Rendez nous la liberté !

Publié le 14 novembre 2011 par Copeau @Contrepoints

État strictement limité à ses fonctions régaliennes, privatisation, baisse des prélèvements, flat tax, amnistie, liberté économique, droits de propriétés sûrs, libre échange, innovation, expérience, responsabilité personnelle, coopération naturelle et contrats libres, sont les clés de la sortie de crise et de la prospérité. Ce n’est que de cette façon que les particuliers répareront les dégâts des États.

Par Patrick de Casanove (*)
Article publié en collaboration avec l’Institut Coppet

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Des solutions en trompe-l’œil

La crise de l’État, la fuite en avant

Les médias et les hommes politiques se réjouissent de l’accord trouvé par les dirigeants européens pour sauver l’euro, la Grèce, l’Europe, voire « le monde » ! D’où leur incompréhension quand un des leurs ose demander son avis au peuple. Ils ont si peu confiance en leurs décisions qu’ils craignent le verdict des urnes. Chacun sait que le peuple est un grand enfant qu’il faut sauver de lui même. Tout juste bon à porter au pouvoir des majorités de circonstance, qui vont décider et agir pour son bien. Une mise sous tutelle en quelque sorte. Pour les gouvernants il y a peu de chances que le commun des mortels comprenne leur génie. Pourtant la moindre des choses est de demander leur avis à ceux qu’ils vont essorer. De toutes façons, les hommes de pouvoir ont maintes fois prouvé qu’ils n’en tenaient pas compte.

En vérité, chacun sait que, référendum ou pas, rien n’est sauvé. Ces accords ne font que rafistoler un système intrinsèquement invivable et qui n’en finit pas de mourir.

Le but de ces grand-messes est que les politiciens restent solidaires et sauvent leur place. Il leur faut se serrer les coudes. Ils doivent éviter que l’un d’entre eux soit débarqué comme un malpropre par la population. Cela pourrait donner des idées aux autres « peuples ». Si l’un d’entre eux chute les autres suivront. Si la Grèce est déclarée en faillite, tous les autres pays qui croulent sous la dette et les déficits le seront à un moment ou à un autre. Leurs politiciens seront discrédités. C’est ce qu’ils veulent éviter. Ils doivent montrer aux gens qu’ils maîtrisent la situation et gardent le contrôle des événements. Ils ont besoin de les convaincre qu’ils demeurent, dans cette crise, leur seule protection contre les méchants : marchés, spéculateurs, financiers etc. Ils appellent cela la solidarité européenne, ou la solidarité entre les peuples. Ce n’est que du maquillage.

Ce plan de sauvetage de la Grèce consiste essentiellement à tirer un trait sur la moitié de la dette environ. Les États recapitaliseront les banques. Même si elles ne demandent rien. Même si personne ne sait avec quel argent. Cette nationalisation ne sera qu’un prétexte aux politiciens pour montrer leur utilité. On promet de l’argent, mille milliards ou plus. À de tels montants cela ne signifie plus rien, d’autant que cet argent les États ne l’ont pas. Il est tellement virtuel que ce ne serait plus qu’une « caution ». Pour financer ces sommes on a recours aux habituelles « recettes » aussi éculées qu’inefficaces : la cavalerie : payer de la dette avec de la dette ; la fausse monnaie : faire tourner la planche à billet. Au risque de l’inflation que beaucoup d’ « économistes » souhaitent. Dans cette fuite en avant il faut trouver des pays, pas ou peu endettés, pour leur refiler la « patate chaude » de la dette. Les Allemands ayant fait leur part, les Européens ont trouvé les Chinois, les Russes et les Brésiliens. On constate que les pays émergents sont décriés quand ils rachètent des pans entiers de l’économie occidentale. Ils sont honnis quand ils font du « dumping social » qui entraîne, prétend-on, désindustrialisation et délocalisations. Mais ces mêmes pays sont appelés au secours et sont suppliés de mettre des moyens financiers dans les « dettes souveraines » ! Enfin, en bout de chaîne il reste le « payeur en dernier ressort » : le contribuable.

Cette usine à gaz a pour but de soutenir les pays en faillite. Ainsi les pays endettés pourront continuer à emprunter à des taux préférentiels. C’est une incitation à l’endettement et à la mauvaise gestion. Alors que les taux élevés proposés par les marchés reflètent les risques pris, et la solvabilité de l’emprunteur. Ce qui incite à bien gérer et ne pas s’endetter.

Cela a-t-il une importance ? Quand la facture arrivera les politiciens au pouvoir aujourd’hui n’y seront plus.

Tant pis si les populations sont davantage pressurées, spoliées, contraintes. C’est la rigueur. « Tout le monde » doit se serrer la ceinture et se montrer solidaire. Les médias et les hommes de l’État demandent aux individus de se plier avec humilité à leurs diktats. Ils veulent les voir supporter avec constance et abnégation le poids de ce qui leur est présenté comme un plan pour, au final, aboutir à une meilleure société. Il faut faire des sacrifices ! Sacrifices dont ils s’exemptent ! Ainsi les politiciens de chaque pays contraignent leurs citoyens à payer, non seulement pour les erreurs de leurs propres dirigeants, mais aussi pour les erreurs d’un gouvernement étranger, ici grec. En pure perte.

Les gouvernements prônent un renforcement de la réglementation, une gouvernance européenne, voire mondiale, une harmonisation fiscale, une taxe sur les produits financiers etc. Que cet interventionnisme accru soit prêché au nom de la morale et de l’éthique ne change rien. La morale et l’éthique ne se décrètent pas. La loi et les règlements ne font que dire ce qui est légal ou réglementaire. À cause de cela, nous aboutissons souvent à l’immoralité légale.

Il est profondément immoral que les hommes politiques fuient leur responsabilité dans cette crise et en fasse retomber la charge sur les individus. Il est injuste que les politiciens fassent payer leur incurie aux particuliers. Ce sont bien les hommes de l’État qui, dans tous les pays, ont consciencieusement creusé la dette et le déficit. En France en particulier aucun budget n’est équilibré depuis 1974. Le budget 2012 ne le sera pas non plus. Les politiciens ont délibérément créé les déficits, laissé filer les dépenses publiques, alourdi les lois et réglementations dans tous les secteurs, surtout économique. Ils l’ont fait pour accroître leur pouvoir et acheter une clientèle. Personne ne les a contraints. Personne n’a contraint les politiciens grecs à falsifier leurs comptes. Etc. Etc. Tous ont fourvoyé leurs peuples en voulant plier le monde à des organisations artificielles, jaillies de leur imagination. L’orgueil est bien là. Il est également là quand aucun d’entre eux ne se remet en cause.

La rigueur d’État c’est le désespoir des gens qui voient leurs retraites, salaires, travail, épargne, fondre comme neige au soleil. Ils avaient fait confiance en l’État, l’État les lâche. C’était attendu. Mais ils n’y croyaient pas, et certains ne le croient toujours pas !

Il arrive un moment, où les habillages ne suffisent plus, les mensonges sont découverts. La nature se venge.

Alors les gens se révoltent. Malheureusement cette révolte ne profite pas toujours à la Liberté. Souvent les individus se jettent dans les bras de totalitaires durs par dépit d’avoir été trahis par des totalitaires mous. Les totalitaires durs tiennent un discours enjôleur. Ils sont à l’affût du pouvoir. Ils s’y préparent en permanence, dans l’ombre souvent. Le moment venu, ils sont prêts pour s’en emparer, y compris par voie « démocratique ». Les totalitaristes mous ont détruit les défenses des individus. Ils les ont formatés pour la soumission. Les individus dépouillés depuis longtemps de leurs droits individuels, de leur responsabilité personnelle, sont hors d’état de s’opposer aux oppressions.

La souveraineté individuelle, la responsabilité personnelle

Nous constatons que les hommes politiques sont sans vergogne, ne se remettent jamais en question, n’ont aucune solution aux problèmes qu’ils ont créés. Les hommes de l’État n’ont identifié aucun des mécanismes fondamentaux de la crise que nous traversons. Ni, a fortiori, ne les ont corrigés. Il est dangereux de leur donner les clés de notre vie. Il ne faut pas compter sur eux pour s’en sortir. Ils doivent passer la main avant que le pire ne se produise.

Pourtant les gens se tournent quand même vers l’État et lui réclament de tenir ses promesses, de maintenir les « droits acquis ». Cela ne sert à rien. Il ne le peut. Les individus doivent ouvrir les yeux, la sécurité sociale par l’État est un leurre. La social démocratie est morte ! L’État providence est mort ! C’est un fait. Ils doivent en tirer les conséquences, réclamer la Liberté économique, et le strict respect des droits naturels individuels.

Les personnes doivent désormais accepter d’assumer la responsabilité de leur vie. Chacun doit retrousser ses manches.

L’homme ne peut vivre et jouir que par une assimilation, une appropriation perpétuelle, c’est-à-dire par une perpétuelle application de ses facultés sur les choses, ou par le travail. De là la Propriété. » (Frédéric Bastiat « La Loi »).

Chacun doit redécouvrir la Souveraineté individuelle et la coopération spontanée.

Chacun a conscience que ce sont bien les particuliers dans leur ensemble qui devront réparer les dégâts. La voie qui leur est imposée aujourd’hui par les Politiques ne leur laisse aucune liberté économique, donc aucune responsabilité. C’est l’échec assuré et l’aggravation de la situation. La bonne voie c’est la voie de la Liberté. Les particuliers recouvrent, la responsabilité de leurs biens et de leur vie. Alors, ils répareront bel et bien les destructions des politiciens.

L’immense majorité des ménages n’est pas endettée et mène correctement sa barque. La prévoyance individuelle est naturelle. La prévoyance par l’État n’existe pas. C’est pour cela que l’épargne persiste et s’accroît, même dans un pays de fort interventionnisme où les citoyens ne disposent que de ressources fortement réduites par la spoliation légale. D’argent de poche pour ainsi dire. Elle persiste malgré le fait que ces prélèvements obligatoires soient, parait-il, mis en place par l’État pour éviter tout souci de l’avenir, santé, retraite, éducation des enfants. Paradoxe ?

C’est la preuve que les gens sont capables, travailleurs, prévoyants et économes avec le peu qu’il leur reste. Le contraire des politiciens qui prétendent gérer leurs affaires !

Bastiat a démontré que tous les intérêts légitimes sont harmoniques. Il n’y a pas de lutte des classes, les hommes coopèrent naturellement, de là la division du travail :

Alors même qu’ils ne sont mus que par leur intérêt personnel, les hommes cherchent à se rapprocher, à combiner leurs efforts, à unir leurs forces, à travailler les uns pour les autres, à se rendre des services réciproques, à socier ou s’associer. Il ne serait pas exact de dire qu’ils agissent ainsi malgré l’intérêt personnel; non, ils agissent ainsi par intérêt personnel. Ils s’associent, parce qu’ils s’en trouvent bien. S’ils devaient s’en mal trouver, ils ne s’associeraient pas. (Bastiat « Les deux devises » dans « Harmonies économiques »)

Les politiques n’ont, dans leur immense majorité, aucune culture économique. Par exemple, pas un de ces « décideurs » ne sait ce qu’est un prix ou un taux d’intérêt ! Mais ils ont le culte du pouvoir. Ils écoutent donc les économistes qui accroissent leur pouvoir au détriment « du peuple » : les Malthusiens, les Keynésiens et les Marxistes. Ils n’écoutent pas les Libéraux qui réduisent leur pouvoir pour le rendre aux individus. Or ce sont eux qui apportent la solution et les faits leurs donnent raison.

N’importe qui avec un peu de jugeote comprend qu’il ne faut plus s’endetter et payer ses dettes. Être rigoureux, ce n’est pas de traiter durement les populations qui ont fait confiance à l’État, en leur faisant supporter les erreurs, fautes et errements de sa gestion. Être rigoureux c’est être économe de l’argent d’autrui. C’est ne pas dépenser plus que ce que l’on a. Les économies ne consistent pas à augmenter les prélèvements obligatoires mais à diminuer les dépenses publiques.

Pour y parvenir les solutions sont : libérales, simples, peu nombreuses, toujours efficaces. Elles sont valables pour tous, Grèce, Italie, Espagne, Portugal, France, États-Unis, etc. Chaque fois qu’elles sont mises en place les résultats sont probants, et souvent inespérés. Il y a des dizaines d’exemples.

Aujourd’hui notre société repose sur la toute puissance de l’État, la contrainte légale, la spoliation légale. Bâtir une société sur la contrainte et la spoliation ne peut qu’être un échec. Les crises économiques ne sont pas inéluctables, la réglementation et l’interventionnisme des États en sont la cause. On sait cela depuis le XIX° siècle et les travaux de Charles Coquelin et de Frédéric Bastiat son contemporain. « Tous les intérêts légitimes sont harmoniques. » écrit Frédéric Bastiat. L’État par ses interventions détruit cette harmonie, d’où les crises.

Une fois que l’on comprend et accepte ce fait, la solution coule de source.

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2° La seule solution

Première étape : définir le rôle de l’État.

Nous arrivons à la question essentielle : un État pour quoi faire ? Elle n’a jamais été posée en France lors de cette campagne présidentielle. Ni dans aucune des campagnes électorales qui l’ont précédée. Elle n’a jamais été posée dans la crise financière, que ce soit pour « sauver la Grèce », ou « sauver les banques ».

À cette question Frédéric Bastiat répond sans hésiter : il faut un État strictement limité à ses fonctions régaliennes. Frédéric Bastiat écrit dans « Harmonies économiques, À la jeunesse française » :

Tous les intérêts légitimes sont harmoniques. (…) la solution pratique du problème social : s’abstenir de les contrarier et de déplacer les intérêts. Il ne faut pas étendre artificiellement la solidarité de manière à détruire la responsabilité ; en d’autres termes, il faut respecter la liberté.

Il faut respecter la liberté économique, respecter le droit « inviolable et sacré » de Propriété. L’État doit être rejeté hors de l’économie et de la vie privée qui doivent être strictement « sanctuarisées ». Cet État minimum ne se disperse pas dans une ribambelle infinie d’actions inutiles, ruineuses et inefficaces. Actions qu’il entreprend au détriment de ses fonctions régaliennes qui sont en déshérence. Elles ne servent plus que de variables d’ajustement budgétaire. La Nation garantit la sécurité intérieure et extérieure, assure la justice, soit le respect des droits naturels individuels, et veille au respect des contrats. La Justice, est débarrassée de toutes les procédures engendrées par les faux droits qui l’asphyxient. État régalien implique, non seulement retraites par capitalisations et assurances santé, mais aussi liberté d’enseignement, liberté du travail, liberté de la propriété foncière, ainsi de suite….

L’État réduit sera efficace :

Toutes les forces du gouvernement étant appliquées à prévenir et à réprimer les dols, les fraudes, les délits, les crimes, les violences, il est à croire qu’elles atteindraient d’autant mieux ce but qu’elles ne seraient pas disséminées, comme aujourd’hui, sur une foule innombrable d’objets étrangers à leurs attributions essentielles. » (Frédéric Bastait « Justice et Fraternité »).

Frédéric Bastiat est favorable à l’existence d’un filet de sécurité pour les plus démunis.

Pour des circonstances extraordinaires, pour des cas urgents, l’État doit préparer quelques ressources, secourir certaines infortunes, ménager certaines transitions, mon Dieu, nous serons d’accord; cela s’est fait; nous désirons que cela se fasse mieux.

L’État ne se laisse pas réformer. Il a une propension intrinsèque à s’étendre sans fin. Il n’est pas dans sa culture de réduire spontanément son périmètre d’action. Les lobbies de ceux qui en vivent, et en particulier celui de la fonction publique, sont extrêmement puissants. Ils bloquent toute réforme. Ils portent tort à tous, y compris à eux mêmes et à leurs enfants. Malheureusement ils sont bien peu à le comprendre. Pour strictement cantonner l’État à ses fonctions régaliennes il faut donc privatiser. Privatiser c’est libérer une formidable puissance économique légitime. C’est le retour de la responsabilité personnelle, de la prévoyance et de l’épargne. Privatiser c’est le retour de la liberté économique, donc de la prospérité. L’État réduit, c’est la disparition des déficits. La prospérité, c’est le remboursement des dettes.

Il est nécessaire de se poser pour chaque action de l’État, s’il est indispensable qu’elle soit accomplie par un fonctionnaire.

La fonction publique, la fonction privée, ont toutes deux en vue notre avantage. Mais leurs services diffèrent en ceci que nous subissons forcément les uns et agréons volontairement les autres; d’où il suit qu’il est raisonnable de ne confier à la première que ce que la seconde ne peut absolument pas accomplir. (Frédéric Bastiat, «Profession de foi électorale à MM. Les électeurs de l’arrondissement de Saint-Sever»)

La limitation stricte du pouvoir de l’État entraîne la sécurité juridique. Cette sécurité sur le long terme se traduit chez Bastiat de la manière suivante :

On peut affirmer néanmoins que les hommes pris en masse aiment à être tranquilles sur leur avenir, à savoir sur quoi compter, à pouvoir disposer d’avance tous leurs arrangements. (« Harmonies économiques. Des salaires »). 

L’incertitude, le plus grand fléau du travail. (…) Supposons que les citoyens disent au gouvernement : « Nous prenons sur nous la responsabilité de notre propre existence; nous nous chargeons de notre travail, de nos transactions, de notre instruction, de nos progrès, de notre culte; pour vous, votre seule mission sera de nous contenir tous, et sous tous les rapports, dans les limites de nos droits. (…) En premier lieu, chacun serait fixé sur son avenir, en tant qu’il peut être affecté par la loi. Ainsi que je l’ai fait remarquer, la justice exacte est une chose tellement déterminée, que la législation qui n’aurait qu’elle en vue serait à peu près immuable. Elle ne pourrait varier que sur les moyens d’atteindre de plus en plus ce but unique : faire respecter les personnes et leurs droits. (Frédéric Bastiat « justice et fraternité »).

Respecter la Propriété, trois mesures concrètes :

L’État étant maintenant régalien, il reste à restituer aux individus les moyens d’assumer leur vie et leur responsabilité personnelle. C’est-à-dire leur Propriété.

Il faut prendre trois mesures concrètes. Elles feront sauter trois verrous majeurs. Elles feront disparaître tous les faux droits, ou droits sociaux, et tous les codes, lois et règlements qui vont avec.

L’Absence de Spoliation, — c’est le principe de justice, de paix, d’ordre, de stabilité, de conciliation, de bon sens que je proclamerai de toute la force, hélas! bien insuffisante, de mes poumons, jusqu’à mon dernier souffle. (Frédéric Bastiat, « La Loi »).

L’absence de spoliation nécessite la réduction des dépenses publiques et du train de vie de l’État. La plupart des gens, quand ils pensent au train de vie de l’État, évoquent ses dépenses somptuaires, voitures de fonctions, petits fours, cigares voyages. Les politiques rétorquent facilement que, même si c’est trop, ce n’est pas grand-chose. En fait c’est de la poudre aux yeux. Le train de vie de l’État est tout ce qui n’est pas fonction régalienne. Soit environ, pour des prélèvements à 56% du PIB, avec des fonctions régaliennes à 3% (1,5% défense, 1% intérieur, 0,4% justice) 53% du PIB ! Cela laisse d’immenses marges de manœuvres. Cela libère des énergies, des fonds, et des talents !

Première mesure : le salaire complet

J’entends par propriété le droit qu’a le travailleur sur la valeur qu’il a créée par son travail. (Frédéric Bastiat, « La Loi »)

La première propriété à restituer aux Français, c’est l’intégralité de leurs revenus. Pour un salarié, cela s’appelle le salaire complet. Il permet de rendre aux Français leur autonomie matérielle. Ils auront les moyens d’agir, en particulier lors des privatisations.

Dans notre pays, le salaire complet est largement supérieur au salaire net avec lequel nos compatriotes sont habitués à vivre. Il faut y ajouter essentiellement les charges dites patronales et les charges dites salariales. Cette division est une illusion. Dans les faits elles sont prélevées sur le travailleur. Raisonner à partir du salaire complet ouvre des perspectives inimaginables avec le système actuel. Il suffit de prendre sa feuille de paie pour le constater et percevoir l’immense horizon qui s’ouvre alors. Par exemple, si les travailleurs disposent de la totalité de leur salaire, ils peuvent choisir, pour leur assurance maladie et leur retraite, entre des prestataires mis en concurrence. Ils peuvent ainsi s’assurer mieux et à meilleur compte. Ils peuvent même changer de prestataire si les prestations diminuent et les cotisations augmentent. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Deuxième mesure : la libre disposition de la propriété foncière et immobilière.

Cette propriété à restituer est mieux connue. Tout le monde est concerné, propriétaires, locataires, acheteurs, vendeurs, jeunes, vieux, urbains, ruraux. C’est universel. S’abriter est un des besoins archaïques fondamentaux de l’Humanité. Les règlements d’urbanisme draconiens et malthusiens perturbent l’offre, faussent la demande. Ils engendrent et organisent la pénurie de logements et la hausse des prix. Les plus modestes ont des difficultés à se loger, et maintenant cette difficulté touche les classes moyennes. Avec le libre usage de la propriété foncière, chacun fait ce qu’il veut avec ce qu’il a, aux conditions de ne pas nuire aux voisins et de supporter tous les frais. L’offre et la demande s’ajustent naturellement.

Troisième mesure : des prélèvements obligatoires réduits au strict minimum.

Ils financeront seulement l’État régalien et le filet de sécurité par « une contribution unique, proportionnelle à la propriété réalisée» (Frédéric Bastiat « Justice et fraternité »).  Aujourd’hui nous dirions la « flat tax ». Il n’y aura plus de niches, d’exemptions, de cas particulier etc. Les impôts et taxes indirects n’auront plus de raison d’être. Les Français paieront les produits et services à leur véritable valeur. Pour en avoir une idée il suffit que chacun enlève le montant de la TVA et ses achats ou, plus facile, divise par trois le prix des carburants. Les Français sauront alors ce que leur coûte vraiment leur État. Quel que soit le prélèvement considéré, il est toujours au final, payé par l’individu. Les impôts sur les entreprises ne sont pas payés par l’entreprise mais bien par le consommateur des produits et services créés par la dite entreprise. Les États locaux, appelés collectivités territoriales, limités comme l’État central, seront financées elles aussi par une flat tax.

D’habitude l’économie souterraine est critiquée comme vivant de la fraude, alimentant la corruption, et réduisant les recettes de l’État. « C’est ce qu’on voit ». Mais elle permet, aujourd’hui, à un pays de survivre, parce que l’argent reste dans l’économie réelle. « C’est ce qu’on ne voit pas ». L’absence d’atteinte à la Propriété réintègre dans l’économie « taxable » toute cette  richesse. Demain, c’est une réserve de puissance pour une économie libérée.

Avec la flat tax nous avons une fiscalité faible, proportionnelle, fiable, simple, claire. L’immense majorité de la richesse créée par les Français reste entre leurs mains, à l’abri de l’État spoliateur. La propriété privée redevient « un droit inviolable et sacré »

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Pourquoi les Français peuvent accepter ces mesures

Le libre échange doit être maintenu. Cela va sans dire mais ça va mieux en le disant ! Enfin cerise sur le gâteau : l’amnistie ; après les conflits créés par la contrainte et la spoliation légales, le pardon ! Pardon réciproque qui vaut pour toutes les parties. Pour ceux qui ont mis leurs biens à l’étranger pour protéger leur patrimoine de l’État spoliateur. Pour ceux qui ont ruiné le pays et laissé s’installer les zones de non droit, géographiques ou sectorielles.

Le vrai courage n’est pas d’imposer rigueur, règlementation, contrainte et spoliation de manière sans cesse accrue. Le courage n’est pas de prendre le risque de ne pas être élu, en ployant tout ou partie des populations sous le joug de la contrainte. Le vrai courage c’est d’alléger le fardeau des gens. C’est de renoncer spontanément au pouvoir absolu, pour se contenter d’un pouvoir limité. C’est de libérer les Hommes, en leur rendant la responsabilité de leur vie et tous leurs droits individuels. C’est de faire confiance aux individus.

Le vrai courage c’est de faire face à l’adversité. Il est probable que les fidèles du régime tenteront de déclencher des grèves massives et des manifestations. Elles peuvent tourner à l’épreuve de force, avec violence et sabotages, plus proches de la guérilla que de la libre expression. Autant que ce soit en faisant passer de vraies réformes, et non pas de pseudo réformes qui ne sont qu’une nouvelle répartition du fromage.

Probable ne veut pas dire certain. Il y a de bonnes chances pour que les Français acceptent ces mesures :

Parce que c’est une offre nouvelle dans le paysage politique et que, selon la loi de Say, l’offre crée sa propre demande. L’État n’offre rien, il prend arbitrairement et sa rigueur engendre le désespoir. Les libéraux ne prennent rien, au contraire ils laissent aux personnes l’entière jouissance de leurs biens. Ils sont l’espérance.

Parce que « l’État », « la fonction publique », « le marché », ne sont pas des personnes mais des ensembles d’individus. Pour Bastiat, seuls les individus sont des réalités concrètes. Il n’est pas le seul à le penser.

Mises écrit dans « L’action humaine. Traité d’économie » :

Nous devons prendre acte du fait que toute action est accomplie par des individus. Une collectivité agit toujours par l’intermédiaire d’un ou plusieurs individus (…) Car une collectivité n’a pas d’existence et de réalité autres que les actions des individus membres.

Au-delà des lobbies et syndicats il y a les individus. C’est à eux que l’on doit s’adresser.

Parce que le moteur de l’action des individus est identique pour tous : les hommes sont mus par l’intérêt personnel. Les membres de la Fonction publique et assimilée aussi (Théorie des choix publics). Même les membres de la fonction publique et assimilée vont gagner avec le salaire complet, avec la libre disposition de la propriété foncière, avec la flat tax. Ils ont besoin d’enseignement de qualité, de prospérité économique. Ils ont besoin de sécurité en allant à leur travail, pendant leur travail, pendant leurs loisirs, à l’école de leurs enfants. Ils ont besoin de sécurité juridique pour gérer paisiblement leurs biens, et faire des projets à long terme. Or, la sécurité dans un régime libéral est bien supérieure à l’arbitraire de l’État.

Parce que l’intérêt personnel est aussi le plaisir du travail bien fait. La satisfaction d’être reconnu pour ses qualités, son mérite. La possibilité de mettre en valeur ses talents. L’opportunité  d’innover, de créer. Le bonheur de s’épanouir dans son métier, d’y être performant. Le confort de bénéficier de bonnes conditions de travail, matérielles bien sûr, mais aussi humaines. Toutes choses que n’offre pas vraiment la fonction publique aujourd’hui.

Parce que ce ne sont pas des mesures catégorielles, en faveur de tel ou tel groupe et au détriment de tel ou tel autre. Ce sont des mesures qui concernent tout le monde, de la même manière. Elles ne portent tort à personne et tout le monde bénéficie. Il n’y a pas d’exception. Même ceux qui n’ont rien, ou pas grand-chose, amélioreront leur condition. Parce que tous ont de la valeur, que les Hommes échangent des services, et que chacun même le plus petit, y trouve sa place.

Parce qu’après les conflits et les divisions, c’est la paix et la coopération.

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Conclusion

La société libérale repose sur les droits naturels : la Propriété, la Liberté, la Personne. Le fonctionnement de cette société met en avant des valeurs saines : l’honnêteté, le travail, l’épargne, la prévoyance.

État strictement limité à ses fonctions régaliennes, privatisation, baisse des prélèvements, flat tax, amnistie, liberté économique, droits de propriétés sûrs, libre échange, innovation, expérience, responsabilité personnelle, coopération naturelle et contrats libres, sont les clés de la sortie de crise et de la prospérité. Ce n’est que de cette façon que les particuliers répareront les dégâts des États.

Les Libéraux ne contraignent pas. Il y une bonne solution et une mauvaise solution. Chacun est libre de continuer imperturbablement de choisir la mauvaise. Il ne pourra pas dire à ses enfants « je ne savais pas ».

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Sur le web

(*) Patrick de Casanove est docteur en médecine. Il exerce à Ondres, commune dont il a été maire de 1995 à 2001.