Durant ces derniers jours, un évènement et deux réactions m’ont interpellés:
Les deux réactions sont respectivement celle de Claude Revel et de Franck Bulinge.
La réaction de Claude Revel, fort louable, est celle que les praticiens de l’intelligence économique ont adoptés depuis que les « affaires » d’espionnage industriel entachent ce secteur (c’est à dire depuis le début): la pédagogie.
L’argumentaire est bien rodé, parfait, toujours plaisant à lire même s’il n’apporte rien de neuf et que nous l’avons lu ou entendu de nombreuses fois par ailleurs (et ce n’est pas grave vu que la cible n’est pas les initiés mais le grand public)… mais là est le problème: ça fait des années que l’on démontre, dans les médias, par A+B que l’intelligence économique n’est pas de l’espionnage industriel mais pour quel résultat ?
Il faut bien admettre que malheureusement nous prêchons dans le désert. Cela devient préjudiciable car, dans notre effort de démocratisation, nous allons bientôt passer autant de temps à expliquer ce que nous ne sommes pas plutôt qu’a expliquer ce que nous pouvons apporter. C’est devenu vain et inefficient.
Le positionnement de Franck Bulinge est, pour moi, beaucoup plus original. L’originalité n’est pas tant sur le message (que j’ai déjà entendu et que je prône moi-même) que sur l’émetteur. Nous avons un chercheur, une personnalité qui a construit sa notoriété et une partie de sa carrière sur cette discipline et qui fait le choix d’évacuer ce terme de son vocabulaire. En accord ou non avec sa posture, personne ne pourra contester une certaine forme de courage. Ouvre-t-il la voie ou se met-t-il en marge ? L’avenir nous le dira.
Une fois cela dit, qu’elle peut-être la suite ?
Appeler l’intelligence économique autrement comme le propose Franck Bulinge ?
Personnellement (et je peux me tromper), je pense que substituer un terme par un autre ne réglera pas le problème et ce, pour une raison plus profonde que l’amalgame avec l’espionnage industriel:
L’intelligence économique, grâce à l’effort de beaucoup, est devenu mature. Le bourgeon à éclot en une fleur qui possède de nombreux pétales, pourquoi essayer de continuer a nommer la fleur et chaque pétale un bourgeon ?
Pour ceux qui n’auraient compris l’analogie, prenons un exemple, un pétale: l’e-réputation.
Je vous propose quelques petites équations, un peu simplistes j’en conviens mais qui suffiront.
Si l’on accepte que :
1) l’intelligence économique est le fait de voir (veille, renseignement), sans être vu (sécurité) tout en étant toujours reconnu (communication, influence).
2) l’e-réputation est le fait de voir (veille, recherche d’information, monitoring,…), sans être vu (sécurité) tout en étant toujours reconnu (communication, influence) en ligne (SEO, corporate et personal branding, community management,…).
Alors :
3) l’e-réputation est de l’intelligence économique en ligne
Nous pouvons retirer de ce résultat plusieurs hypothèses :
- L’e-réputation n’est qu’un terme qui s’appuie sur des bases méthodologiques déjà formalisées et éprouvées qu’il convient de maîtriser. C’est le médium (internet), sa démocratisation et les règles qu’il a bouleversé qui déterminent l’e-réputation.
- L’engouement autour de ce terme dans les entreprises, les médias et les cours de lycées,… est une démonstration que l’e-réputation a réussi en 2 ans ce que l’intelligence économique (et ses politiques publiques) n’a jamais réussi à faire en 18 ans.
L’e-réputation peut-elle être la preuve que la meilleure façon de démocratiser l’intelligence économique serait de « l’éparpiller façon puzzle » et d’abandonner CE TERME aux politiques, aux universitaires et (malheureusement) aux barbouzes ?
N’hésitez pas a apporter votre point de vue dans les commentaires !