La crise économique se pousruit sur son rythme endiablé : comme dirait Brel, à trois temps, à quatre temps, à mille temps. Surtout, les gouvernements valsent. Petit retour sur ce couple économique et politique... et ses aspects géopolitiques
Et Paris qui bat la mesure Paris, qui mesure notre émoi ...
1/ On ne parlera pas du niveau macro (gouvernance européenne) déjà abordé à de nombreuses reprises dans égéa. Pour regarder ce qui se passe à l'intérieur des Etats. Et constater que la règle "sortez les sortants" est unanime, sauf peut-être en Norvège, à cause de l'attentat de cet été. Sinon, quelle que soit la couleur politique, les gouvernements tombent :
- en Islande, (voir originalité historique)
- En Irlande, avec un gouvernement de coalition entre centre droit et labour (voir Irlande, UE et souveraineté).
- en Grande Bretagne, où le Labour a laissé la place à D. Cameron.
- Au Portugal, Passos Coelho (PSD, droite), vainqueur des législatives du 5 juin 2011, remplace José Sócrates (PS).
- en Grèce, deux fois, puisque les libéraux ont laissé la place il y a deux ans à Papandréou, qui a lui-même laissé la place à un "technicien.
- En Italie où Berlusconi a finalement démissionné.
- En Espagne où Zapaterro ne se représente pas et où l'opposition de droite voit un succès annoncé avec plus de vingt points d'avance.
2/ Voici donc revenu la grande question de qui mène qui : la politique prend-elle le pas sur l'économie, ou l'inverse ? question traditionnelle de l'ordre de l’œuf et de la poule, même si en France on adore répondre que la politique doit prévaloir. Oui, mais derrière le réalisme des libéraux (qui affichent la "perfection des marchés") point une demande de politique. Une sorte d'hommage du vice (l'économie) à la vertu (le politique).
3/ Ces mouvements doivent aussi s'apprécier du point de vue géopolitique. On constate certes des raidissements nationalistes, déjà signalés à plusieurs reprises dans égéa. Mais on observe aussi des recentrages nationaux. Comme si les riches étaient moins riches, et n'avaient finalement plus tant que ça intérêt à soutenir l'indépendance.
- certes, le parti indépendantiste écossais a gagné des voix aux dépens du Labour, et vient de demander un référendum sur l'indépendance (avec autant de chances de succès que le référendum des ultra-tories sur la sortie de l'UE : quasi nada)
- pourtant, on voit que la Lega norde a perdu des voix aux dernières élections, et n'a pu empêcher la défaite de Berlusconi : elle va donc passer dans l'opposition, et le fédéralisme qu'elle soutient n'avancera plus.
- les conservateurs espagnols ont même l'espoir de regagner des voix en Catalogne. Surtout, le PS qui était extrêmement dépendant de tous les partis autonomistes n'aura plus à céder à leurs demandes.
4/ Le plus flagrant, même s'il est rarement observé, réside dans la résolution du cas belge : devant la menace de la crise, et profitant de ce que l'attention internationale regarde ailleurs, les politiques belges se sont aperçus qu'il était temps de clore leur comédie : du coup, un gouvernement de coalition point à l'horizon, avec même un premier ministre francophone : et on observe même des réflexes idéologiques trans-régionaux se réorganiser, couvrant la simple division linguistique.
Ainsi, les conséquences politiques de la crise sont dès à présent très importants. Et derrière la démarche vers une gouvernance européenne, on remarque simultanément une recentration des États.
O. Kempf