Ai juré de t'aimer malgré tout, même si ce n'est pas moi, parce qu'en un sens tu comptes plus pour moi que tous les hommes qui ont fait une déchirure dans la toile de ma vie, tous ceux dont l'image du corps sous les couvertures me hante encore. Ai juré de ne pas soulever ma chemise devant toi, pour que tu ne vois pas les cicatrices qui sont toujours là. Des cicatrices de lorsque je ne savais pas, je ne comprenais pas. Ai juré de te parler d'eux, du premier, du dernier. De mon père qui est mort sans comprendre, sans accepter, de mon frère qui est parti, de ceux qui m'ont abandonné et de ceux qui sont restés. De Théo, Étienne, Marc-Andrée, Phillip... Ai juré...
Je n'ai pas su quoi dire, tu pleurais. Sans vouloir te blesser, ai juré de tout de dire, pour que tu comprennes combien je suis désolé d'être incapable de t'Aimer. Alors assied-toi, laisse-moi te bercer, laisse-moi t'expliquer qui je suis.
Ce texte provient d'un exercice de 5 minutes fait en cours de Littérature Québécoise : écrire une histoire à partir d'une phrase. Cette phrase provient de
Les fous de Bassan de Anne Hébert.
L'image représentant le texte est une peinture de Gabriel Lauriers