« N’écoutez pas le FMI! »
Daniel Filmus, ministre de l’Education nationale sous Nestor Kirchner.
« Je me souviens de la place de Mai : tout le monde fuyait, des coups de feu, des tirs de gaz lacrymogènes, partout. On l’a oublié mais les affrontements avec la police ont fait 39 morts. À la fin de l’année 2001, deux enfants sur trois étaient pauvres. Le gouvernement de l’époque n’avait aucune conscience de la gravité de la situation. L’argent étant bloqué dans les banques, plus personne ne pouvait plus rien payer et les gens se sont mis à inventer des devises.
Seize monnaies fictives différentes étaient utilisées dans le pays, comme des billets de Monopoly. On avait l’impression que la crise n’en finirait jamais, que rien n’allait interrompre la chute vertigineuse de ce pays. Le taux de chômage était de 22% quand Nestor Kirchner a été élu en 2003, il est de 8% aujourd’hui. On a créé un revenu minimum, développé l’éducation, favorisé la demande intérieure et refusé de se plier aux ordres du FMI, ce que je recommande à la Grèce de faire aujourd’hui. Il ne faut pas écouter les conseils du FMI.
Pourquoi Cristina Kirchner est-elle aussi populaire? Je dirais que la moitié de son succès revient à la politique menée ces dernières années, le développement économique et social, la redistribution des richesses, les efforts en matière de retraite, d’éducation, d’emploi… Et l’autre moitié aux valeurs qu’elle incarne : la solidarité avec le peuple et le courage, en menant de rudes batailles, par exemple contre les banques et contre l’Église, sur la question du mariage homosexuel. »
Propos recueillis par Alexandre Duyck – Le Journal Du Dimanche
dimanche 13 novembre 2011