J’avais gardé un excellent souvenir de ce film, et le revoir entre deux pantalonnades gouvernementales a ravivé mon plaisir. C’est déjà au départ une excellente idée émise par Charlie Kaufman , auteur et scénariste : mettre entre les mains de Craig Schwartz, marionnettiste professionnel, un pantin, réel et sain d’esprit, qui ignore tout de la démarche. Qui plus est, connu du monde entier en la personne de John Malkovich, éminent et sympathique comédien, qui de la farce au drame a tout joué sur scène et à l’écran.
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C’est un peu ce que son personnage doit accepter dans cette histoire où des individus lambdas, s’offrent pour quelques dollars, la peau de John Malkovich. A l’intérieur de l’acteur, les voici au cœur d’un quotidien tout à fait réel. Le comédien dans sa salle de bain, en répétition, au restaurant … le processus ne les dérègle pas plus que ça. D’ailleurs une fois la culbute effectuée, Spike Jonze les perd de vue, pour mieux s’intéresser à cette marionnette vivante et à son entourage.
Jusqu’au moment de la révélation. John Malkovich ( fabuleux dans son double emploi) n’’est plus dupe, il collabore, on « introspecte ». A distance suffisante, le spectateur apprécie alors le fabuleux spectacle de cette humanité désarticulée. Dehors, dedans, la comédie est de tous les instants, et la réflexion innée. C’est savoureux.Sans prise de tête, mais simplement conjuguée aux légendes de notre enfance (« Alice au pays des merveilles ») quand une simple porte nous permet de pénétrer dans un monde merveilleux.
Mais qui tire les ficelles, interroge encore le marionnettiste dans la peau de John Cusack, inhibé comme le veut l’emploi, déjanté comme le veut l’histoire. Ce rôle explosif il l’assume avec un dynamisme et un entrain contagieux, à peine tempéré par sa troublante collègue de bureau, Maxine que la belle Catherine Keener , dynamite à sa façon .
Un couple qui ne se fera jamais, sauf pour profiter de la crédulité surréaliste des candidats au voyage intérieur. Il est vrai que notre ami Craig est déjà marié à Lotte (Cameron Diaz ), une pasionaria des animaux sauvage et dont le charme évaporé ne laisse pas indifférent cette même Maxine. A la quête de l’identité, celle du désir sonne la charge. Serions nous tous des voyeurs, se demande encore Malkovich ?
Une collègue de bureau très intéressée ....
- Les bonus.
Une interview du réalisateur qui tourne court ( c’est volontaire , mais quand même ) , le témoignage d’une figurante depuis sa voiture , qui n’a rien à dire, le soi-disant portrait de Malkovich en marionnettiste ( en réalité des extraits du film ), bref on nous prend pour des rigolos et les suppléments qui se veulent drôles , ne le sont pas . Seul, le chapitre consacré au marionnettiste du film est intéressant , et sérieusement abordé. Un film d’une telle qualité méritait un autre sort .