La délimitation du périmètre d’action de la guerre traditionnelle par la dissuasion nucléaire légitime le recours à d’autres modes d’affrontement plus indirects. La guerre de l’information est un des moins connus et pourtant l’un des plus employés depuis la fin de la guerre froide. Contrairement au mode d’affrontement militaire qui est un sujet débattu de manière officielle, la guerre de l’information est un sujet tabou, y compris pour la haute hiérarchie militaire de bon nombre de pays occidentaux qui estiment encore que la conduite des opérations militaires demeure l’élément essentiel de la résolution d’un conflit armé. La guerre d’Algérie comme la guerre du Vietnam ont pourtant démontré qu’on pouvait vaincre l’ennemi sur le terrain et finalement subir une défaite parce que la guerre de l’information n’avait pas été perçue comme l’élément décisif de la résolution du conflit.
Les démocraties occidentales sont pour l’instant incapables de définir leur mode d’implication dans ce nouveau type de guerre en raison du blocage sur la légitimation d’une posture offensive dans le cadre des relations internationales de l’après seconde guerre mondiale. Cette situation est en train d’évoluer sous la pression des forces qui articulent leur stratégie autour de la guerre de l’information. L’exemple de l’Afghanistan est éclairant : les talibans sont incapables de battre militairement les forces de la coalition. En revanche, les assassinats ciblés de représentants du régime (frère du Président afghan, maire de Kandahar) en juillet 2011 sont des actions spectaculaires destinées à prouver au monde qu’ils sont partout et frappent où ils veulent dans leur pays. Il en est de même pour les attentats suicides ou par engins explosifs comme les IED (« Improvised Explosive Device »). Comment les démocraties occidentales vont-elles intégrer cette nouvelle dimension de la guerre et surtout comment vont-elles se donner les moyens de la mener ?
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Cet article a été publié dans le dernier numéro de la nouvelle revue de géopolitique.