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Dans la tourmente de la sorcellerie …

Par Alaindependant

Témoignage, par Djouher Khater


Dans la tourmente de la sorcellerie … (Contrôle et manipulation)

1e partie

 L' auteure de : «  Contre la sorcellerie, l’Amour, le cas Algérie » publié sur "A l'indépendant" [puis supprimé à la demande de l'auteure, NDLR] apporte dans le présent témoignage, les clarifications que sa distanciation d’avec les problèmes qui étaient à l’origine de ce texte lui impose. Ses perturbations étaient telles que la généralisation s’est imposée d’elle-même. Aujourd’hui, la fiabilité de cette attitude lui pose problème.

Elle  remercie vivement Luc Colles pour sa confiance. Toutefois, son commentaire interpellait une mise au point qui ne pouvait être qu'exposition. C'est pourquoi, cette réticence  à commettre les éclaircissements qui s'imposaient, cette longue hésitation...

Puisqu'en définitive, le droit au secret et à la protection de la vie privée, peut aussi bien impliquer une complicité dans le déni de vie. Là où le privé est politique ou mené en berne, le silence n'est pas d'or, il est mort: face à l'arbitraire, il ne reste que la parole.

 D'abord, une rectification : L'auteure n'a fait qu’agir selon ses principes. Ses choix allaient de soi: ils découlaient d'un état de nature. Puisqu’elle a tout simplement essayé d'être en accord avec elle-même.

C'est pourquoi elle n'a nul sentiment d'avoir - pour reprendre les termes  de Luc - mené un combat pour la lumière et la droiture. Elle n’en a ni la prétention, ni du reste la dimension.

Enfant de la guerre,  elle était surtout l’ainée d’un miraculé de la guerre de libération, revenu de ce dont on ne revient pas, multi-traumatisé. De surcroit livré à lui-même à l’Indépendance, alors qu’il avait tout perdu.

Et plus grave encore, sciemment et férocement déstabilisé à son insu, par la magie noire (bien qu’il n’ait  jamais parlé de son passé, pas même à ses enfants) il devait faire face à un cercle infernal de faux problèmes.

Elle ne comprendra que beaucoup plus tard, pour avoir connu le même calvaire et en avoir pris conscience, de quoi il s’agissait. Ce qui était communément pris pour les séquelles des tortures étaient en fait de subtiles représailles contre un survivant  fidèle à son combat pour la justice et la liberté.   

Sa famille ayant été dramatiquement meurtrie par la guerre, elle était mue par la conviction que seule une éducation au respect, aux valeurs humaines et au savoir, peut faire reculer la violence de l'ignorance et de l'injustice. C'est l'axe central de l'enseignement qu'elle donnait, de ses projets de recherche, de son mode de vie. Du moins, consciemment. 

Quant à ce qu'elle décrit des désordres d’abord psychiques,  puis organiques et sensoriels, ou produits par manipulation des objets ou des hommes, elle l'a vécu depuis l'enfance. Ces désordres qui se sont démultipliés après sa prise de fonction à l’université, ont perduré jusqu’à ces derniers temps.

Elle a vu de prés d’autres en subir les conséquences, en plus grave. Autrement plus brillants ou excellents, ils récoltaient l’échec, des injustices monstrueuses, des accidents aussi effroyables qu’inexplicables. Et pire. Par vengeance.   

Ainsi, les souffrances en question ne sont malheureusement pas que les siennes propres. 

Une guerre non déclarée : Les uns après les autres, les désordres vécus auraient pu être une cause infaillible d’échec dans ses études primaires, bien qu’excellente dés son entrée à l’école et première en classe. D’abandon dans sa vie scolaire d’excellente collégienne et pour finir d’étudiante. Ces désordres cumulés ont finalement eu raison de sa santé et de sa résistance d’enseignante.

Chronologiquement, la gravité des désordres et des problèmes s'est graduellement accrue, après son recrutement par l'Université Mouloud Mammeri à la rentrée universitaire 1982/ 1983 pour l’enseignement des littératures étrangères.

Elle réussit contre vent et marée la fin de la même année, à inscrire un sujet de mémoire de post-graduation portant sur le projet de société reflété par les manuels de littérature, à travers l’analyse de l’idéologie de ces derniers. L’école étant par delà les discours populistes un instrument de reproduction sociale et de maintien de l’ordre établi, le sujet était tabou pour la direction de l’Institut des lettres et langue arabe de l’Université d’Alger.

Le harcèlement administratif continu a renforcé les nuisances des désordres ci-dessus évoqués.  En sus d’une agressivité inexplicable de son entourage socioprofessionnel, mue plus tard en déferlement de haine dans ses milieux de vie. 

 Elle a subi lors de sa dépression en octobre 1993 - la veille de son dernier jour à l’université, alors qu’elle se préparait  à quitter  l’Algérie - et durant prés de deux années, une terrible pression l’incitant au suicide.

Ce dernier était présenté comme la seule issue possible.  L’unique  réparation à ses déviations. Et ce, après avoir échappé, deux mois auparavant à une agression qui aurait pu être mortelle dans une zone protégée, à l’entrée d’une caserne. Paradoxalement par un barbu, cette fois-ci.  

A ce stade, ses troubles sensoriels étaient tels, qu’il lui était impossible de distinguer la réalité du reste, sa faculté de jugement et par conséquent de discernement - dans la mesure où il y en avait eu une - étant  sérieusement escamotée. Avec une tête en bouillie et des sens brouillés, rien de plus normal.  

Mais bien avant et  jusqu’à récemment, il arrivait souvent que les méprises induites par les désordres sensoriels soient graves, voire très graves, provoquant des accidents qui auraient pu être néfastes. Tels rentrer violemment dans un mur ou un autre obstacle invisible et être projetée par le choc cinq mètres en arrière…Au risque de se retrouver en miettes.

Plus souvent, ces méprises affectaient désastreusement  ses rapports aux autres, suscitant incompréhension,  discorde et animosité ou agressivité et violence verbale... à l’encontre de ses décisions les plus secrètes. Ou de celles de ses proches.

A cela s’ajoutaient les perceptions étranges, déformantes ou métamorphosantes des autres et des choses; la manipulation pernicieuse et continue de ses  objets …au plus mauvais moment.

Ce qui provoquait des désagréments de toutes sortes et des situations pénibles, tant les dangers étaient imminents et les quiproquos insolubles. A en étouffer de rage et être vidée d’énergie.

Des perceptions tantôt troublantes, tantôt inquiétantes, elle garde en mémoire notamment,  celle d’un  homme marchant à la vitesse des transports publics, le doigt accusateur, avant chaque désastre familial, survenant contre toute attente. Et qui en d’autres temps, l’épiait sous sa fenêtre en ricanant (période d’obsession du suicide) ou la ridiculisant (période où elle se donnait contenance en passant son temps à coudre des choses à la main et celle plus tard où elle investiguait du côté du soufisme ou autre  …).

Ou celles  d’autres  aux formes étranges, qui la suivaient  les premières années de sa dépression, essayant manifestement de l’aborder.  Ou celles qui disparaissaient après avoir délivré un message selon quoi elle aurait été manipulée par le biais de la sorcellerie (avant même que l’idée ne l’effleure ) et bien longtemps avant sa découverte sur internet.

 Ou celles de personnes du voisinage la rendant responsable de tel problème ou de tel drame familial. Ou ces  ricanements suivis immédiatement d’échec. Quand à celles curieuses ou ahurissantes, mobilisant l’attention ou simplement  préoccupantes, elles étaient légion.

Si durant la dernière année, elle n’était plus sûre de ce qu’elle voyait, ni de ce qu’elle entendait, son attitude était jusque-alors à l’extrême opposé: à aucun moment, aussi incroyable que cela soit,  elle n’avait douté  de la véracité de la matière transmise par ses sens!

Elle agissait alors selon la logique des choses ou essayait de ne pas en tenir compte. Et aspirée par d’autres, elle oubliait les bizarreries aussi décontenançantes et désemparantes qu’elles fussent, aussitôt... La cadence était telle qu’elle n’avait même pas le temps de s’interroger !  

Ce qui est sans équivoque par contre et qui s’est inscrit dans la durée, c’est que bien avant la dépression comme après, tout à l’extérieur la poussait à se retrancher à l’intérieur. Quant celui-là la renvoyait incessamment vers les textes: lecture, traduction, écriture… en pure perte.

 Incapable de se concentrer, elle oubliait instantanément ce qu’elle lisait. Il arrivait qu’elle n’y comprenne rien, comme à certains de ses actes.

Pour  résumer, tout  foirait, constituant une source de tracas ou d’angoisse. Le tableau des contretemps, des contre-sens, des désordres et autres  casse-têtes, qui l’avaient  menée implacablement à l’isolement, puis à la dépression, est si complexe qu’il est impossible de le reprendre sous ses infinies facettes et leurs subtilités.

La réalité de ces situations inextricables lui semblait si évidente, qu’elle n’en parlait même pas. Elle comprenait confusément qu’elles n’étaient pas pour certaines, étrangères à son engagement intellectuel. Pour d’autres, qu’il en allait ainsi de la vie. Et assumait, mine de rien.

Cependant, un changement intervint, dans le courant de sa dernière année en Algérie. Aux tribulations habituelles vinrent s’ajouter des gémissements de douleur d’inconnus dans la rue, et bien souvent, des fulminations, des invectives et des plaintes autour des frustrations et des peines provoquées par la sorcellerie. Au profit des patrons ou des puissances dominantes.

C’était là, l’aboutissement final de tous les travers d’un chaotique parcours. Toutes les difficultés et les bizarreries qu’elle vécut les deux dernières années notamment y conduisaient.

Elle se rendit également compte la même dernière année, que des amnésies, des disparitions d’objets ou des perceptions auxquelles elle avait accordé crédit à tort ou qu’elle avait ignorées en réactions à des déceptions inhérentes à d’autres,  avaient provoqué des injustices de sa part et des manquements graves à ses devoirs.

En sus de ce qui précède, il y eut aussi à son encontre des gestes de menace et des dépassements  bien avérés dans la réalité. De graves atteintes à son intégrité physique et morale et des tentatives d’assassinats sur le long terme en Algérie. Et à l’encontre des siens. Et des décès inexplicables.  

 Perturbations multiformes / Réactions : Depuis ces absences dans ses classes primaires où elle ne savait plus ce qu’elle faisait, devenant tout à coup absente, après y avoir été aussi active qu’excellente… A ces accidents provoqués par ses camarades d’écoles et qui auraient pu être funestes. 

Ou ces réactions en chaine dans la rue, déclenchées par un coup d’œil machinal dans le dos d’un inconnu,  et ce dévoilement continu de son intimité, qui faisaient qu’enfant, elle se recroquevillait déjà sur elle-même.

En passant par ces maladies inexplicables, dés l’adolescence. Dont l’une, étrangement survenue, faillit l’emporter à ses premiers pas dans l’âge adulte et  lui compliquera la vie.  Maladies qui faillirent la clouer à la maison tant elles étaient invalidantes. Et qui bien que sues d’elle seule, déclenchaient à  l’extérieur des railleries acerbes. Ou du moins, ainsi entendait-elle...

Jusqu’à ces idées, gestes ou paroles, qui sans lui avoir jamais effleuré l’esprit, semblaient  lui  échapper, venus on ne sait d’où … 

De l’autodestruction en bonne et due forme ? Elle était pourtant fière de ses résultats scolaires, bien dans sa peau et aussi heureuse que sûre d’elle même. Et par-dessus tout, elle abhorrait la vulgarité! 

C’est pourquoi, l’adolescente que ses pieds refusèrent un temps de porter à l’extérieur, continua à marcher. Sous les railleries. Elle s’imposa pour surmonter les séquelles d’un problème de santé d’une gravité mortelle (qu’elle fut la seule à contracter parmi ses condisciples de l’internat )qui survint peu de temps après, un régime alimentaire draconien qui vint s’ajouter à son végétarisme de base.   

C’est pourquoi aussi, eu égard aux mésaventures incessantes, il lui faudra plus tard, tout le temps s’assurer qu’elle était dans la bonne situation et ne s’égarait pas dans quelque voie douteuse. Qu’elle disait bien ce qu’elle pensait et pas autre chose. Que son intimité ne courait pas la rue. Et dans la discrétion ! En vain.

Pour s’éviter d’être partout en guerre, elle faisait la sourde oreille devant l’ironie massacrante et les mesquineries de ceux qu’elle laissait l’approcher ou de simples passants. Elle avait beau se contrôler, se corseter, ça n’arrangeait pas les choses.

Pour passer outre, elle s’inventait continuellement des occupations. Objectif : oublier l’horreur, oublier la vie telle qu’elle se présentait. Et pour faire l’équilibre, s’extasier d’un rien de beauté.  

De ce qui précède, elle n’a jamais parlé à personne - à l’exception de ses psychiatres, sans pour autant entrer dans  le détail de ses ennuis - jusqu’à l’année de son départ.

Elle parlait par contre de ses problèmes à l’Université. Elle parlait également des petites expériences positives, qui venaient égayer son parcours et lui rappeler qu’il n’y avait pas lieu de désespérer. 

La raison est qu’elle ne voulait pas prêter flanc à ceux qui voulaient en faire une folle. Or, pour les uns et les autres, elle était déjà classée.

Quand quelqu’un parle à un fantôme; s’entend dire avoir dit ou fait ce qui est en soi inconcevable; dit vous avoir rencontré alors que vous étiez à mille lieux; ou avoir entendu seul ce que vous étiez censés entendre ensemble ou ne pas avoir entendu…  C’est on ne peut plus clair. Il en est qui ne se sont  pas gênés.

Genèse d’un suicidation manquée : Croyant  que ce qu’elle vivait entrait dans la norme des choses,  elle fuyait l’épouvante extérieure pour se réfugier à la maison. Mais là aussi, rien n’était simple. En sus des difficultés inexplicables, la situation devint infernale dans l’intervalle des deux ans qui suivirent la dépression.

Dans la mesure où la déstabilisation pour ce qui la concerne y a atteint son point extrême.

Sur les lieux, en effet, le martellement  des incitations au  suicide clairement édictées s’acharnait à démolir sa capacité de discernement et à creuser son désespoir.  Des écritures lumineuses en calligraphie coranique sur les murs, les objets et dans l’air,  en tant qu’émanations de la volonté  Divine appuyées par les gestes d’autrui ( qu’elle pensait réels) renforçaient leur prégnance.  

 La réactivité bête et méchante de tout ce qui l’entourait,  à la moindre de ses pensées et au moindre regard ( mur, radio, télévision, sol, oiseau, chiffon…) allait dans le même sens, lui faisant perdre toute emprise sur la réalité, et toute faculté de jugement.

Ces  phénomènes, qui se déclenchèrent en toute puissance depuis la veille de sa dépression,  descendirent  à leur plus bas niveau,  à presque deux années de  cessation de travail. Il en fut de même  des sensations horripilantes qui la submergèrent durant cette période.

Tandis que persistera la manipulation  des objets  personnels autant que  familiaux, les ricanements, sarcasmes et  insinuations vicieuses et méchancetés qui fusaient de toute part en ces lieux, y  perdront peu à peu de leur intensité au bout de cet  intervalle.  

Soit, quand elle se mit à se complaire dans  l’inaction .  Quand l’Administration eût fini de mettre en place le moyen réglementaire de l’en empêcher, si jamais les conditions s’apprêteraient à une reprise plus tard (et ne reculera que sous la menace d’un procès) Mais aussi, quand son projet d’émigration se fût effacé jusqu’à la trace. C'est-à-dire quand elle cessa complètement de se débattre, car le venin lourdement injecté sur le long terme, avait vaincu sa résistance.

Vivant dans les moments de lucidité, son cauchemar comme la conséquence  du harcèlement et des humiliations antérieures, et en raison des perceptions ci-dessus évoquées, comme l’expression de la colère divine,  elle avait décidé de ne plus jamais remettre les pieds à l’université.

C’est que le calvaire quotidien, induit par le brouillage des sens et la suggestion harcelante, avait été tel que  le suicide devint durant cette période, une idée  obsessionnelle. Au plus fort du désarroi, elle n’avait qu’un seul désir: en finir. 

Elle n’en parlait pas, mais ses tentatives de suicide ont été  multiples, même si elles  n’ont jamais dépassé le stade de l’intention ou du premier pas.

S’il y eût  à chaque fois un empêchement, car surveillée de prés, c’est surtout en pensant à ses proches qu’elle avait le plus souvent chassé l’idée ou s’était arrêtée dans son funeste geste. Elle ne voulait pas leur rajouter.

Pour eux aussi, tout allait à contre-sens. Leurs efforts débouchaient, inexplicablement sur des résultats contraires. Quand ce n’était pas pire.

Ses explications étant rationnelles, à aucun moment, la magie noire ne lui avait traversé l’esprit, serait-ce comme une idée fugace. Les dernières années cependant, tout convergeait vers cette dernière. Sans qu’elle pensa à mettre un lien entre les rebours d’un passé problématique et un présent qui le continue, alourdi de non-sens.

Et pourtant, une clairvoyante centenaire - consultée pour elle en raison de  l’inefficacité du traitement psychiatrique - avait prévenu qu’un sortilège lui avait été fait afin de la terroriser.

Elle était de fait non pas terrorisée mais réellement torturée par ce qu’elle vivait, ce qu’elle voyait  ses proches vivre ou pensait voir, dés lors qu’elle s’était plus tard recentrée sur elle-même, parce que la guerre civile faisait moins rage et que désocialisée, ses préoccupations d’intérêt général étaient loin derrière elle.

Si elle n’avait pas accordé crédit à l’assertion ci-dessus évoquée, pas plus à ce moment-là, que plus tard, il n’y avait pourtant pas d’autre explication. Or pour en convenir, il fallait d’abord qu’elle y croie.

Que la sorcellerie puisse avoir un impact déterminant dans la vie d’une personne, comme le voulait la culture populaire,  dépassait son entendement: les hommes ont le libre arbitre, pensait-elle et sont par voie de conséquence, responsables de la réussite et de l’échec. Au plan individuel et communautaire.   

En  résumé, les tracasseries et injustices administratives relevaient à ses yeux, de la connivence administrative et de la répression d’un Etat militaro-policier. Quand ses problèmes relationnels et autres insultes avaient traits à la  mentalité et à l’éducation. Le reste, quel qu’il fût , des choses faisant partie de la vie.

Elle aura le temps de nuancer  son avis . Puisque la sorcellerie finira par se dévoiler et se faire connaitre. Quand elle se sera mise à s’interroger sur  les difficultés auxquelles son entourage immédiat, était incessamment confronté.   

 Quand la sorcellerie s’annonce: Durant les deux dernières années d’Algérie, en effet,  tout y menait. Pas à pas. Inévitablement.  

Ainsi, ce qu’elle voyait dans les rêves, comme ce qu’elle vivait  dans son corps (marques sur le corps) le disait laconiquement.

Mais aussi, ce qu’elle vivait à l’extérieur, dans les réactions des autres (paroles en rapport)à travers ses perceptions (souffrances et peines d’autrui en rapport). Et à l’intérieur, à travers la manipulation des choses et des objets (disparitions, interventions sur les choses par démontage, impression de signaux sur des supports divers, etc.).

Autant de signes épars sur une seule et même période, pour dire une seule et même chose. Mettre une seule piste en cause: la sorcellerie.

Pour finalement, la présenter comme un moyen de contrôle des masses. Par les puissances étrangères  et les patrons locaux.

A quelque temps de là, la gendarmerie mena une campagne contre les sorciers et le charlatanisme. Pure coïncidence ou pour donner le ton ?

En tout état de cause, cela signifiait que ses réels et continus déboires avec l’administration et ses subalternes ou autres, n’avaient pas de lien avec ces algériens auxquels elle avait directement affaire. Ni ce harcèlement pernicieux qui l’avait usée.

En pointant dans ses cours l’Administration et les mentalités ambiantes -par la mise en vue de pratiques et de visions des choses plus humaines, à travers le regard critique et la sensibilité d’œuvres littéraires universelles et de textes militants en rapport direct avec les problèmes socioculturels et politiques des algériens ou simplement humains  - elle s’était donc trompée de cible et d’adversaires.

Son ennemi était ailleurs et c’est de lui que provenaient ses infinis problèmes ! Il  était temps qu’elle réajuste ses lunettes, car elle était trop culturellement aliénée et aveugle pour voir. Et son tir.

Ainsi, la déstabilisation planifiée, la malveillance affichée, les coups bas, l’agression mortelle, pour ne citer que la plus directe, les menaces dans la rue, jusque dans les derniers temps, les difficultés assassines,…pour ne parler que de sa personne, tout était question de sorcellerie. Au profit des nabab locaux et de l’étranger. Ou tout simplement des sectes locales.

Rien de cela n’était la preuve d’une volonté de casse délibérée orchestrée pour des raisons de politique intérieure (voir  sa  : Lettre ouverte à Monsieur le Recteur de l’Université Mouloud Mammeri… ) soutenue au long des années par la plus insidieuse et la cruelle des armes. 

  Le harcèlement administratif  jusqu’au bout : Indubitablement destructifs et dégradants étaient ces longs déplacements hebdomadaires, auxquels elle avait été contrainte à son retour de congé maladie en 2001, par non attribution d’un logement de fonction, à l’instar de ses collègues. Déplacements au bout desquels elle arrivait titubante dans son cours.

 Ces déplacements, qui étaient en outre  hautement risqués dans le contexte  de l’époque, avaient eu pour rôle de porter le coup de grâce.  

Consécutivement en effet, ses inexplicables problèmes de santé se compliquèrent considérablement.

Et entre autres, ces sensations d’étranglement ou d’étau lui enserrant la gorge,  qui devinrent horrifiques au cours de ses allers-retours de sa ville de résidence à celle de son lieu de travail, les dernières années. A tel point qu’il lui arrivait de penser, qu’elle n’arriverait jamais au terme de son voyage.

Suivirent pour compléter le tableau, les refus de rembourser ses congés maladie, alors que les retenues et les suspensions de salaire se suivaient. Bien que ses absences fussent dûment justifiées. Et ce, quand souffrant  d’aphonie dés le premier quart d’heure du cours, ou d’autres problèmes de santé, elle n’avait d’autre choix que de quitter la classe ou de s’absenter. Il lui arrivait aussi d’avoir des vertiges en classe et de tomber dans l’enceinte de l’université, au vu et au su des responsables.

Elle ne doute pas que cet acharnement  destructif à la dangerosité avérée faisait partie d’un programme. Et pour cause :

- Elle s’entendit répondre la dernière année, par un supérieur de sa Faculté, sollicité pour la résolution d’un problème pédagogico-administratif en présence d’un tiers que : « cela ne serait pas aisé, eu égard à  la sensibilité de son dossier ».

- Elle s’entendit de même répondre durant la même période, devant des tierces, par son supérieur hiérarchique,  auquel elle avait riposté qu’il était malvenu d’être choqué par un rapport (de l’enseignante à son encontre) quand son Administration la piétinait depuis trente ans, que: « cela faisait partie du passé ».

 Ces harcèlements  continuèrent pourtant, sous tous prétextes jusqu’au départ d’Algérie. Et au-delà .

  Le dernier du genre dans le domaine professionnel: Incapable désormais de travailler et se trouvant  dans l’incapacité  physique d’effectuer les déplacements habituels, elle a déposé un dossier de congé maladie de longue durée, au mois de juin 2009, auprès du Médecin contrôle de la Caisse d’assurance sociale des travailleurs, qui avait privilégié cette voie.

Elle a adressé en outre, une demande de  mise en disposition pour l’année en cours pour des raisons de santé au Chef de département, via le Vice-recteur chargé de la Planification ( le seul dont elle avait les coordonnées) par e-mail, en début octobre. Laquelle a été suivie dés le lendemain, d’une demande de départ à la retraite. Au cas où la demande de mise en disposition poserait problème.

Par ailleurs, en ce mois d’octobre 2009, le Chef de département lui adressa, d’après ce qu’il lui dit, une première mise en demeure qu’elle n’a jamais réceptionnée.  

La période allant de la signature des PV de reprise à la mi-septembre au début des examens à la mi-octobre étant généralement  creuse et notamment durant le Ramadhan, il n’avait pas de raison de le faire. Mais surtout, elle était sensée être en congé scientifique d’un mois à l’UCL en Belgique, à partir du 01 octobre, dans le cadre d’une bourse d’études obtenue auprès de son université.

Or, des  mises  en demeure ont été envoyées à une adresse fictive et son salaire a été suspendu, à partir du  mois précité. Alors que son absence avait été justifiée, maintes fois.

Elle sut  durant le stage scientifique finalement décalé d’un mois, à cause du retard du visa,  que le Chef de département qu’elle avait pourtant informé de sa nouvelle date de sortie, soit du 06 novembre au 06 décembre 2009, l’avait déclarée en situation d’abandon de poste –  qu’elle  aurait elle-même demandé, à ses dires - et introduit de ce fait, une décision de révocation de la fonction publique à son encontre.

Et ce, en dépit d’un nombre incalculable de certificats médicaux déposés au cours de l’année écoulée, d’une demande de congé maladie de longue durée et des demandes de mise en disposition récentes et passées. Ainsi que de la demande de départ en retraite.

D’autres pourtant s’absentaient à volonté, parfois durant des années, sans être aucunement inquiétés. Et en cadeau, recevaient des salaires.

Un certificat médical établi par son médecin traitant, n’y changea rien. Un certificat de  son médecin à l’étranger, non plus. Après un tiers de siècle de dévouement.  A défaut d’avoir crevé !  

Les avocats sollicités pour la représenter auprès de son administration restèrent sans réponse.

Les Organisations algériennes des Droits de l’Homme, contactées depuis l’étranger par téléphone  et en ligne, pour la représenter  (ou  la mettre en contact avec un avocat) car incapable de se rendre en Algérie pour des raisons de santé, répondirent qu’elles n’étaient pas habilitées!

Ainsi,  se sont toujours passées les choses depuis sa prise de fonction! A qui s’adresser alors pour sortir du cercle infernal du harcèlement et des  humiliations ?

 

   2e partie-fin

Chronologie d’une mort suspecte/d’un dessillement : Ayant reçu une éducation rationnelle, dans laquelle la sorcellerie est tenue pour des sornettes, où Dieu préside aux destinées en Toute-puissance, elle était loin d’imaginer ce qu’est l’emprise d’un maléfice. 

C’est en surfant sur Internet quelques mois avant son départ d’Algérie, soit en Août 2009, qu’elle tomba sur  l’explication finale et que ses doutes se dissipèrent.

Et ce, suite à la reconnaissance d’une ossature inhumaine de visage dont l’apparition récurrente dans la maison familiale, le lendemain du décès impromptu d’un membre de sa famille dans des circonstances douteuses, avait rajouté à sa confusion.

La défunte était une jeune enseignante universitaire hors-pair.  Bien portante et sans aucun problème  de santé, elle était tombée malade pour la première fois, lors de l’épidémie de typhoïde de fin de printemps 1994  et n’avait pas reçu les soins adéquats, ni l’assistance médicale nécessaire.

En dépit des symptômes évidents, les médecins privés consultés pendant les  15 jours de son alitement ne lui ont pas prescrit  de traitement contre la typhoïde et  ont fait taire ses craintes. Le dernier l’a vertement tancée, déclarant qu’elle était mal placée pour lui montrer son travail.

Malgré son état visiblement alarmant, les médecins des urgences de l’hôpital où elle a été admise, n’ont rien fait non plus. 

La déléguée de l’hôpital vint ensuite informer sa famille, qu’elle aurait succombé suite à la typhoïde. 

Ce décès, a été le seul de l’épidémie en question. Même si Dieu a  prééminence sur tout, il n’y avait pas alors, l’ombre d’un doute sur la responsabilité des médecins.

Aujourd’hui,  elle ne doute pas que l’action conjuguée de la sorcellerie et de l’indifférence a été la main maléfique par laquelle l’inéluctable s’est  réalisé. La cause directe de l’inéluctable : la haine dévastatrice d’un côté, et le parjure de l’autre. Pour clore une vie.   

Quant à la forme en question, elle ne l’avait jamais vue avant ni revue après. Elle avait été depuis lors, et dés l’heure suivante, totalement évacuée de sa mémoire, chaque jour charriant une cascade de nouvelles  préoccupations ou de soucis. Jusqu’à ce que l’icône-symbole figurant sur la première page d’un fichier d’Internet sur la sorcellerie, vint lui rafraichir la mémoire.

C’est à la lueur de ce signe qu’elle a refait la lecture des désordres et des déconvenues  continus. C’est le fil conducteur dans la trame de son histoire et celle de ses proches.  L’inexplicable s’éclaircissait… Des épreuves certes, mais qui avaient dans ce cas précis, leur cause humaine.

Destinée à colorer son appréhension de la réalité, cette chose n’avait pas trouvé d’écho et  était restée lettre morte. Totalement étrangère à ses préoccupations, à son monde mental, elle n’avait su y mettre un nom. Elle a le mérite aujourd’hui, de forcer à regarder le mal en face. Puisqu’elle en explicite la source.

En ce début juin 1994 cependant, cet incident et les autres qui défilaient sans arrêt (et dont elle ne parlait jamais) n’en furent pas moins une énième preuve de maladie mentale pour la plupart des membres de son  entourage direct.

 Psychiatres ou geôliers ? Pour elle qui doutait de ses facultés mentales,  il n’était pas aisé de trancher. Si le psychiatre auquel elle avait parlé de choses et d’autres en rapport surtout avec son activité professionnelle, prescrivait un traitement lourd, il n’en affirmait pas moins, qu’elle avait  des aptitudes psychiques extraordinaires. Quand bien même, son cas relèverait pour d’autres, de la sorcellerie ou de la maladie mentale.

Peut-être  serait-il  pertinent de préciser que ce  médecin changeait radicalement, à chaque séance, de physionomie et de visage. L’une de ses formes la renvoya à celle d’un autre médecin contacté une dizaine d’années plus tôt, et qu’elle comprit fictive quand elle revit ce denier, plus tard.

Ce sont aussi bien ses étranges métamorphoses que ses assertions qui orienteront sa recherche vers l’ésotérisme. Aussi étrange que cela soit pour quelqu’un qui soutenait qu’elle avait des capacités extraordinaires, ce médecin n’appréciera guère cette orientation.

Elle ne parla de ces transformations phénoménales qu’au bout de la quatrième année, lors de la dernière consultation.

Il avait lui-même quitté l’enseignement universitaire, la rassura -t-il dés le départ,  et  trouvait qu’elle avait eu raison d’arrêter. Or, pour elle qui était enseignante par vocation, c’était comme si elle avait arrêté de respirer, mais elle n’avait pas le choix. Epuisée, au bord du gouffre, elle avait décidé d’aller voir ailleurs, la dépression est venue  stopper son dernier sursaut. Les problèmes qui suivirent l’empêcheront longtemps de se ressaisir.   

 Ce psychiatre à qui il arrivait de dire que des activités domestiques moins astreignantes, seraient dans son cas largement suffisantes, trouvait paradoxalement, son retrait autodestructif.  Pourtant, il n’était pas sans savoir que nonobstant les apparences, c’est une loque humaine qui s’était présentée à lui, désocialisée puis traumatisée sur le long terme.

Il fallait, conseillait-il (bien qu’elle n’ait rien dit des apparitions phénoménales, qu’elle ne distinguait pas alors de la réalité) qu’elle ne tienne pas compte de ce qui lui semblait  paradoxal. Et qu’elle agisse, aurait-il pu conclure. Très  simple à dire, quand il arrivait qu’elle ne sache même pas à qui elle avait affaire!   

Elle se rappelle  l’insistance de ce médecin pour qu’elle s’assume et prenne ses responsabilités. Lesquelles se demandait-elle ? Prendre son parti dans la guerre fratricide qui déchirait la société ? Elle avait assumé son rôle envers et contre tout. Quant à faire la guerre, elle ne se sentait pas concernée.

Forcée de quitter l’enseignement, elle n’était pas prête à troquer sa passion de toujours, pour ce qui relevait à son sens  du verbiage et  de la mort commanditée. Au profit du même système! A aucun moment il ne lui est venu l’idée de faire autre chose. En Algérie, son imagination ne l’avait  jamais portée hors d’une salle de cours.

Cependant, était-ce réellement son discours se demande t’elle depuis qu’elle a pris la mesure de ses problèmes sensoriels? Ou servait-il à son insu de courroie de transmission ? Elle ne sait pas et ne saura peut-être jamais. 

 Son collègue – qui garda la même apparence durant les quatre ans de traitement suivants - proposera un internement pour un traitement aux électrochocs, en tant  que meilleure solution à son déséquilibre mental, au premier et unique détail qu’il eût de ses doutes sur la compétence des médecins de sa défunte sœur et des métamorphoses de son collègue. Le traitement chimique était,  assurait-il, insuffisant à lui seul.

Ce médecin qui ordinairement trouvait qu’elle était en superforme, usera longtemps de son pouvoir de dissuasion pour déconseiller la reprise : elle redevenait une malade mentale devant prioritairement se soigner, dés qu’elle parlait de travail. Il s’arrangea à l’occasion de la dernière expertise pour réduire sa maigre pension-maladie à une portion congrue et lui conseilla  pour gagner mieux, de faire des vacations dans les écoles privées à Alger

 Il savait, disait-il, par expérience, qu’en raison de ses antécédents médicaux, on ne lui donnera plus de classe, mais  indubitablement  un travail de bureau. Il adressa son certificat d’aptitude à la reprise à l’université même, alors que c’est un autre organisme qui était habilité à statuer : désormais et sans équivoque, elle était une enseignante psychiatrée, échappée du suicide.

Cela s’est passé entre   octobre 1993 et mai 2001. Date à laquelle, elle entama néanmoins ses démarches en vue de réintégrer l’enseignement.

Partir pour le meilleur  et  pour le pire : Le temps passait, l’engrenage qui l’aspirait accaparait  comme toujours son temps et son énergie. Quand la poigne de la réalité  l’arrachait à son univers  et que rongée d’inquiétude, elle en faisait part, l’un ou l’autre membre de sa famille la pressait d’aller incessamment consulter un psychiatre.

Or, il y’avait longtemps qu’elle n’y croyait plus. Partir redevenait à nouveau une urgence. Mais comment, quand  les désordres  et le harcèlement ne la lâchaient pas, même en terre étrangère ?

Sa dernière décision de partir et ses démarches en ce sens puis celle de rester,  ont été un long forcing. Les difficultés étaient telles, que l’entreprise semblait relever de l’impossible, vouée d’emblée à l’échec.

Si les contretemps en effet, étaient carrément désespérants avant son départ, les facteurs de perturbation habituels ont persisté après son arrivée.

Ainsi, la manipulation négative de ses objets et  autres phénomènes déstabilisants n’a pas cessé: des choses disparaissaient, d’autres se perdaient. Elle ne reconnaissait pas les lieux, les personnes… Elle était souvent orientée (réellement) en sens inverse, même pour des  vétilles. La méchanceté gratuite de certains, dont ses compatriotes pourtant venues elles-mêmes vers elle, a été aussi de la partie.

En bref, ce qu’elle entreprenait cassait, lui faisant contrepied.  Constamment désorientée, découragée, sa déroute était totale.

Pour compliquer les choses, elle a failli être intoxiquée dans son appartement du Service logement de l’UCL. Ou ainsi semble t-il.

Arrivée grippée de l’étranger - où elle dût se rendre faute d’avoir trouvé un logement - elle ne remarqua pas que l’eau contenait du gaz. Puis sa grippe s’est prolongée du fait que la fenêtre, bien refermée la nuit à cause de sa pharyngite, fut retrouvée un jour ouverte, au petit matin.

Le jour de son installation, la femme de ménage qui  l’avertit que l’eau était saturée, lui conseilla de laisser couler le robinet quelques minutes le matin. Ce qu’elle avait fait, croyant la question réglée.

Cependant, son état de santé déclinait…Puis un jour, à un mois de là, elle éructa une bouffée de gaz qui  déclencha son inquiétude.

Pourtant, l’eau des appartements attenants inoccupés et de la cuisine, goûtée tôt le matin était normale. Celle de la voisine de l’appartement du dessus, qui s’était plainte d’avoir du gaz dans l’eau, tout autant.

N’est-ce pas la même canalisation qui dessert les logements ? Alerté, le Directeur lui assura qu’il n’y avait  absolument rien; qu’il s’agissait d’une impression.

Le médecin, consulté le lendemain, répondit que la fluidité rendait le gaz inoffensif. Mais que l’irruption cutanée à laquelle elle n’avait pas fait attention et qu’il  remarqua sur ses  bras était le signe d’une  infection. Or, elle n’avait aucune  maladie, hormis la grippe et celle-ci ne provoque pas d’allergie.

Elle en portait encore les stigmates quand elle dût changer de domicile, pour la cinquième fois en dix semaines. Son nouveau médecin, n’en retrouva pas de trace dans le bilan sanguin.

Un événement insolite, survenu les premiers jours de son installation lui prédit le pire : elle n’était pas à sa place. Elle n’avait d’autre choix que de retourner d’où elle était venue, si elle ne voulait pas d’ennuis. Dans cet appartement, ces derniers commencèrent le lendemain même.

Ce genre de menaces  et d’avertissements, avait déjà émaillé toute la période de préparation du stage: de l’autre côté, elle n’avait aucune chance, elle jouait sa vie plus que jamais. Comme si elle fuyait la sécurité !

Pour compléter le tableau, elle avait été pendant toute la durée de l’occupation  de l’appartement secouée la nuit par des accès de toux qui avaient tout d’une sensation d’étranglement. Expérience déjà vécue dans son pays, et évoquée plus haut. 

Des événements fâcheux qui suivirent, elle se rappelle de ceux qui dans le domaine des soins et de la santé sont venus en continuité de ce qui arrivait dans le passé.

Souffrant de séquelles de fractures récentes consécutives à une chute, elle a été adressée à l’hôpital pour une  scintigraphie. La technicienne qui  l’installa  dans l’appareil, mit ce denier en marche - et s’assit tout prés - une bonne dizaine de minutes avant de se rendre compte qu’il ne tournait pas.  

Plus tard, chez le dentiste, elle faillit avaler l’instrument avec lequel ce dernier grattait sa carie et qui avait échoué dans sa gorge…

Une autre fois, et pour la premièrement de sa vie, alors qu’elle était tranquillement allongée la nuit dans son lit, sans l’ombre d’un problème,  elle vit une gerbe de feu descendre sur son ventre.  Les minutes suivantes, son colon se mit à spasmer et à gonfler. Les spasmes et brûlures ont persisté insupportables, jusqu’au matin.

Les crises chroniques survenant à tout moment depuis l’hémorragie grave du colon, arrivée les premiers jours de son entrée à l’Université, une semaine durant, suite lui avait-on dit à un virus, étaient pourtant devenues moins fréquentes depuis quelque temps.  

Une infection sévère provoquant une hémorragie qui dura une dizaine de jours aussi, survint dans la même zone, la même semaine de l’étrange  incident. Prédisant le pire, ce dernier fût sans suite.   

 Son contact lui avait dit tout au début de ses démarches, qu’il ne pouvait rien pour elle, et qu’il valait mieux qu’elle reparte. Peut-être avait-il eu raison ?

Mais avait-elle, le choix ? Elle ne pouvait imaginer pire, que ce qu’elle avait traversé : elle était confiante et néanmoins prête à tout. 

Le moins qu’elle puisse dire, est qu’elle ne regrette pas d’être allée jusqu’au bout. Dés le départ, certains facteurs de déstabilisation coutumiers ont disparu. Et depuis prés d’une année en effet, les perceptions à contre-sens sont de moindre gravité, et de bien moindre fréquence. Et c’est déjà, beaucoup.  

Les grands désordres et douleurs physiques (qui lui avaient fait faire en vain le tour des spécialistes, les cinq dernières années avant son départ ) les malaises, l’extrême fatigue et l’insomnie intraitable depuis la nuit de sa fameuse dépression, se sont atténués au bout de quelques mois.

 La manipulation de ses choses et les disparitions ne  sont  plus ce qu’elles étaient. Ou du moins sont- elles remédiables et moins graves. Sous cet angle aussi, l’amélioration est sensible.

D’autre part, elle se pose des questions.  Passés les premiers mois, son état de santé physique n’a pas cessé de décliner. Au point de s’aliter.

Pour ses médecins traitants cependant, rien d’anormal. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

 En ordre général, sa situation améliorée sous certains angles, n’est pas reluisante sous d’autres. Décidée à fuir le harcèlement et les humiliations, elle ne voit toujours pas le bout du tunnel.

 De l’intérêt  pour l’éducation et les droits humains à la sorcellerie:  Les désordres  précédemment cités ne se sont pas contentés de provoquer les misères évoquées plus haut. Ces désordres  l’ont également entravée dans son travail  d’enseignante et de  chercheur. 

Militant pour un enseignement invitant à la réflexion sur la condition humaine,  à une culture des droits de l’homme et à la résistance aux forces du mal (soit l’égoïsme outrancier, la méchanceté, l’indifférence et la haine aveugle des hommes) à travers des œuvres et des textes littéraires ou philosophiques pertinents et en butte par la force des choses à des difficultés et des pressions intolérables, la classe au long des années, était devenue  son sanctuaire.

De la première année à la dernière, en effet, les perturbations habituelles y étaient allées crescendo, jusqu’à l’effroi ( notamment remarques, provocations, grossièretés ahurissantes, réactions brutales… qu’elle ignorait tantôt par incompréhension, mépris ou indifférence, tantôt car elle n’était jamais sûre du responsable…). Cela n’était pas nouveau : sa deuxième année d’enseignement au lycée à Alger, n’avait pas été très différente. Quoique dans un autre genre. 

En tout état de cause, la classe était néanmoins, le seul endroit où ces provocations agissaient le moins, car jouant l’imperturbable ( alors que d’habitude elle fuyait ) elle poursuivait son cours, accrochée au fil de son idée, et petit à petit oubliait le reste. 

Elle n’avait d’autre choix, lui semblait-il, que se détacher de la situation. Contre l’internement, le contrôle de soi. A tout prix.

C’était croyait-elle, son unique planche de salut. Non ritualiste sur le plan religieux, elle pensait que le propre de la spiritualité est d’être traduite dans les actes, les rites seuls étant inopérants. Adorer Dieu, pour elle, consistait à faire au mieux et à agir selon sa conscience. C’était aussi, à son sens, la meilleure des protections.

 D’autant plus que des petites satisfactions et des petites solutions venaient à leur moment contrecarrer certains des obstacles administratifs incessamment crées par ses supérieurs. Et la conforter dans le chaos et le désert humain de son environnement social. Confiante, elle se faisait un devoir de relever le défi.

Par ailleurs, et au fil du temps, le centre d’intérêt de la pourfendeuse du système éducatif, Tabou d’entre les tabous, qui mettait l’éducation au centre de tout développement humain et social, s’était déplacé de l’intérêt pour  l’école et l’enseignement vers les tiraillements qui l’interpellaient au quotidien. 

Puis celle  dont les cours  intéressaient tant  les étudiants, se retrouvera bientôt hors-circuit. Car ballotée sans répit, malgré ses protestations, d’un module à un autre et continuellement malmenée par des tracasseries  en tous genres.

Oubliés ses projets d’écriture, ses cogitations d’intellectuelle, son combat acharné pour mener une recherche académique sur l’enseignement et faire une brèche dans le mur, comme elle disait…Dans ce domaine, elle ne finissait rien de ce qu’elle entreprenait pour des raisons indépendantes de sa volonté.

Là où déterminée, cela lui incombait, elle trouvait ses textes saugrenus; à chaque fois qu’elle se relisait, elle se demandait si c’est bien elle qui avait écrit, et finissait par abandonner. Par ailleurs, et consécutivement à ses problèmes continus, elle en était arrivée à penser que dans un milieu aussi haineux, rien ne valait la peine d’être conçu…

Enfin, de guerre lasse et usée, ne pouvant se concentrer, elle se tourna vers la couture, le tricotage…faisant ses vêtements et ceux d’autres à la main, pour  réfléchir à ce qui l’agitait et trouver les réponses. Mais elle  ne faisait que s’enfoncer davantage. 

Si sa  situation professionnelle était peu à peu devenue insoutenable, ce n’était pas meilleur du côté des études. Les pressions  par l’usure, puis par l’humiliation et la calomnie avaient été telles qu’elle avait dû, quelques années plus tôt, abandonner son projet de recherche sur l’idéologie des manuels de littérature, inscrit après de longues démarches, comme sujet de mémoire du Magistère, durant  l’année 1982/1983.

Choquée et définitivement échaudée, elle ne remit plus les pieds à l’université d’Alger depuis 1988 jusqu’à sa réinscription en poste-graduation en 2001).

Ses supérieurs hiérarchiques de l’université Mouloud MAMMERI, ne faisaient pas moins, la privant en sus de ses droits élémentaires. Les représentants des syndicats suivaient… 

Aussi,   décida-t-elle  durant l’année 1992/1993 de mettre fin à sa carrière dans l’enseignement et d’aller voir sous d’autres cieux. C’est alors que ses troubles se compliquèrent, plus que jamais par le passé. La folie contournée jusque-là, tambourinait, pressante dans sa tête.

Après sa dépression, une cessation de travail prolongée et des travaux manuels de haute précision l’aidèrent à prendre de la distance avec ses problèmes. Quand elle se mit à faire de travers et à bâcler plus souvent ses réalisations, elle ralentit la cadence. Les tâches ménagères lui laissant beaucoup de temps, sa quête de sens reprit.

Méthodiquement, cette fois-ci, elle s’absorba dans la recherche.  Elle chercha dans l’une et l’autre voies  préconisées par  ses psychiatres, soit le soufisme, puis la maladie mentale.

Enfin, se croyant sortie d’affaire et apte à nouveau pour la vie active, elle reprit contre l’avis de son deuxième psychiatre et confortée par un troisième consulté sur la question, à la rentrée 2001/2002.

Dés lors, à sa reprise en septembre 2001, le matraquage revint plus violent, et se fit féroce après sa soutenance en juillet 2003. Et la déstabilisation forcenée. Le désarroi continu.   Elle fit beaucoup plus tard un rêve qui la choqua et l’aiguilla, à la fois. Elle reprit dés lors sa recherche et déboucha sur la sorcellerie. Grâce notamment à Internet.

C’est ainsi que celle qui  s’était engagée pour une école et un enseignement responsables, qui promeuvent les droits humains et la dignité, est devenue « un charlatan » qui parle de sorcellerie. De l’une à l’autre, il y avait eu  un long chemin. Un tiers de siècle.

Elle déduit rétrospectivement, aujourd’hui que les choses se sont quelque peu éclaircies, qu’elle n’avait pas plus   le droit à la paix sur place, que le droit  de partir. Non seulement du fait qu’elle était réfractaire à l’ordre établi, et à toute manipulation - quoiqu’elle n’y ait pas échappée- mais surtout parce qu’elle faisait partie, d’un programme spécifique.

Objectifs et conséquences : Au fil du temps, comme toutes les portes se fermaient, elle avait appris le renoncement, et pour les raisons ci-dessus évoquées, elle avait appris  la maitrise de soi et le détachement...

C’est ainsi que poussée  vers la folie,  elle  avait trouvé l’ermitage. Et que celle qui  jadis était taxée de folle à lier était désormais considérée soufie.

Elle sait quant à elle, qu’elle n’était  pas plus soufie qu’elle n’avait été jadis, folle à interner. C’était une personne ordinaire. Une personne parmi d’autres au monde, soucieuses de vivre dans le respect de la vie. Sans plus.

Le renoncement n’était pas sa philosophie. Privée de ses droits,  elle a été de renoncement en renoncement, parce que les conditions qui étaient les siennes ne lui avaient pas laissé le choix. Ce renoncement ne cadrait pas avec sa conception de la dignité. Elle était pour le respect et le partage : il n’était pas question qu’elle accepta d’être exclue ou de s’exclure du minimum requis. Ou de cautionner l’arbitraire.

A son retour de congé maladie, son discours qui avait toujours été révolutionnaire et viscéralement  pacifique, dans le sens où il prônait le changement des mentalités  par l’éducation, une conception  humaine de la justice et le respect de la vie, n’était plus le même. Devenu pacificateur, il prônait l’ascèse et le stoïcisme.

Un discours on ne peut mieux détonant, même s’il radicalise  en ce qui la concerne  son attitude première qui consiste à relever le défi par le renoncement plutôt que de céder sur le principe.

Prônant une résistance dans la durée,  il s’inscrivait à contrario des luttes âpres pour le gain et la soif débridée de l’avoir dans une région dominée les dernières décennies par la culture du consumérisme à la faveur de la surenchère politique sur les droits.

Cette approche se plaçait également  à contrario de la philosophie politique de l’islamisme pur et dur : les mentalités étant des automatismes égocentriques, la violence ne sera d’aucun secours : après le chaos, l’injustice se réinstallera à nouveau.

Et de façon plus générale, ce discours  était aux antipodes des rêves de changement d’un peuple qui n’en finissait pas d’être spolié des plus infimes des droits.

A son corps défendant, le nouveau discours de l’ancienne victime  du système, profitait au pouvoir. Sa situation aussi pénible qu’humiliante accréditait on ne peut mieux ce discours. Situation qui arrangeait en fait, ceux qui l’y maintenaient, au regard du rôle qui lui était imparti.

L’épuration ayant fait place nette, la guerre civile n’avait plus de raison d’être. Ainsi que la haine meurtrière fabriquée et attisée dans les coulisses du pouvoir. L’ère de faire des affaires dans la paix étant arrivée, il fallait trouver les boucs-émissaires, réchauffer ou harceler les acteurs supposés faire aboutir le programme.

Rescapée des calomnies et de l’arbitraire sous ses variantes régionales à l’ère du parti unique, puis rescapée de la folie et du suicide de la pré-période de guerre civile, et enfin rescapée de la folie meurtrière de cette dernière pour changement de résidence  et congé maladie pour soigner sa folie, et  enfin, considérée soufie dans la dernière étape, elle servait à pacifier la contestation et désamorcer la rébellion, par l’exemple.

Rebutante pour les modernistes, édifiante pour les croyants, son histoire était une leçon sciemment exposée à tout vent pour inspirer la terreur et  la soumission à l’ordre établi. Elle avait tout intérêt à renverser la situation. Pour ce faire : dénoncer la sorcellerie sur la base de son expérience.   

L’objectif étant de conférer au régime la légitimité manquante, cette dénonciation  servirait notamment à l’accréditer et à instaurer la confiance.    

Sinon, elle pourrait au mieux, crever sur les routes à défaut de se suicider. Car elle était désormais dans le secret du pouvoir et en tant que telle, plus que jamais dans la tourmente!

Une question centrale s’impose : si elle avait tenté jusqu’au bout d’échapper à la folie d’abord, à la manipulation ensuite, dans quelle mesure y est - elle  réellement arrivée, elle qui est là, à parler de magie noire, dans ce discours surréaliste constitué par des milliers d’heures d’immersion dans son univers fictionnel et néanmoins concentrationnaire?  

Elle ne sait pas répondre, si ce n’est qu’elle tente par ses modestes moyens de renvoyer la balle. Elle n’ignore pas par contre, que son indépendance d’esprit a fait beaucoup de mal, là où précisément, elle n’avait jamais pensé qu’on puisse l’atteindre : son cerveau. Et pas seulement. 

Néanmoins, ce qu’elle a graduellement compris, depuis que la réduction des perturbations lui a permis de se rassembler et de réfléchir un tant soit peu, c’est que ses perceptions ont souvent été fausses ou tronquées, à contre-sens des réalités et de ses sentiments les plus intimes. Et ont à terme, modelé ces derniers.

Que c’est également à travers des illusions qu’il arrivait aux autres de la percevoir.

Quant aux quelques éclairs de vérité qui traversaient son chaos, s’ils avaient constitué des raisons d’espérance,   ils n’avaient pas moins été le facteur d’endormissement qui a longtemps trompé sa vigilance,  créditant dans la foulée,  les perceptions fallacieuses.

En résumé, les illusions en question et autres phénomènes avaient eu pour rôle de la dérouter. Et finalement de la manipuler. Faisant écran, elles avaient également barré la voie à la compréhension de la seule vérité qui importait pour elle.

Elle a de même compris que des rêves et des cauchemars, tout comme de pseudo-perceptions, peuvent être envoyés à une cible, par des pratiques paranormales, à des fins manipulatoires.

Que les affects peuvent être manipulés, déviés ou détournés.  L’amour, la haine, la répulsion, la suspicion …peuvent être provoqués. L’aptitude à la cognition peut-être amoindrie ou bloquée, la mémoire affaiblie ou effacée...

Tout comme elle a compris que  des accidents terribles et des désordres organiques et corporels ou matériels de tout ordre peuvent être provoqués.  

C’est en raison de ces abominations que l’Islam interdit la magie et condamne le sorcier à la peine capitale. Même si en définitive, seule la volonté de l’Unique Le tout-puissant l’emporte et compte.

En hommage à sa famille: C’est de son expérience que l’auteure a tiré les conclusions du témoignage du texte : « Contre la sorcellerie, l’Amour » ainsi que de l’observation empirique et doit-elle l’admettre, des perceptions débridées ou justes qu’elle avait de l’environnement humain ambiant.

Avait-elle eu tort de généraliser ces conclusions, elle qui regardait dans un miroir cassé ? Elle ne saurait répondre, que de ce qu’elle connait, pour en avoir suivi l’évolution ou en connaitre l’histoire.

 Ceci étant, cette clarification s’imposait d’autant plus que le texte, commis à chaud, a tendance à généraliser  des méfaits hautement déstabilisants ou désastreux, alors qu’ils sont réservés " aux mauvaises graines ".  

Ce dont elle a la certitude, par contre, elle qui est apparemment saine et sauve, c’est qu’elle en est sortie plus sereine que jamais. 

Pour avoir eu la chance inouïe de survivre à l’horreur, c’est aujourd’hui l’occasion pour elle de reconnaitre, que jusque dans les moments où sa raison vaincue avait abdiqué, aller de l’avant et résister envers et contre tout, avait été son credo.  

Sans doute, car confrontée depuis  l’enfance à des phénomènes déstabilisants, elle était suffisamment carapacée pour faire face quand ces derniers s’amplifièrent et confinèrent à l’horreur, plus tard. Mais surtout, pour avoir bénéficié en tout temps, en dépit des divergences des opinions, et d’un caractère plus que difficile, d’un accompagnement sans faille. Tel qu’elle s’en étonne encore, à ce jour.

C’est pourquoi, ce témoignage se veut également un hommage aux membres de sa famille, restée digne et humaine dans la tourmente.  Elle doit à leur vigilance d’être encore en vie. Elle leur doit à tous, de ne pas avoir complètement sombré. Par la grâce d’Allah. Sa reconnaissance et sa gratitude sont illimites.

Puissent-ils pardonner un surplus de souffrances! Et puissent-ils vivre en paix!

Incarnation d’une haine bien algérienne à l’égard de l’autre, de ceux notamment dont les gènes ou les attitudes dérangent, cet harcèlement est un crime sans nom. Car il vise à tuer la victime à son insu, à l’éliminer dans sa tête d’abord et au quotidien, c’est le plus abject et le plus infâme de tous.    

En conclusion : Les sortilèges sont des machinations et  des cruelles  astuces pour contrôler autrui par la déstabilisation. L’exclusion étant le but premier. Le génie de l’étape suivante consiste à terroriser la cible qui résiste à la manipulation pour la casser.  Avant l’arrêt final. Qu’à Allah ne plaise!

En ce sens, ce sont des crimes contre l’humanité de la pire espèce. En somme, la barbarie en terre d’Islam.

C. de Bovigny /  Le 1 novembre 2011

Djouher Khater


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