Carnet de Voyage

L’histoire aurait pu s’arrêter là, aujourd’hui je suis fatigué. Mais je ne peux pas, c’est comme ça,
il faut que je voyage.

Voyage, ce mot raisonne dans ma mémoire d’enfant comme autant de cartes de géographie accrochées au tableau noir de mes salles de classe. Europe, Océanie, Asie, Afrique… Je me perds, la maitresse m’engueule et j’en oublie mon latin. Je m’en fous, il n’y aura que cette matière à mes yeux voyageurs.
A mes yeux rêveurs.
Elles sont toutes là ces cartes, toutes encore accrochées comme des cibles vers lesquelles j’ai balancé,
plus tard, sac en bandoulière, mon vague à l’âme en forme de flèches.
J’irai, un point c’est tout. Je ne me retournerai pas, crois-moi.
Petit déjà, je savais. Le virus du mouvement comme une mauvaise grippe. L’envie d’aller ailleurs,
ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas.

Et puis il y a eu le premier billet -peu importe de quoi, peu importe vers où – la première valise qu’on fait,
la première fois avec le cœur qui bat à l’idée du premier pied qu’on pose sur la première terre inconnue.
J’y suis, je l’ai tant voulu. Un pied, puis un autre. Loin.
Il y en eu beaucoup des pieds posés au-delà de frontières que j’avais imaginées plus belles à chaque fois.
Parfois, je me suis trompé. On se trompe parfois. Mes erreurs sont le prix à payer pour ceux, au loin,
qui m’ont rendu mille fois heureux.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais finalement, je ne suis pas si fatigué…
C’est comme ça, demain, je repars.

Par Brux de Nux