La coccidiose du pigeon

Par Selectionsavicoles

LA COCCIDIOSE DU PIGEON

Une maladie moins grave qu’on le croit généralement

L'importance de la coccidiose a été bien exagérée chez le pigeon, et cela semble ré­sulter, comme pour beaucoup de volailles et d’oiseaux, de l'importance que cette maladie a chez le poulet qui semble être considéré, bien à tort, comme la référence dès qu'il s'agit de maladie des oiseaux. La coccidiose du pigeon n'est pas très fréquente (bien moins que la trichomonose), et si elle peut causer des pertes chez les jeunes, dans certains cas, on ne peut pas la considérer comme une maladie importante. De plus, il est pos­sible maintenant de la traiter facilement et très efficacement.

AGENT CAUSAL

Eimeria Labbeana (encore nommée E. Pfeifferi) protozoaire ayant le même cycle évolutif que toutes les Eimeria. La forme re­jetée dans le milieu extérieur ou ookyste est presque sphérique (20 x 18 microns). Après quelques jours à la chaleur et à l'humidité, il se forme 4 sporocystes contenant chacun 2 sporozoïtes. Sous cette forme, l'ookyste est infestant ; ingéré par un pigeon il s'ouvre et libère les 8 sporozoïtes qui envahissent des cellules de l'intestin, se multiplient, vont en­vahir d'autres cellules, et après un certain nombre de ces multiplications, donnent des formes sexuées mâles et femelles, avec fé­condation qui aboutit à la production de l'oo­kyste. D'autres espèces ont été signalées chez la colombe et des pigeons sauvages de divers pays. Les coccidies sont étroite­ment spécifiques d'une espèce, et le pigeon ne peut ni contaminer d'autres oiseaux, ni être contaminé par eux.

SYMPTOMES

En général, la maladie ne s'observe que chez le pigeonneau. L'évolution est rapide, avec diarrhée, et la mortalité peut atteindre 30 à 50 % des jeunes. Il n'y a aucun symp­tôme précis, ni diarrhée hémorragique qui est propre au poussin. Le pigeon adulte peut être atteint de coccidiose, mais l'évolution est alors plus lente. Les jeunes peuvent être affectés surtout entre 3 et 10 semaines.

LESIONS

Elles ne sont pas plus caractéristiques que les symptômes, et une congestion plus ou moins marquée de l'intestin est, en général, la seule lésion visible qui est loin d'être ca­ractéristique.

DIAGNOSTIC

Seul l'examen microscopique du contenu intestinal, du raclage de la muqueuse, ou éventuellement des fientes, permet de faire le diagnostic en découvrant les ookystes en grand nombre. Comme nous l'avons vu, les symptômes (diarrhée, amaigrissement) ne sont pas caractéristiques et peuvent aussi bien être dus aux vers intestinaux, notam­ment.

EPIDEMIOLOGIE

Les ookystes sont extrêmement résistants dans le sol, et restent infestants environ un an. Ils sont également résistants à tous les antiseptiques courants, et le nettoyage im­porte donc plus que la désinfection.

Les chances de contamination des jeunes au nid, tant qu'ils sont alimentés par les pa­rents, sont donc faibles et c'est surtout quand ils sont en contact avec un sol contaminé que la contamination peut devenir importante. Ainsi que nous l'avons déjà dit, la coccidiose du pigeon est propre à cet oiseau et autres colombidés, et il n'y a absolument aucune possibilité de contamination venant des vo­lailles, et à plus forte raison du lapin.

La coccidiose produit une immunité, et si les contaminations des jeunes sont faibles et répétées, l'immunité peut être acquise sans qu'il y ait eu de maladie. Cette immunité est cependant. assez brève, mais est entretenue par la présence de coccidies en petit nom­bre, que le sujet immunisé tolère sans trou­bles. C'est pratiquement le cas de tous les oiseaux, et l'absence de coccidiose, dans un pigeonnier, signifie que la coccidiose est la­tente à un niveau très faible qui immunise les jeunes, et non que l'élevage est absolu­ment indemne ; l'absence totale de coccidiose est cependant possible, mais n'est pas favo­rable, car de tels sujets, même les adultes, sans immunité, feront une coccidiose grave s'ils subissent un jour une contamination bru­tale et importante.

L'expérience démontre que lorsque le nombre d'ookystes est inférieur à 3000 par gramme de fiente, aucun traitement n'est nécessaire. Entre 3000 et 20000 ookystes par gramme de fiente, il faut craindre un cer­tain délabrement intestinal avec pour consé­quence principale une mauvaise assimilation des éléments nutritifs. Si le nombre d'ookys­tes est supérieur à 20000 par gramme de fiente, la maladie risque fort de se déclarer, notamment chez les jeunes sujets non en­core immunisés.

TRAITEMENT

Le traitement de la coccidiose a longtemps été considéré comme difficile et incertain. Depuis 1946, la solution du problème a été apportee par des sulfamides spéciaux agis­sant sur ces parasites. La sulfamérazine est parfaitement efficace à la dose de 2 grammes par litre d'eau (sous forme soluble, bien entendu) pendant 2 à 3 jours ; arrêt de 3 jours et reprise du traite­ment pendant 2 jours.

Le sulfadimérazine (ou sulfamézathine) doit être écarté, car très amer, il entraîne sou­vent le refus de l'eau de boisson. Les pro­blèmes de l'amertume et d'une toxicité éven­tuelle qui ont été reprochés à ces sulfamides sont maintenant résolus avec un sulfamide plus récent, le sulfadiméthoxine qui s'emploie à raison de 0,25 g. par litre d'eau, et à cette dose, n'a ni goût, ni toxicité. Le traitement doit durer 5 à 6 jours, et peut être repris après 3 à 4 jours d'arrêt.

PROPHYLAXIE

Elle repose sur la propreté ; il faut, en ou­tre, éviter l'humidité favorable à la sporula­lion des ookystes, donc à la contamination des oiseaux. Les désinfectants sont illusoi­res, et le but à rechercher est de réduire l'importance de l'infestation plutôt que de dé­truire totalement les coccidies, ce qui est im­possible.

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