En Grèce, le nouveau gouvernement d'union nationale qui a pris la relève de celui du socialiste Georges Papandréou comprend
deux représentants de l'extrême droite. En Italie, Silvio Berlusconi sera remplacé par un technocrate, la gauche s'abstenant en attendant de prochaines élections législatives repoussées aux
calendes... grecques. Dans ces deux pays, l'exécutif est tombé sous la pression des marchés financiers, d'une perte de confiance politique et d'une fragilité institutionnelle.
En France, Nicolas Sarkozy a applaudi ces changements.
Les voudrait-il en France ?
Berlusconi tombe enfin
Nicolas Sarkozy s'est empressé d'afficher un soutien très visible aux nouveaux premiers ministres grec et italien. C'était
nécessaire. Si la crise s'aggrave encore, la France sera en première ligne. Les banques françaises ont dû accélérer leur
désengagement de la dette italienne la semaine dernière. Ainsi, BNP Paribas a réduit son exposition de 24 milliards au 31 décembre dernier à 8,3 milliards le 31 octobre. Les autorités monétaires
exigent que les dettes souveraines sont évaluées à leur prix de marché et leur valeur comptable dans les comptes de nos banques.
Vendredi, le Sénat italien adoptait le plan de réformes tant attendu par l'eurozone et les banquiers grâce à l'abstention de
la gauche et du centre. Avec la désignation annoncée de l'ancien commissaire européen Mario Monti, mêmes les marchés soufflaient un peu: les taux d'emprunts italiens à 10 ans sont repassés sous
la fatidique barre des 7% vendredi. Samed soir, Silvio Berlusconi avait officiellement démissionné. Un peu partout en Italie, des manifestations de
joie. Il a même du quitter ses bureaux, le palais présidentiel du Quirinal, par une porte dérobée pour éviter, devant l'entrée principale, quelques manifestants criant « bouffon, bouffon! ».
A Mario Monti, nommé dimanche soir pour remplacer Silvio Berlusconi, Nicolas
Sarkozy a proposé de venir à Rome montrer combien il a
confiance en l'Italie. Il aimerait qu'Angela Merkel vienne avec lui. On imagine la réaction dubitative de la chancelière allemande. Le Monarque français a même donné des conseils de politique
intérieure à l'Italie, à en croire l'incroyable compte-rendu de confidences du journalistes Arnaud Leparmentier. En particulier, Sarkozy préfèrerait que
des élections législatives interviennent plus tard en Italie.
Deux fascistes grecs au pouvoir?
Au premier ministre grec, Lucas Papademos, il a écrit combien
il se réjouit de la formation « d'un gouvernement de large union à même d'assurer la pleine mise en œuvre de l'accord du 27 octobre et des mesures qui en découlent. » Et il ajoutait:
« En cette période cruciale, où tant est en jeu, je suis certain que vous aurez à cœur de prendre toutes les mesures nécessaires pour que la Grèce continue à jouer pleinement son rôle
dans une Europe forte et rassemblée, fidèle à ses idéaux ». Une Europe ... fidèle à ses idéaux ?
La France, récemment condamnée
par le Conseil de l'Europe pour discrimination à l'égard des Roms, n'a certes pas de leçons démocratiques à donner à la Grèce. Mais imaginerait-on une telle union nationale en France pour
lutter pour le redressement du pays et résoudre la crise de l'endettement ?
Nicolas Sarkozy voudrait-il du Front National dans une grande alliance anti-crise ?
On notera d'abord qu'il n'a jamais n'a-t-il tendu la main à l'opposition dans la gestion de la crise. Tout juste s'est-il
autorisé quelques consultations symboliques avant ses grands shows internationaux, G20 ou autres. Quand il s'agissait de préparer une nouvelle tranche de rigueur, silence radio. Le Monarque
décide, le premier chambellan exécute. L'opposition devrait se taire.
Ensuite, Nicolas Sarkozy n'a besoin de personne... pour l'instant. Il a les pleins pouvoirs. La situation française a ceci de
particulier que Nicolas Sarkozy est institutionnellement ... le seul responsable. Nul besoin d'alliance improbable à ce stade tant la majorité est écrasante à l'Assemblée. Quant au Sénat passé à
gauche fin septembre, son rôle reste faible dans la gestion des affaires courantes.
Les sondages créditent imprudemment Marine Le Pen de 18 à 20% des
opinions de vote pour l prochain scrutin présidentiel. Et la fille de Jean-Marie défend si mal son programme économique qu'elle ne devrait que chuter. Il fallait l'entendre (ou la lire), jeudi 10 novembre sur la monnaie unique: «
Je veux qu'on planifie le retour à la monnaie nationale. Si je suis élue, ça prendra six mois (...). Il suffit de changer les planches à billets. Techniquement, ce n'est pas bien
compliqué ». D'autres opposants, au moins, ont su développé un discours alternatif qui se tient, qu'on soit d'accord ou pas. Marine Le Pen, elle, ne comprend
visiblement rien au sujet.
A tout le moins, Marine Le Pen est hors du jeu sur ces sujets de la crise de l'endettement et de l'euro.
Nicolas Sarkozy a donc un peu moins de 6 mois pour conforter cet électorat tant
convoité.