Se placer du côté des victimes, c’est se placer sur le registre de l’émotion et du bon sens : « Vous aimeriez vous faire agresser dans la rue ? Vous aimeriez que votre enfant se fasse violer ? », etc. Je suis victime d’un acte violent, il est donc normal que je fasse subir le même préjudice à mon agresseur. Donner ce rôle à la justice, c’est tout simplement légaliser une forme de vengeance (comme une variante « civilisée » de la loi du Talion).
L’autre facette de cette vision sarkozienne de la justice, Sarkozy l’avait évoquée avec le philosophe Michel Onfray en avril 2007 : on naît pédophile ou suicidaire. Le prolongement de cette croyance (on naît naturellement mauvais ou déviant, c’est une donnée génétique, et la société n’y est pour rien), c’est la loi Dati sur la rétention de sûreté.
Se placer systématiquement du côté des victimes, c’est en arriver à tout justifier au nom de la souffrance ressentie (d’ailleurs, Nadine Morano n’a pas hésité à traiter de « défenseurs des assassins » ceux qui s’opposaient à la rétention de sûreté).
La loi sur la rétention de sûreté, c’est l’élimination symbolique du délinquant (puisqu’il est placé hors de la société à vie, sans possibilité de recours).
Quelle sera la prochaine étape ? A mon sens, la suite logique de ce raisonnement, c’est le rétablissement de la peine de mort.
Fred