source : BD-stoïc
«Si la 6e République était instaurée, la France aurait réinventé la démocratie au sein du XXIe siècle» (Piratages)
Vogelsong publie aujourd’hui un billet dont je vous recommande la lecture, à propos du concept de 6ème république (que l’on associe souvent, à tort manifestement, au seul Arnaud Montebourg), au travers du prisme particulier d’un auteur qui ne se contente pas de l’être, et qui n’est pas du PS, puisqu’il est également conseiller régional EELV en Île de France, Bastien François, directeur du département de science politique de la Sorbonne. Le collègue blogueur prêche un convaincu en évoquant tout le malaise qu’il y a de connaître de si vieilles institutions et un contrat social manifestement inadapté, ne correspondant plus aux attentes de la majorité, alors que tout autour de nous a changé :
“Le monde, les relations sociales ont changé. L’accès généralisé aux études supérieures, l’ouverture des horizons géographiques, l’info largement diffusée ont contribué à bouleverser notre société. Ajoutez à cela le phénomène de la précarisation. Incroyablement, le seul truc figé c’est la politique. On reste avec des politiques qui infantilisent les électeurs, finalement. Sans compter une défiance vis-à-vis des jeunes, qui, eux sont de plus en plus angoissés. La Ve république, finalement, c’est la grande messe tous les cinq ans et pendant ce laps de temps, les électeurs n’ont quasi aucun droit. J’ai envie d’une exubérance démocratique. C’est ça la 6e République pour moi.”
Excellente synthèse analytique. Effectivement, bien des citoyens correctement informés ont davantage d’avance sur les évolutions sociétales et les enjeux politiques majeurs, tout en intégrant les attentes de leurs concitoyens de manière empirique, que bien d’autres personnalités dont c’est pourtant ce dont, hélas, ils ont fait un métier. Lequel, aujourd’hui, semble être exclusivement tourné vers la scrutation maladive des agences de notation.
Que ce soit sur l’euthanasie, le mariage homosexuel, les méfaits du capitalisme et les moyens de le dépasser, les libertés individuelles (le fichage, la télésurveillance , de nombreux acteurs (journalistes, blogueurs, spécialistes universitaires ou empiriques de sujets spécialisés, simpels citoyens passionnés), la génétique, le nucléaire, les grands thèmes écologiques, la sécurité, et j’en passe, nous sommes nombreux à maîtriser tel ou tel sujet, sans que cette compétence se voie réappropriée par nos instances politiques, qui ne nous consultent que par défaut. Et se réservent sans cesse le droit de ne pas tenir compte de nos avis, comme ce fut le cas pour le référendum de 2005, de sinistre mémoire. (Cette rupture démocratique et le sentiment que les principales préoccupations des individus ne sont plus entendues nourrissent en outre, de toute évidence, les craintes d’un retour au fascisme sans cesse à craindre et à combattre).
Que cette 6ème république soit écologique, selon Mr Bastien, cela me va. A condition qu’elle ne soit pas la propriété d’un parti comme tendraient à l’être des idées vaguement socialisantes pour le parti socialiste, dont on voit aujourd’hui l’isolement d’un candidat qui peine à rassembler au delà de son camp, malgré ses ambitions mitterandiennes, pour cette même raison : l’absence d’intégration de logiques différentes, voire opposées au social-libéralisme et à la dictature des marchés (comme c’est le cas de l’écologie mais également d’autres, comme les orientations économiques alternatives), un positionnement par ailleurs partagé par des gens à cheval sur les frontières idéologiques classiques et qui entretiennent un flou qui leur a profité jusqu’à présent, comme c’est le cas de Hollande, mais aussi Villepin, Bayrou, et d’autres…
J’ai de ce projet de 6ème république, que je fait également mien, avec je le sais bien d’autres dans différents partis, une conception ouverte et fédératrice. L’un des points clés du programme du Front de Gauche, l’organisation d’assemblées constituantes, qui sont en train de se concrétiser dans toute la France, va d’ailleurs dans ce sens. Comment en effet bâtir un projet de gouvernement en ne tenant compte que de ses seuls élus, qui ne représentent en rien la totalité de la population, mais à peine la moitié, si l’on en juge par l’importance de l’abstention ? Sans parler de ces super-riches qui manoeuvrent dans un cotnexte hautement oligarchique les réseaux politiques, et tentent de nous convaincre de la normalté de leur propre suprématie…
Il est urgent de développer non seulement le sentiment mais également la concrétisation d’un espace démocratique réel, d’une participation de tout un chacun, dans l’idéal, à la concrétisation d’un projet politique nouveau, dans lequel nos institutions s’intégreront harmonieusement. Car, on le voit bien, la définition du mieux vivre ensemble est au cœur des enjeux et de la résolution des conflits sociétaux, présents ou à venir, et sans une réflexion et surtout une action politique volontaire sur ce thème, nous avancerons avec un logiciel périmé dans la complexité exemplaire du monde moderne. Ce dont celui qui se veut le leader de la gauche, seule unique et universelle, dans un état d’esprit hégémonique assez agaçant, quand ce n’est pas totalitaire chez ces affidés, voudrait si arbitrairement anti-démocratiquement s’abstraire.
Cette idée de 6 ème république, si elle était partagée, ne serait plus un simple gadget d’intellectuels, mais deviendrait un élément programmatique bien plus rassembleur que ne le furent des primaires exclusivement socialistes, auxquelles aucun parti, de gauche certes, mais de transformation sociale et écologique avant tout, ne saurait participer, les fondements en étant faussés par une pseudo-dynamique qui interdit d’y exprimer des idées novatrices : à priori, elles ne seraient pas suffisamment consensuelles… Et pourtant. Le peuple n’est-il pas plus en avnce et de demandeur de nouveauté que les politiques trop traditionnels ne sauraient le porter ? Nous sommes tous conscient qu’une page historique est en train de se tourner, assez doulouresuement d’ailleurs, sans que quelque politique que ce soit ne semble vouloir l’incarner, ce changement.
Pourtant, Oui, un autre monde est possible, et nous sommes de plus en plus nombreux à l’attendre, l’espérer et tenter, encore timidement certes, alors que l’urgence est là, de le construire.
Ça ne se fera pas sans vous.