Je me suis promis, à peine revenu en France, de revenir et à Rome et à Venise. Ces villes qui me paraissaient si lointaines ne sont qu'à quelques heures de train depuis la gare de Paris Bercy. On s'endort dans le train, on y dort mal peut-être mais on y dort quand même et on se réveille ailleurs. C'est possible, c'est la première chose que j'ai retenu de ce voyage (la quotidienneté, elle, gomme tous les possibles pour nous réduire aux préoccupations qui se présentent à nous avec tant d'empressement qu'elles finissent par constituer notre monde quotidien, une sorte de caverne platonicienne dont on finit par ne plus sortir par paresse).
Deuxième enseignement qui est aussi celui de tous les voyages: mis en présence de grandes choses (et à Rome et Venise, ma foi on est servi), on a l'idée de grandes choses. Je me suis dit, rêve fou et même pas envisageable, ne serait-ce que financièrement, pour le moment: et si je retournais plus souvent et à Rome et à Venise ? Et autrement, cette fois-ci, plus en découvreur, non, en ayant bien lu et relu avant, être incollable par exemple sur les thermes de Caraccala et les peintures de Bellini avant d'y aller et, dans l'idée d'y chercher, d'y trouver quelque chose (plus en touriste mais plutôt en homme de savoir). J'ai osé tracer une ligne imaginaire faisant l'axe Lille-Venise-Rome, une sorte de route encore confuse qui pourrait devenir plus concrète par un projet de recherche universitaire, d'enseignement (qui sait ?), de projet culturel. Je me suis dit: il y a quelque chose qui pourrait se faire. Je mets le projet juste apparu dans un coin de ma tête avant que des préoccupations de la quotidienneté viennent l'enfouir. L'essentiel est qu'il soit né. L'idée cheminera dans mon esprit jusqu'à prendre une forme plus concrète.
Ce qui est certain, en attendant, c'est que j'ai ajouté à ma pile de livres sur la science-fiction et la philosophie grecque et arabe des livres sur Venise. Ne vous étonnez pas si je vous en parle à l'occasion.