. C’est un endroit où on enregistre pas mal. Il y a plein d’autres projets, on passe notre temps à enregistrer les uns pour les autres.
Du coup, j’avais sept, huit titres. Il y avait un label qui s’appelle Kythibong, un label nantais, qui fait parti de toute cette scène. Ils ont fait pas mal de trucs, Mansfield TYA, Fordamage, Room 204, ce ne sont que des groupes de copains en fait. Quand ils ont entendu le disque, ça leur plaisait et ils m’ont dit : « viens, on le sort ! » Il est sorti juste pour que j’en vende à la sortie des concerts.
Il n’est pas sur iTunes, Deezer, …
Tu peux le trouver gratuitement sur Bandcamp. En plus en WAV, pas en MP3. Et puis je ne vais pas vivre des ventes d’iTunes, ce genre de truc ça ne marche pas. Je suis plus attaché à l’objet, il est fait pour être vendu après les concerts. On en a fait 1000 exemplaires, j’en ai déjà vendu la moitié en trois, quatre mois, donc c’est cool.
Du coup, c’est rigolo, parce que c’est vraiment un album qu’on a enregistré comme ça, pour essayer. Maintenant je me retrouve chroniqué dans les magazines. Pas toujours bien d’ailleurs ! J’en ai lu une assez délirante.
Moi je suis super content de cet objet là. Maintenant je ne le ferai pas du tout pareil, parce que mon projet est établi, et que maintenant je vis avec ce projet là. Mais je suis hyper content, parce que c’était un moment donné dans ma musique, c’était ma première étape où je me suis dit « tiens si je faisais un peu de son, un peu de musique en vrai. » Il est intime pour moi.
On ne te voit pas sur Internet, il n’y a pas de photo, tu es flouté dans ta vidéo…
Non, je ne suis pas flouté (rires) c’est juste qu’elles sont mal prises. C’est juste que c’est de la mauvaise qualité et que je suis loin. J’ai du mal faire la mise au point. C’est une vidéo que j’ai faite assez vite. C’était pour un concours horrible. Mais du coup je suis content de cette vidéo, ça montre directement ce que je fais.
Je me demandais si c’était volontaire…
Oui, oui complètement, car je fais exprès de ne pas envoyer ma photo. Mais quand je joue sur scène, je joue au milieu des gens, je ne mets pas de masque. Je n’aime pas trop ça, je préfère le rapport direct avec les gens. J’ai du mal dès qu’il y a un groupe avec des masques ou des casques. Je trouve que ça crée une distance que je n’aime pas voir. Mais après c’est mon rapport au concert.