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Maupassant est à la littérature ce que Schubert est à la musique

Publié le 14 novembre 2011 par Dubruel

L’ENFANT (1882)

Après avoir longtemps juré

Que jamais il ne se marierait,

Jacques Bourdy

Avait soudain changé d’avis.

Comme il était étendu sur la plage,

Il regardait marcher le long du rivage

Les jolies baigneuses.

L’une d’elles, sans doute plus voluptueuse

(On le disait viveur et sensuel.)

Retint son attention…

Qui se transforma vite en passion.

Et il épousa la belle

Qui s’appelait Dorothée

Ses parents avaient longtemps hésité,

Retenus par la mauvaise réputation

De Jacques qui avait eu une forte liaison.

Mais il avait promis avoir rompu

Et juré de ne plus rencontrer

Celle avec qui il avait vécu.

Les lettres d’elle qu’il recevait,

Il les déchirait

Sans les ouvrir et les brûlait.

Le soir de la noce, Jacques et Dorothée

S’étaient retirés du bal de bonne heure

Et restaient

Main dans la main, sans parler.

Ils se contemplaient,

Savouraient leur bonheur.

Soudain à leur porte on frappait.

Un domestique apportait

Une lettre urgente. Jacques la prit,

La lut et saisi

De peur,

La peur des brusques malheurs,

Il balbutia : -Ma chérie,

C’est…c’est mon meilleur ami…

Il a besoin de moi tout de suite,

De façon fortuite.

Permettez-moi de m’absenter…

Je vais revenir sans tarder.

Il descendit l’escalier.

Arrivé dans la rue,

Il relut

Le papier :

« Mademoiselle Ravesse,

Votre ancienne maîtresse

Vient d’accoucher d’un enfant

Qu’elle prétend

Être de vous. La mère va mourir.

Elle vous implore de venir.

Elle est malheureuse et digne de pitié.

Votre serviteur, Docteur Motier. »

Quelques instants après, il pénétrait

Dans la chambre de la mourante.

Elle agonisait.

Un médecin la soignait.

Dans son berceau, l’enfant riait.

À chacun de ses vagissements,

La mère essayait un mouvement.

Elle saignait.

Malgré les soins, l’hémorragie continuait.

Elle reconnut son amant

Et voulut lever les bras.

Elle ne put pas.

Jacques baisa son poignet frénétiquement.

En haletant, elle dit :

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-Je vais mourir, mon chéri.

Ne me quitte pas maintenant,

Ne me quitte pas avant le dernier moment.

-Sois tranquille, je vais rester.

Elle fut un temps sans pouvoir reparler

Tant son corps était oppressé, défaillant.

-Je n’ai pas aimé d’autre homme que toi

N’abandonne pas notre enfant.

Promets-le-moi.


-Je te le jure ; je vais l’élever.

Elle tendit ses lèvres pour l’embrasser.

Puis elle demeura immobile sur le lit.

Le médecin déclara : -C’est fini !

 

Jacques s’enfuit, l’enfant dans ses bras.

Il rentra

Rejoindre Dorothée.


Livide, il haletait.

Elle courut à lui :-Qu’y a-t-il ?

Dites, qu’y a-t-il ?

Il avait l’air fou : -Il y a…

Il y a …

Que j’ai un enfant.

La mère…vient de mourir.

Puis, sans plus rien dire,

Il confia le bébé

À Dorothée

Et l’embrassa.

-La mère est morte, vous dites ?

-Oui, dans mes bras, tout de suite….

J’avais rompu depuis…Je ne savais pas…

…C’est le médecin qui…m’a écrit.

-Eh bien, nous l’élèverons, ce petit !

Affirma Dorothée

D’un ton décidé.


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