Le Casse de Central Park (Tower Heist)
Résumé: Quand les employés d’une residence de luxe newyorkaise découvrent que le milliardaire occupant le dernier étage n’est qu’un escroc les ayant spoliés de leur retraite, ils décident de se faire justice eux-même en lui dérobant les économies qu’il a planquées dans son penthouse. Seuls problèmes : ils ne savent pas où ces économies sont cachées, le building est ultra protégé, et ils n’ont rien de braqueurs professionnels…
L’annonce d’un nouveau film de Brett Ratner n’est généralement pas une nouvelle très excitante, tant le réalisateur a le don pour soit tomber dans la facilité (la trilogie Rush Hour), soit flinguer des projets énormes et prometteurs (X-Men 3 et Dragon Rouge pour ne citer que ceux-ci). Et à vrai dire, la seule chose excitante dans Le Casse de Central Park, c’était son casting hétéroclite, rassemblant Ben Stiller, Eddie Murphy, Matthew Broderick, Casey Affleck, Tea Leoni, Michael Peña (30 Minutes Maximum) ou encore Gabourey Sidibe (Precious). Un casting de haute volée, pour un film de braquage s’attaquant au sujet ô combien d’actualité des magouilles financières des gourous de Wallstreet conduisant à la ruine des gens du peuple. Plutôt étonnant de la part de Brett Ratner, qu’on connait plus en yes man lisse qu’en cinéaste engagé. Et même si Le Casse de de Central Park est loin d’avoir la morgue d’un Oliver Stone, il faut reconnaître qu’il touche assez juste dans sa description du désespoir que peuvent générer les magouilles de quelques personnes sans scrupules, et de la difficulté pour les personnes arnaquées de récupérer leurs fonds.
Cependant, le film fait très peur dans sa première moitié, car si le casting est excellent et rend la bande de héros immédiatement attachante (probablement sans avoir besoin de réelle direction de Ratner), il faut néanmoins se taper un certain nombre de gags vulgaires et pas très drôles. Comme à son habitude, Ratner tombe souvent dans la facilité, les blagues racistes ou misogynes, et agace plus qu’il ne fait rire. Heureusement, une fois le plan des héros échafaudé et le casse lancé, le film décolle enfin, mettant la pédale douce sur l’humour lourdingue pour se transformer en vrai film de braquage. Et du coup, à condition d’oublier certaines lois de la physique, il faut avouer qu’à partir de ce moment-là, le film devient très divertissant et prenant, et tient en haleine jusqu’à son dénouement. Certaines scènes au sommet de la tour, et dont on évitera de révéler la teneur pour ne pas gâcher la surprise (d’autant que pour une fois la bande-annonce du film évite de tout révéler) sont même plutôt réussies et inédites. Et puis il faut avouer que cela fait du bien de retrouver un Eddie Murphy drôle qui passe tout un film sans larguer de caisse !
En clair, alors qu’on n’en attendait pas grand-chose, Le Casse de Central Park s’avère être une bonne surprise, un sympathique petit film de braquage distrayant et avec juste ce qu’il faut de message politique pour être un peu plus qu’un simple divertissement.
Note : 6/10
USA, 2011
Réalisation : Brett Ratner
Scénario : Ted Griffin, Jeff Nathanson
Avec : Ben Stiller, Eddie Murphy, Casey Affleck, Alan Alda, Matthew Broderick, Téa Leoni, Michael Peña, Gabourey Sidibe
Time Out (In Time)
Résumé: Dans un futur indéterminé, les être humains ont été génétiquement modifiés pour arrêter de vieillir à 25 ans. Mais une fois cet âge atteint, ils se voient offrir une année supplémentaire au bout de laquelle ils meurent à moins d’avoir acheté du temps en plus. Le temps est donc devenu la monnaie unique du monde, qui a été divisé en zones quasi imperméables. Will Salas (Justin Timberlake) est un jeune homme de 28 ans vivant dans le ghetto avec sa mère (Olivia Wilde). Toujours fauché, il tente de survivre de petits boulots et rêve d’emmener sa mère dans une zone plus vivable. Lorsqu’un inconnu fatigué de la vie se suicide en lui léguant la centaine d’années qu’il possède, Will voit enfin l’opportunité de sortir du ghetto. Mais malheureusement pour lui, certaines personnes n’ont aucune envie de voir l’ordre établi bousculé…
Le réalisateur Andrew Niccol, qui avait disparu des écrans depuis l’excellent Lord of War en 2006, revient cette année avec un ambitieux film de science-fiction au pitch plutôt excitant. Le film débute plutôt bien, et une fois le choc de découvrir qu’Olivia Wilde est la mère de Justin Timberlake passé, on rentre assez vite dans une intrigue prometteuse. Car au travers de cet argument de science-fiction, Andrew Niccol s’attaque au sujet des disparités socio économiques faisant que quelques personnes s’accaparent toutes les richesses du monde alors que la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le réalisateur pose un monde rétro futuriste a priori crédible, et le début du film est un modèle d’exposition et d’efficacité. Niccol se permet même de livrer une des scènes les plus déchirantes de sa filmographie au bout d’une demi-heure de film, lors de la mort d’un des personnages.
Seulement, une fois cette scène cruciale passée, le film commence à légèrement se perdre dans une intrigue assez mal écrite et confuse, qui part dans tous les sens. Le héros se rend dans la zone riche du monde (de la ville, du pays ? on n’en saura rien), se prend pour James Bond en jouant au poker, enlève la fille du plus riche homme d’affaire, tombe amoureux d’elle, et décide avec elle de se transformer en Robin des Bois moderne pour casser les inégalités, alors qu’il est poursuivi par un Cillian Murphy se prenant pour l’agent Smith de Matrix. On a peine à croire qu’il s’agit du même Andrew Niccol qui a écrit le scénario du magnifique Bienvenue à Gattaca aux manettes, tant le film part dans tous les sens, perdand peu à peu toute sa crédibilité (Amanda Seyfried passe tout le film à courir avec des talons de 15cm), et surtout manque furieusement de background pour que l’on puisse comprendre tous les tenants et aboutissants (on ne comprendra jamais vraiment pourquoi les méchants veulent absolument empêcher les pauvres de récupérer quelques mois de vie en plus, ni comment les « zones temporelles » fonctionnent).
Malgré tous ces défauts, Time out se laisse suivre sans déplaisir, et propose quelques bonnes scènes de suspense, le réalisateur exploitant plutôt bien l’idée du temps en monnaie d’échange. Mais on regrette tout de même le gâchis d’un pitch si prometteur, le simplisme des idées politiques développées (on se demande bien comment le plan du héros va fonctionner à long terme), ainsi que du talent d’un Justin Timberlake un peu amorphe, alors qu’on le sait capable de faire des étincelles quand il est bien dirigé (comme dans The Social Network ou Alpha Dog).
Note : 6/10
USA, 2011
Réalisation : Andrew Niccol
Scénario : Andrew Niccol
Avec: Justin Timberlake, Amanda Seyfried, Cillian Murphy, Olivia Wilde
Steak
Résumé: Interné pendant 7 ans dans un hôpital psychiatrique pour un triple meurtre qu’il n’a pas commis, Blaise (Eric Judor) a bien du mal à se refaire à la vie civile. Sa famille a quitté la ville, ne laissant pas d’adresse, et son meilleur ami Georges (Ramzy Bedia) est plus intéressé par son adhésion au gang des Chivers que par son ancien pote. Afin de s’intégrer dans ce nouveau monde qu’il ne comprend pas, Blaise va lui aussi tenter de rejoindre les Chivers.
Né de l’esprit un peu étrange de Quentin Dupieux (plus connu des clubbers sous le surnom de Mr Oizo), Steak est assurément un film qui ne laisse pas indifférent. On a en effet rarement vu un tel ovni cinématographique débarquer sur un écran de ciné, en particulier une production française. Totalement boudé à sa sortie, le premier film du réalisateur de Rubber met en vedette les comiques Eric et Ramzy dans une histoire assez étrange. Les deux vedettes, dont on saluera au passage le courage pour avoir tenté l’aventure, sont projetées dans un futur pas si éloigné dans lequel l’apparence prime avant tout et la chirurgie esthétique est non seulement accessible mais plus que recommandée. Soyons honnête, si Steak est intéressant par son côté déjanté, il n’est pas exempt de défauts, à commencer par un scénario assez décousu dont on se demande bien la finalité. Le film marie humour potache, quête initiatique, satire (voire même slasher dans la réalisation de sa dernière partie) dans un bordel parfois un peu indigeste, et dans son souci de coller à ses héros oublie parfois de poser les bases d’un univers aux règles compréhensibles. Ainsi, on ne saura jamais réellement si les Chivers et leur obsession maladive du paraître sont réellement représentatifs de la société futuriste décrite ou s’ils en sont le produit extrême et dégénéré. Il n’empêche que le film fait souvent mouche dans sa description de ce monde tout entier orienté vers l’apparence : les jeunes boivent du lait en lieu et place d’alcool, les filles aux seins non refaits sont dénigrées, les fumeurs et les barbus tabassés, etc. Certaines scènes touchent même au génie surréaliste, comme celle où les membres des Chivers s’entraînent à une sorte de variante dégénérée du baseball agrémentée de calcul mental. Eric et Ramzy sont tout à fait à leur place dans cet univers décalé et leur jeu outrancier colle parfaitement au film. Dupieux réussit même à générer de belles scènes d’émotion, notamment lorsque le personnage interprété par Eric Judor tente en vain de calmer la panique qui le saisit lors de sa première nuit hors de l’hôpital. Et malgré un budget que l’on devine limité, Steak laisse déjà entrevoir le talent de Dupieux pour la mise en scène d’images léchées, ce que viendra confirmer plus tard l’excellent Rubber.
Pas toujours réussi, assez bordélique, mais attachant, Steak est définitivement un film à découvrir pour tous les amateurs de bandes étranges et déjantées.
Note : 6.5/10
France, Canada, 2007
Réalisation : Quentin Dupieux
Scénario : Quentin Dupieux
Avec : Eric Judor, Ramzy Bedia, Sébastien Tellier, Jonathan Lambert
Chiens de Paille (Straw Dogs)
Résumé : David (James Marsden) et Amy Sumner (Kate Bosworth), un jeune couple californien, se rendent dans la ville natale d’Amy, en plein Mississippi, pour se ressourcer. Mais David, californien pur souche, se heurte rapidement aux locaux et à leurs habitudes rétrogrades. Malgré le tempérament calme et placid de David, l’affrontement devient vite inévitable…
Pour la énième fois, Hollywood se lance avec Chiens de Paille dans un nouveau remake de classique. Inutile de disserter une fois de plus sur l’utilité d’un tel exercice, la pratique étant tellement répandue maintenant qu’il va bien falloir s’y habituer. Cette fois, c’est donc le grand Sam Peckinpah qui a « l’honneur » de voir un de ses films modernisé. A la barre de ce remake, l’ex critique de cinéma Rod Lurie, principalement connu pour avoir réalisé le sympathique thriller politique Manipulations et le film d’évasion Le Dernier Château avec Robert Redford.
N’ayant pas vu le film original avec Dustin Hoffman et n’ayant donc pas de point de comparaison, votre serviteur avoue avoir trouvé ce remake plutôt réussi. Bien que la réalisation soit parfois un peu plate, Rod Lurie réussit à créer un malaise et une tension constante. On sent dès les premières minutes que la situation va dégénérer, mais sans savoir ce qui va mettre le feu aux poudres. Est-ce l’attitude un peu hautaine de David Sumner envers les habitants du coin et leurs traditions (l’église, le match de football du vendredi) ? L’attirance manifeste de Charlie (l’excellent Alexander Skarsgård, bien connu des fans de True Blood) pour son ex ? La tension est palpable et même si au final rien ne se passe avant la dernière demi-heure, le spectateur ne peut s’empêcher de retenir son souffle dès qu’un petit incident survient. La troupe d’acteur du film est excellente, notamment James Marsden et Kate Bosworth, mais c’est surtout l’immense James Woods qui bouffe l’écran à chacune de ses apparitions, en incarnant un coach à la retraite alcoolique et terrifiant dans sa violence prête à exploser à tout instant.
Là où le film déçoit un peu cependant, c’est dans son final. Le siège de la maison des Sumner est assez tendu et l’affrontement violent et sans concession, sans pour autant tomber dans le gore, ce qui est appréciable. Cependant, outre certains choix scénaristiques un peu étrange (Amy cache à David son viol et celui-ci ne s’aperçoit absolument de rien), le film transforme un peu rapidement son héros en guerrier adepte de l’autodéfense en faisant l’apologie de la violence qu’il dénonçait auparavant. David Sumner lutte âprement pour sa survie et celle de sa femme, et une fois le massacre terminé, semble totalement serein, ce qui est pour le moins étrange. Malgré ce final en demi-teinte venant ternir un peu la bonne tenue du film, Chiens de Paille est pour une fois un remake plutôt bien fichu et ne déméritant pas trop.
Note : 7/10
USA, 2011
Réalisation : Rod Lurie
Scénario : Rod Lurie
Avec: James Marsden, Kate Bosworth, Alexander Skarsgård, James Woods, Dominic Purcell, Willa Holland