10-18
352 pages
Résumé:
Quelques jours avant Noël, en Norvège, dans une ferme délabrée de Trondheim, la tyrannique Anna Neshov se meurt. Ses trois fils, leur père, ombre fantomatique et Torunn, l'unique petite-fille, se retrouvent alors pour la première fois pour une confrontation explosive ou éclateront les drames secrets dont sont tissées leurs vies...
Mon commentaire:
Ce roman n'a pas été une rencontre heureuse. Ça m'arrive rarement. Je sais généralement bien choisir mes livres pour tomber tout à fait dans ce que j'aime. Ici, ce qui m'a attirée, c'est la magnifique couverture. L'évocation de l'hiver et de Noël. L'histoire de famille. Mais surtout la ferme. J'aime les histoires de fermes, de famille et de terres. Je m'attendais à trouver un tout autre roman que celui que j'ai lu. Étonnament, La terre des mensonges me rappelait sans cesse le roman de Jane Smiley, L'exploitation. Que j'avais d'ailleurs adoré. Pourtant les deux histoires sont proches. Ce sont des histoires de familles se déroulant sur une ferme. Là où le roman de Smiley me faisait rêver de posséder la terre (même si l'histoire de famille est tout aussi terrible que celle racontée dans La terre des mensonges), le roman de Anne B. Ragde me plombait littéralement le moral. C'est un livre que je trouve terriblement froid. Comme de la glace.
L'histoire commence en nous parlant des trois frères. Le premier, Morgido, est entrepreneur de pompes funèbres. Il est dépêché sur les lieux d'un suicide et doit faire face à la famille et aux choix à prendre pour préparer le corps pour la cérénomie funéraire. Erlend, le second frère, vit dans un monde scintillant, d'argent et d'art. Il conçoit des vitrines pour les boutiques. Il vit avec son compagnon. Le troisième fils, Tor, a reprit la ferme familial. Il ne vit que pour ses cochons. Il est le seul à être resté à la ferme des Neshov, le seul à vivre comme un petit garçon. La mère qui est au centre de tout, gère tout et tout le monde, le père comme son fils. Morgido et Erlend ont fuit, il y a des années, cette atmosphère étouffante. Quand la mère se meurt, les trois frères se retrouvent à son chevet...
L'écriture est très visuelle. Elle nous fait entrer dans le quotidien de chacun des personnages avant l'annonce de la maladie de la mère. Chacun vit cette nouvelle à sa façon et la famille Neshov est loin d'être une famille modèle d'union et de bonheur. C'est un roman qui nous place dans une zone d'inconfort. L'auteur dissèque sous la lumière froid d'un néon le quotidien de la famille. C'est une fine observatrice du genre humain. L'écriture de Anne B. Ragde est efficace. Elle décrit les sentiments humains et les détails des différentes expériences de vie auxquelles ses personnages doivent faire face avec une telle précision que le lecteur se sent totalement impliqué dans ce qui lui est raconté. J'ai constamment ressentis un grand malaise pendant ma lecture, beaucoup de tristesse aussi. Je trouve ce roman humainement difficile. Il est trop réel. Le lecteur est trop impliqué. Je pense que c'est là où ça n'a pas fonctionné pour moi.
Ce roman m'offre un constat déplaisant: je suis souvent réfractaire aux romans ayant été chaudement applaudis par les critiques et les lecteurs. La terre des mensonges fait partie d'une trilogie. Je ne lirai pas la suite. Ces romans ont remporté des prix et je n'ai lu que de bon commentaires dessus. J'avais vécu la même chose avec La route de Cormac McCarthy et la trilogie Millénium de Stieg Larsson. Il faut croire que je n'en comprends pas l'engouement.
La terre des mensonges est donc un roman qui plaira à plusieurs lecteurs puisque la plupart des commentaires que j'ai pu lire étaient positifs. Si je reconnais les grandes qualités d'écriture et la maîtrise de l'auteur quant à ses personnages et à la vision qu'elle nous en donne, est-ce que j'ai eu du plaisir à lire ce roman? Malheureusement, pas vraiment...